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"Divorcés-remariés" : la voie de l’ordo paenitentium

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Lu sur le « Salon beige » :

6a00d83451619c69e201bb081b1451970d-320wi.jpg« Le frère Thomas Michelet est dominicain, licencié en théologie. Il était à la Sainte-Baume, le sanctuaire de sainte Marie-Madeleine, et il est à Fribourg depuis septembre pour une thèse de doctorat en théologie. Dans la revue Nova et vetera, il publie un long et très intéressant article sur la question fort débattue des fidèles divorcés, remariés civilement. L'intégralité de cet article est à lire, car il répond aux objections, questions, propositions que certains posent. En voici un court extrait :

"[...] La vraie difficulté n’est pas la communion eucharistique mais l’absolution, qui suppose le renoncement à son péché. C’est ce qui explique l’impossibilité d’admettre à l’eucharistie pas seulement les divorcés remariés mais « ceux qui persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste » (CIC, can. 915), appelés autrefois « pécheurs publics ». On gagnerait à le rappeler, sans doute en des termes moins abrupts, afin que les divorcés remariés ne se croient plus les seuls concernés par ce qui n’est d’ailleurs pas une mesure disciplinaire de l’Église, mais une impossibilité qui s’impose d’abord à elle. Et donc, notre réponse pastorale ne devrait pas non plus se focaliser sur leur seul cas — avec le risque de les enfermer dans une catégorie de péché, sans voir qu’ils sont avant tout des baptisés en quête de Dieu —, mais elle devrait être pensée plus largement pour tous ceux qui se trouvent dans la même situation, et que l’on pourrait appeler faute de mieux des « impénitents » ou des « non-sacramentalisables ».

Si l’on ne peut pas leur donner le sacrement de la pénitence, cela tient autant à l’obstacle qui se trouve en eux qu’aux conditions actuelles du sacrement, lequel suppose pour y entrer que la personne soit prête à recevoir l’absolution et à poser les trois actes du pénitent : le repentir (contrition), l’aveu de son péché (confession) et sa réparation (satisfaction), avec le ferme propos de s’en détacher si ce n’est déjà fait, de ne plus recommencer et de faire pénitence. Ces éléments sont intangibles en eux-mêmes, faisant l’objet de définitions conciliaires, mais l’ordre dans lequel ils interviennent ne l’est pas, puisque ce n’est qu’autour de l’an 1000 que la pénitence a suivi habituellement l’absolution comme un effet du sacrement en vue de la réparation, alors qu’elle en était la condition préalable dans la pénitence antique, certes au titre de peine réparatrice mais aussi en tant que disposition à la contrition. De même la forme ordinaire du sacrement est devenue si l’on peut dire « instantanée », rassemblant tous ces éléments dans un acte rituel unique et bref, tandis que la pénitence antique s’étalait sur de nombreuses années et en plusieurs étapes liturgiques, depuis l’entrée dans l’ordre des pénitents jusqu’à la réconciliation finale. Or c’est exactement le cas de figure des divorcés remariés, et plus généralement de tous ceux qui peinent à se détacher complètement de leur péché, qui ont besoin pour cela d’un cheminement sur le temps long. Dans sa forme actuelle, le sacrement de la pénitence ne peut plus intégrer cette dimension temporelle et progressive, alors que c’était le propre de la pénitence antique, qui se pratiquait d’ailleurs encore au Moyen Âge et qui n’a jamais été supprimée. Sur ces deux points, le régime de la pénitence serait donc susceptible de s’enrichir de nouveau, et il serait bon qu’il le fasse car c’est là un vrai manque, en intégrant à côté des trois formes sacramentelles déjà prévues dans le rituel en vigueur, une autre forme « extraordinaire », à la fois nouvelle et profondément traditionnelle. L’histoire encore récente montre que pour engager une telle réforme, un simple motu proprio paraît suffire ; mais il serait sans doute opportun d’y consacrer d’abord une assemblée du synode des évêques, de même que le synode de 1980 sur la famille avait été suivi par celui de 1983 sur la pénitence. [...]"

