Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Bruxelles : Homélie de Noël de Monseigneur Léonard

    IMPRIMER

    Peut-être le dernier Noël de Mgr Léonard comme archevêque de Malines-Bruxelles : la cathédrale des saints Michel et Gudule était archi-comble. Voici son message :

    « Il se passe toujours d’étonnantes merveilles la nuit et le jour de Noël. En lisant les chroniques de la Grande Guerre, j’ai lu, comme vous, comment, un soir de Noël, par-dessus les tranchées qui les séparaient, des combattants anglais et allemands ont alterné des chants de Noël et en sont venus à fraterniser entre eux. Car, ce soir-là, ils n’étaient plus des belligérants, mais des frères en humanité et, souvent, dans la même foi chrétienne. Le lendemain, hélas, les « ordres » reçus d’en-haut leur imposaient à nouveau de se tirer dessus au nom d’intérêts dits supérieurs. 

    Mais, pour quelques heures, ce fut un moment d’intense humanité au milieu d’un océan de barbarie collective. Pour un instant s’était vérifiée la prophétie d’Isaïe entendue à la messe de minuit : « Toutes les chaussures des soldats qui piétinaient bruyamment le sol, tous leurs manteaux couverts de sang, les voilà brûlés : le feu les a dévorés ! » (Is 9, 4).  Et cela simplement parce que « Oui ! Un enfant nous est né, un fils nous été donné ! » (Is9, 5). Tout nouveau-né soutire de ses parents des merveilles de générosité et de tendresse. Ah ! Les trésors d’amour et de patience qu’un nourrisson peut susciter même au milieu des bombes et de la violence !

     Il en va de même quand l’amour de Dieu fait homme est déposé dans une mangeoire pour animaux dans la nuit du premier Noël. Que de cœurs s’attendrissent devant une crèche ! Certes, beaucoup fêtent « Noël », c’est-à-dire la « naissance » de Jésus, sans même lui souhaiter « bon anniversaire » et sans même penser à le rejoindre dans l’Eucharistie et la communion, alors que, dans sa « mangeoire », l’Enfant-Jésus leur dit déjà, sans paroles : « Prenez et mangez, ceci est mon corps qui est livré pour toi ».

    Mais beaucoup se laissent attirer. Mes confrères et moi avons été impressionnés de constater qu’en plein milieu des « plaisirs d’hiver » (Winterpret) à Bruxelles, des milliers de personnes entrent dans l’église Sainte-Catherine sur le Vismet, pour regarder, visiter, mais aussi allumer un cierge, prier un instant devant le Saint-Sacrement, et même se confesser. Et cela se passe en bien d’autres lieux encore.

    Oui ! Ce n’est pas pour rien qu’en ce jour « la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes » (Tite 2, 11). Quand le Verbe éternel de Dieu se fait chair dans le temps et vient habiter parmi nous, plein de grâce et de vérité (cf. Jn 1, 14), cela touche le cœur humain et suscite des sursauts d’amour et d’oubli de soi. Je pense aux équipes qui, en ce jour, sillonnent les rues des grandes villes pour y offrir accueil, chaleur et douceurs de Noël aux personnes sans abri.  Je pense à la détenue qui, lors de mon premier Noël en prison, à Namur, m’a confié : « Moi aussi, je suis née à nouveau, en prison. Je suis entrée ici en odieuse criminelle. Mais, grâce à des visiteurs de prison, j’ai rencontré Jésus. Et, même si je dois demeurer enfermée ici jusqu’à la fin de ma vie – et je le mérite – je suis désormais une femme libre. Jésus m’a permis de renaître en prison ». Je garde aussi le souvenir ému d’un Noël à la prison d’Ittre. Au moment de la prière universelle, un détenu s’est exprimé ainsi : « Je devrais être heureux aujourd’hui. C’est le soir de Noël et demain je verrai ma famille. Mais je ne peux pas être pleinement heureux. Je pense aux gens qui, à Bruxelles, vont dormir dans la rue, sur un carton, dans le froid. Moi, je loge dans une cellule chauffée et je dispose d’un lit. Seigneur, je te prie de veiller sur eux ». Quelle splendide prière de Noël !

    Et, à titre tout à fait personnel, je te remercie, Jésus, pour ce jour de Noël 1946. J’avais 6 ans et demi. Ce fut ma toute première communion. Après la messe, au pied de la crèche, tu as obtenu de moi ce mot d’enfant, devenu ensuite l’idéal et la réalité de toute ma vie d’homme : « Jésus, pour toi je serai prêtre ! ». Merci, Seigneur, pour tout ce que tu obtiens de notre cœur à chacun. De mes frères détenus. Et même de moi, aussi. Surtout en ce jour de Noël !

