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Le pape François visite l'Albanie: une périphérie de l'Europe

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«  (…) Le régime stalinien albanais, qui n’est tombé qu’en 1992, avait interdit toute pratique religieuse, détruisant les lieux de culte ou les transformant en hangars, tandis que les prêtres pouvaient être exécutés ou envoyés au bagne pour avoir célébré clandestinement un baptême.

A la sortie de Koplik, un grand centre paroissial est géré par des sœurs albanaises venues de Calabre et des Pouilles. Elles sont issues de la communauté arbëresh, ces Albanais qui ont fui la conquête turque des Balkans, au XVe siècle, et se sont installés en Italie du Sud. "Nous avons conservé la tradition chrétienne de notre peuple", explique sœur Maria, installée en Albanie depuis 1998. Le centre gère toujours l’aide humanitaire fournie par la Caritas italienne.

Décimé par la répression, le catholicisme albanais s’est reconstruit avec l’aide de la puissante Eglise italienne. Aujourd’hui encore, trois des cinq évêques d’Albanie sont italiens, dont l’archevêque de Shkodër, Mgr Angelo Massafra. Des prêtres et des sœurs sont également venus du Kosovo.

L’albanisation de l’Eglise est cependant en cours, et le pays comptait 53 séminaristes en 2013. Dans la ville de Shkodër, les églises jouxtent les mosquées, également reconstruites depuis 20 ans. Tandis que les montagnes du Nord sont le bastion du catholicisme albanais, la population urbaine est majoritairement musulmane.

L’image de mère Teresa

Depuis quelques années, une statue de mère Teresa, née dans une famille catholique albanaise de Skopje, se dresse sur une place centrale de la ville. Son érection, en 2006, avait suscité de vives polémiques, le mufti de la ville parlant d’une "provocation" à l’égard des habitants musulmans.

Mère Teresa est pourtant devenue une icône du nationalisme albanais - et même l’aéroport de Tirana porte son nom. Farouchement athée, le journaliste et essayiste Fatos Lubonja, ancien prisonnier politique de la dictature stalinienne, évoque une "instrumentalisation" de cette figure pour "tenter de prouver l’identité européenne de l’Albanie, identité associée au christianisme et plus particulièrement au catholicisme" .

Le sociologue Enis Sulstarova va encore plus loin en dénonçant les diatribes anti-turques et anti-musulmanes dans lesquelles se complaît l’écrivain Ismail Kadare comme "une tentative de réécrire l’histoire de l’Albanie, de créer une identité artificielle, en effaçant les siècles de présence ottomane, comme une simple parenthèse de l’histoire" .

Alors que l’Albanie a obtenu en juin dernier le statut de pays candidat à l’intégration européenne, le Premier ministre Edi Rama entend bien utiliser cette visite comme une confirmation du message qu’il martèle depuis des mois à ses interlocuteurs européens : si la majorité des Albanais sont de confession musulmane, l’Albanie n’est pas un pays musulman, mais laïc.

Malgré ces polémiques, toutes les communautés religieuses seront au rendez-vous de la visite pontificale, et François ne devrait pas manquer de saluer l’exemple de cohabitation interreligieuse que représente l’Albanie. Selon le recensement de 2011, 10 % des trois millions d’habitants de l’Albanie se déclarent catholiques, 7 % se déclarent orthodoxes, principalement dans le sud du pays, et 60 % musulmans - le reste des personnes interrogées n’ayant pas voulu déclarer d’appartenance religieuse. Dans des Balkans où identité nationale et appartenance confessionnelle sont toujours trop souvent liées, le monde albanais fait exception.

Ici : Le Pape François en Albanie, sa 1re visite en Europe (La Libre, 21/9/2014)

 JPSC

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