L'intégralité de l’article est accessible en ligne, ce qui est une faveur exceptionnelle de l’éditeur. »

JPSC

Commentaires

  • Enfin quelqu'un qui donne la véritable raison de la pratique de l’Église. Enfin, après des mois de discussions inutiles, le juste rappel qui aurait dû être formulé depuis le début.
    La plupart des autres arguments évoqués dans un sens et étaient dénués de tout fondement sérieux parce qu'ils faisaient l'impasse sur ce point central qui est la véritable raison de l'attitude constante et inchangée de l’Église sur cette question à travers toute son histoire, et la véritable raison pour laquelle cette attitude est irréformable pour des motifs doctrinaux, donc qui tiennent à la foi et non à la discipline. Et également la raison ("une impossibilité qui s'impose d'abord à elle") pour laquelle cette pratique constante de l’Église depuis les origines n'entre pas en contradiction avec sa miséricorde, mais est l'expression même de sa miséricorde, pour que le pécheur soit sauvé et qu'il ne mange pas sa propre condamnation.

  • La raison de la pratique de l'Eglise est exposée depuis un an dans le livre des "cinq cardinaux": "Demeurer dans la vérité du Christ" (Artège).
    Elle est exposée depuis des décennies dans différents documents de Saint Jean-Paul II et du Cardinal /Pape Ratzinger.
    Tous les catholiques peuvent s'informer, s'ils le veulent,au lieu de répéter sans cesse les mêmes revendications d'une légèreté confondante.

  • En effet, le même rappel est fait dans le livre "Demeurer dans la vérité du Christ", mais le livre coûte 19 euros, et il semble que le paragraphe où le Cardinal De Paolis fait cet indispensable rappel n'a pas encore été publié sur internet.

    C'est pour cela que le premier commentaire parle de "la plupart" des arguments avancés qui sont insuffisants, et pas tous.

    Il y a d'ailleurs une erreur de frappe dans ce commentaire. C'est : "La plupart des autres arguments évoqués dans un sens et *dans l'autre* étaient dénués de tout fondement sérieux".
    Il faut donc ajouter *dans l'autre*.

    Il y a sans doute d'autres publications qui font le même rappel, mais leur nombre est malheureusement trop réduit par rapport à celles, très nombreuses, y compris sur internet, qui depuis le début du débat relancé par le cardinal Kasper argumentent "pour" ou "contre" un changement de la pratique de l’Église, mais en faisant l'impasse sur le point central de la question, tel que rappelé ici: le lien entre communion, absolution, et conditions d'une absolution valide.
    Posent particulièrement problème les publications apparemment "conservatrices" (pour le maintien de la norme pratiquée par l’Église) qui parlent de maintenir la "discipline" actuelle (terme inexact ou ambigu), ou qui s'appuient exclusivement sur le problème d'une "contradiction dans les signes" sacramentels du mariage et de l'eucharistie. Car la "contradiction dans les signes" n'est pas la raison principale de la pratique de l’Église sur ce point.

    De plus, rares (ou inexistantes, à vérifier) sont les publications faites dans le cadre de ce débat depuis l'intervention du cardinal Kasper au consistoire de 2014, qui ont rappelé que l'impossibilité de recevoir l'absolution et donc de communier ne vise pas les "divorcés-remariés" en particulier, mais tous "ceux qui persistent dans un péché grave et manifeste", c'est-à-dire ceux qui refusent de regretter ce péché grave en y renonçant, la contrition étant une condition de validité ("matière" en théologie) de l'absolution.

    Enfin, concernant les explications données par le magistère, il est évident qu'elles sont abondantes et excellentes. C'est pourquoi il s'agissait bien de faire un *rappel* utile dans le cadre du débat sur les propositions du cardinal Kasper, et non une *trouvaille théologique*, est c'est bien d'un *rappel* que parle le premier commentaire ci-dessus.

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