    + ANDRÉ-JOSEPH LÉONARD,

    archevêque de Malines-Bruxelles

    25.12.2014 » 

    JPSC

  • Quand un pape « doctrinal » nous racontait Noël…

    IMPRIMER

    retable-0008a-H-arch (1).jpeg« François (1) voulut qu'un bœuf et un âne soient présents dans la grotte de Greccio (*) dans la nuit de Noël. Il avait dit à Jean, le noble: «Je voudrais réveiller en pleine réalité le souvenir de l'enfant tel qu'il est né à Bethléem, et toutes les difficultés qu'il eut à endurer dans son enfance. Je souhaite voir de mes yeux corporels ce que c'est de coucher dans une mangeoire et de dormir sur le foin, entre un bœuf et un âne».  Depuis lors, le boeuf et l'âne ont eu leur place dans toutes les crèches - mais d'où proviennent-ils réellement? Il est bien connu que les récits de Noël du Nouveau Testament ne les mentionnent pas. Lorsque nous étudions cette question, nous découvrons un facteur important dans toutes les coutumes de Noël et, en fait, dans toute la piété de Noël et de Pâques de l'Eglise, à la fois dans la liturgie et dans les coutumes populaires.  

    Le boeuf et l'âne ne sont pas simplement des produits de l'imagination pieuse: la foi de l'Église dans l'unité de l'Ancien et du Nouveau Testament, leur a donné leur rôle comme un accompagnement de l'événement de Noël. Nous lisons dans Isaïe: «Le bœuf connaît son propriétaire, et l'âne la maison de son maître, mais Israël ne la connaît pas, mon peuple ne comprend pas» (1:3). 

    Les Pères de l'Eglise ont vu dans ces paroles une prophétie qui anticipait le nouveau peuple de Dieu, l'Église composée de Juifs et de païens. Devant Dieu, tous les hommes, Juifs et Gentils, étaient, comme le bœuf et l'âne, sans raison ni connaissance. Mais l'enfant dans la crèche a ouvert leurs yeux afin qu'ils reconnaissent maintenant la voix de leur Maître, la voix de leur Seigneur. 

    Il est frappant de constater dans les images médiévales de Noël combien les artistes donnent aux deux animaux des visages presque humains et comment ils se tiennent devant le mystère de l'enfant et se prosternent dans la conscience et la révérence. Mais après tout, ce n'était que logique, puisque les deux animaux ont été considérés comme le symbole prophétique du mystère de l'Église - de notre propre mystère, puisque nous ne sommes que des bœufs et des ânes vis-à-vis du Dieu éternel, des bœufs et des ânes dont les yeux sont ouverts le soir de Noël, afin qu'ils puissent reconnaître leur Seigneur dans la crèche.

    Lire la suite

  • Berceuse de la Mère de Dieu (Marie Noël)

    IMPRIMER

    Berceuse de la Mère-Dieu

    Mon Dieu, qui dormez, faible entre mes bras,
    Mon enfant tout chaud sur mon coeur qui bat,
    J'adore en mes mains et berce étonnée,
    La merveille, ô Dieu, que m'avez donnée.

    De fils, ô mon Dieu, je n'en avais pas.
    Vierge que je suis, en cet humble état,
    Quelle joie en fleur de moi serait née ?
    Mais vous, Tout-Puissant, me l'avez donnée.

    Que rendrais-je à vous, moi sur qui tomba
    Votre grâce ? ô Dieu, je souris tout bas
    Car j'avais aussi, petite et bornée, 
    J'avais une grâce et vous l'ai donnée.

    De bouche, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas
    Pour parler aux gens perdus d'ici-bas...
    Ta bouche de lait vers mon sein tournée, 
    O mon fils, c'est moi qui te l'ai donnée.

    De main, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas
    Pour guérir du doigt leurs pauvres corps las...
    Ta main, bouton clos, rose encore gênée,
    O mon fils, c'est moi qui te l'ai donnée.

    De chair, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas
    Pour rompre avec eux le pain du repas...
    Ta chair au printemps de moi façonnée,
    O mon fils, c'est moi qui te l'ai donnée.

    De mort, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas
    Pour sauver le monde... O douleur ! là-bas,
    Ta mort d'homme, un soir, noir, abandonnée,
    Mon petit, c'est moi qui te l'ai donnée.


    Marie-Noël

  • Noël : l'homélie du pape

    IMPRIMER

    Homélie du pape François

    « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi » (Is 9,1). « L’ange du Seigneur se présenta devant eux [les pasteurs] et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière » (Lc 2,9). C’est ainsi que la liturgie de cette sainte nuit de Noël nous présente la naissance du Sauveur : comme une lumière qui pénètre et dissout l’obscurité la plus dense. La présence du Seigneur au milieu de son peuple efface le poids de la défaite et la tristesse de l’esclavage, et instaure la joie et l’allégresse.

