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Les cinquante ans de la réforme liturgique

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Paolo-VI-Ognissanti.jpgLu sur Riposte Catholique :

En ce jour anniversaire, l’abbé Claude Barthe nous a adressé un article très intéressant sur le début de la réforme liturgique et sur le début, aussi, de la contestation de cette réforme…

Ce 7 mars 2015, à 18 h, le Pape François a célébré une messe dans l’église de Tous les Saints, sur la via Appia Nuova, à Rome, en souvenir de celle qu’avait célébrée en la même église, Paul VI, le 7 mars 1965.

Le Concile n’était pas encore achevé, mais la réforme liturgique qu’il avait décidée était lancée. Le 25 janvier 1964, PaulVI avait institué un Consilium, une Commission pour l’Application de la constitution sur la liturgie, d’une ampleur démesurée : 250 experts, sans compter les cardinaux et les évêques. À partir de la session d’octobre 1966, cinq, puis six observateurs protestants assistèrent aux assemblées de ce Consilium. Paul VI lui avait donné pour président le très progressiste cardinal Giacomo Lercaro, archevêque de Bologne. Le secrétaire en était le lazariste Annibale Bugnini.

Dès lors, de 1964 à 1968, se déroula une première période de réforme, période de transition, comme le notait un article de Riposte catholique, qui sera suivie, à partir de la publication de trois nouvelles prières eucharistiques et de huit nouvelles préfaces, le 23 mai 1968, de la phase de promulgation définitive de la nouvelle liturgie conciliaire. Cette deuxième période durera jusqu’en 1984, date de l’édition typique du nouveau Cérémonial des évêques.

De 1964 à 1968 le Concilium édicta d’incessantes modifications, avec le relais des conférences épiscopales, donnant l’habitude de transformations permanentes. Les fidèles notaient surtout que la messe était désormais, la plupart du temps, face au peuple et que le latin avait disparu, « comme chez les protestants ».

Il faut d’ailleurs remarquer que les premiers changements (spécialement la concélébration) avaient été expérimentés dans l’aula conciliaire, les liturgies célébrées chaque matin à Saint-Pierre de Rome devenant un laboratoire de modernisation pour les évêques et pour l’Église entière.

Entre autres changements :

  • nouvelle formule pour donner la communion (reçue de plus en plus généralement debout) ;
  • première refonte des rubriques (26 septembre 1964) : le psaume Judica me des prières au bas de l’autel est supprimé, le Pater peut être lu ou chanté par fidèles, le dernier évangile est supprimé, la messe solennelle est possible avec un diacre, le per ipsum est dit à haute voix, la célébration face au peuple devient pratiquement la norme pour les messes publiques ;
  • promulgation d’un rite de de la concélébration (qui implique le canon à haute voix) et de la communion sous les deux espèces (7 mars 1965) ;
  • messe dominicale anticipée du samedi soir ;
  • emploi de langue vulgaire élargi à toute la messe, puis à l’Office divin, etc.

À « la droite du pape », les protestations s’amplifiaient, notamment à cause de l’abandon de la langue sacrée. Il faut dire que l’introduction de la langue vulgaire dans la messe avait cristallisé, dès la préparation du Concile et au cours de Vatican II, une première vague d’opposition à la réforme d’une très grande vigueur. Paul VI décida de donner de sa personne, et vint donc célébrer dans l’église de Tous les Saints le premier dimanche de Carême. Un autel, comme cela se faisait un peu partout à l’époque, avait été placé hors du sanctuaire, sur un bâti de bois. Le pape célébrait une messe lue, face au peuple.

C’est alors que se produisit la première manifestation d’opposition à la réforme liturgique. Elle fut reçue par le Pape en pleine face. Paul VI écartant les mains : Il Signore sia con voi. Au milieu de la foule, retentit la voix grave et puissante de Tito Casini, un romancier très connu en Italie : Et cum spiritu tuo. Troubles dans l’assistance, dont une partie se mit à suivre cet “animateur” inséré dans la foule. La manifestation se poursuivit ainsi durant toute la messe : In alto i nostri cuori, disait le Pape ; Habemus ad Dominum, tonnait Casini. On était en Italie, et il s’agissait du Pape !

Comme un mémorial de l’événement constitué par cette « messe de Paul VI », un livre de Tito Casini deviendra le premier manifeste de résistance, jusqu’à la parution, deux ans plus tard, du Bref examen critique du Nouvel Ordo Missae, signé par les cardinaux Ottaviani et Bacci, et présenté au Pape le 21 octobre 1969. Le livre de Casini, paru à Florence en 1967, s’intitulait : La tunica stracciata, allusion à la Tunique sans couture du Christ, livre que Les Nouvelles Editions latines publièrent en France un an plus tard, avec une préface du cardinal Bacci : La tunique déchirée.

Commentaires

  • Pour embrayer sur l’anecdote que cite l’abbé Barthe, je me souviens de protestations du même genre dans ma paroisse de la banlieue résidentielle de Liège : le prêtre lançait ses monitions liturgiques en français et des gens répondaient à haute et distincte voix en latin, au point que l’officiant crut bon de monter en chaire (elle n’était pas encore détruite) pour brandir cet argument propre à effrayer les bourgeois : si vous n’acceptez pas notre ouverture à la modernité, c’est le communisme qui l’emportera ( bref, "les russes arrivent": nous étions encore à la fin soixante).
    La réforme de Paul VI a été imposée de manière maladroite, autoritaire et toujours plus radicale, tant et si bien que, de nos jours, c’est l’esprit même de toute liturgie qui, avec la foi qu’il suppose, a largement disparu dans bon nombre de lieux de culte de nos pays.

  • Vous avez évidemment le droit d'exprimer ce que vous souhaitez à propos de la réforme liturgique ! Je n'ai pas du tout ni le même point de vue ni la même expérience paroissiale .. Ni au sein de la plupart des abbayes et maisons religieuses.

    Pour beaucoup ce fut au contraire un fameux "bol d'oxygène" qui arrivait !

    Par ex.: je ne médirai pas du chapelet ! Il a sa place, mais pas au cours des eucharisties.
    Or, avant la "'réforme" faisant suite à Vatican II, pas mal de paroissiens et surtout paroissiennes, récitaient le chapelet au cours de la "messe" car de toute manière ceux-ci (celles-ci) ne comprenaient rien à ce qui se passait à l'autel !

  • La réforme n'a pas été imposée de manière maladroite et autoritaire. Quelle que soit la manière dont on l'ai proposée, il y aurait toujours des gens qui ne l'auraient pas acceptée, attachant plus d'importance à la forme qu'au fond

  • @ Gabriel
    Eh bien, si ce n’est qu’une question de forme, pourquoi faire tant d’histoires : qu’on laisse coexister tranquillement les rites en toute liberté et qu’on n’en parle plus.

  • Quand les conciles ont fait des réformes, ils n'ont pas laissé subsister ce qui existait avant. La nostalgie serait-elle une vertu ?

  • @ Delen
    Allons, vous caricaturez : les gens suivaient, en général, très bien la messe, dont ils comprenaient le sens beaucoup plus correctement, je crois, qu’aujourd’hui. Le latin n’avait pas que des inconvénients (que de chefs d'oeuvre mélodiques lui sont liés) et les fidèles pour lesquels existait un obstacle linguistique (relatif) pouvaient suivre la traduction dans d’excellents missels bilingues (Feder, Dom Lefèbvre : vous devez avoir connu cela). Ma conviction est qu'en réalité la connaissance et l’esprit même de la liturgie ont fondamentalement régressé dans le peuple chrétien depuis la réforme de Paul VI. Alors, quand j’entends le pape François dire qu’ "on ne reviendra pas en arrière", j'ai envie de lui répondre que c'est déjà fait.

  • Ce qui se passait à l'autel? Le renouvellement du sacrifice de Notre Seigneur Jésus Christ pardi, Sa présence réelle sous la forme du pain et du vin. On soignait la liturgie depuis autant de siècle parce qu'elle a été instituée par Dieu lui-même et qu'on se reconnaissait infime en comparaison à la grandeur de Son sacrifice pour l'humanité. Surtout on aurait jamais laissé les gnostiques, ariens ou autres cathares imposer leurs rites (certaines de ces sectes se dénudaient complètement pour leurs "célébrations", ça c'est de l'ouverture d'esprit....), encore moins les apostats Luther, Calvin ou Zwingle nous imposer leur grande bouffe, sorte de dîner d'adieu (entre potes pour ne pas paraitre ringard ou ringardos' si vous préférez). D'ailleurs, pour l'anecdote, je suis allé dans ma paroisse pour des communions lors de l'Ascension; et aux jeunes communiants, le "prêtre", lors de son homélie à comparer la Communion eucharistique à la Coupe du Monde de football dans son salon entre potes, avec une ola (si,si) comme au stade pour illustrer le tout. Le Credo était remplacé par cette espèce de mièvrerie humaniste déjà abordée sur le blog et les gens discutaient comme au café du commerce. La Sainte Croix était couverte de dessins et invisible; Monsieur le Curé passait des images sur un écran géant. Franchement, je pense que nous atteignons là le plus haut degré de spiritualité jamais franchi. Les Pères du désert et autres Saint Curé d'Ars ou Saint-Thomas d'Aquin peuvent aller se rhabiller avec leurs bondieuseries depuis que nous avons la messe Coupe du Monde. Je vous signale qu'il y avait aussi un pauvre enfant baptisé ce jour! A-t-on le droit de se moquer ainsi du Saint-Sacrifice de la Messe?

  • Bonjour,
    Je pose cette question à qui peut et veut me répondre. Je veux juste savoir les raisons qui ont poussé le Pape Paul VI à célébrer cette première messe dans l'église de Tous les Saint à Rome et non pas ailleurs? Est-ce que cette église à derrière elle une histoire particulière? Merci beaucoup

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