    Nous aussi, en cette nuit sainte, nous sommes venus dans la maison de Dieu en traversant les ténèbres qui enveloppent la terre, mais guidés par la flamme de la foi qui éclaire nos pas et animés par l’espérance de trouver la ‘‘grande lumière’’. En ouvrant notre cœur, nous avons, nous aussi, la possibilité de contempler le miracle de cet enfant-soleil qui éclaircit l’horizon en surgissant d’en-haut.

    L’origine des ténèbres qui enveloppent le monde se perd dans la nuit des temps. Repensons au moment obscur où a été commis le premier crime de l’humanité, quand la main de Caïn, aveuglé par la jalousie, a frappé à mort son frère Abel (cf. Gn 4, 8). Ainsi, le cours des siècles a été marqué par des violences, des guerres, la haine et des abus. Mais Dieu, qui avait placé ses propres attentes en l’homme fait à son image et à sa ressemblance, attendait. Il a attendu tellement longtemps que peut-être à un certain moment il aurait dû renoncer. Mais il ne pouvait renoncer, il ne pouvait pas se renier lui-même (cf. 2 Tm 2, 13). C’est pourquoi, il a continué à attendre avec patience face à la corruption des hommes et des peuples. La patience de Dieu: comme il est difficile de comprendre cela, la patience de Dieu vis-à-vis nous!

    Au long du chemin de l’histoire, la lumière qui perce l’obscurité nous révèle que Dieu est Père et que sa patiente fidélité est plus forte que les ténèbres et la corruption. C’est en cela que consiste l’annonce de la nuit de Noël. Dieu ne connaît pas d’accès de colère et l’impatience ; il est toujours là, comme le père de la parabole du fils prodigue, dans l’attente d’entrevoir de loin le retour du fils perdu.

    La prophétie d’Isaïe annonce l’apparition d’une immense lumière qui perce l’obscurité. Elle naît à Bethléem et elle est accueillie par les tendres mains de Marie, par l’affection de Joseph, par l’étonnement des bergers. Quand les anges ont annoncé aux bergers la naissance du Rédempteur, ils l’ont fait avec ces paroles : ‘‘Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 12). Le ‘‘signe’’ c’est justement l’humilité de Dieu porté à l’extrême ; c’est l’amour avec lequel, cette nuit, il a assumé notre fragilité, notre souffrance, nos angoisses, nos désirs et nos limites. Le message que tous attendaient, le message que tous cherchaient dans la profondeur de leur âme, n’était autre que la tendresse de Dieu : Dieu qui nous regarde avec des yeux pleins d’affection, qui accepte notre misère, Dieu amoureux de notre petitesse.

    En cette sainte nuit, tandis que nous contemplons l’Enfant Jésus qui vient de naître et d’être déposé dans une mangeoire, nous sommes invités à réfléchir. Comment accueillons-nous la tendresse de Dieu ? Est-ce que je me laisse rejoindre par lui, est-ce que je me laisse embrasser, ou bien est-ce que je l’empêche de s’approcher ? ‘‘Mais je cherche le Seigneur’’ – pourrions-nous rétorquer. Toutefois, la chose la plus importante n’est pas de le chercher, mais plutôt de faire en sorte que ce soit lui qui me trouve et qui me caresse avec amour. Voici la question que nous pose l’Enfant par sa seule présence : est-ce que je permets à Dieu de m’aimer ? 

    Et encore : avons-nous le courage d’accueillir avec tendresse les situations difficiles et les problèmes de celui qui est à côté de nous, ou bien préférons-nous les solutions impersonnelles, peut-être efficaces mais dépourvues de la chaleur de l’Évangile ? Combien le monde a besoin de tendresse aujourd’hui ! Patience de Dieu, proximité de Dieu, tendresse de Dieu.

    La réponse du chrétien ne peut être différente de celle que Dieu donne à notre petitesse. La vie doit être affrontée avec bonté, avec mansuétude. Quand nous nous rendons compte que Dieu est amoureux de notre petitesse, que lui-même se fait petit pour mieux nous rencontrer, nous ne pouvons pas ne pas lui ouvrir notre cœur et le supplier : ‘‘Seigneur, aide-moi à être comme toi, donne-moi la grâce de la tendresse dans les circonstances les plus dures de la vie, donne-moi la grâce de la proximité face à toute nécessité, de la douceur dans n’importe quel conflit’’.

    Chers frères et sœurs, en cette nuit sainte, contemplons la crèche : là, ‘‘le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière’’ (Is 9, 1). Les gens simples, disposés à accueillir le don de Dieu, l’ont vue. Au contraire, les arrogants, les orgueilleux, ceux qui établissent les lois selon leurs propres critères personnels, ceux qui assument des attitudes de fermeture, ne l’ont pas vue. Regardons la crèche et prions, en demandant à la Vierge Mère : ‘‘ Ô Marie, montre-nous Jésus’’. 

    © Librairie éditrice du Vatican