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Qui est Rudolf Bultmann (1884-1976) ?

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La nomination annoncée de Mgr De Kesel comme archevêque de Malines-Bruxelles oriente naturellement notre curiosité vers l'oeuvre de Bultmann dont le nouvel archevêque est un spécialiste. De ce philosophe issu de la mouvance luthérienne, l’abbé Jean Carmignac -célèbre exégète qui eut son heure de gloire dans les années 1980- disait : 

« Rudolf Bultmann est un allemand, professeur à l'Université de Marbourg. C'est plus un philosophe qu'un exégète ; ami du philosophe Heidegger, c'est sous l'influence de celui-ci, en partie au moins, que Bultmann a bâti un système qui relève plus de l'histoire des religions que de l'exégèse. Bultmann compare les récits des évangiles aux récits populaires qui peuvent exister dans les différentes religions et mythologies ; il constate que pour à peu près chacun des récits évangéliques on peut trouver des passages parallèles dans la mythologie grecque, le Bouddhisme, etc. En recourant à la notion de genre littéraire (qui est une notion juste mais à utiliser avec discernement), il fait des rapprochements entre tel fragment des Evangiles et tel texte bouddhiste, hellénique... Il en arrive ainsi à atomiser le texte biblique. Il suppose que les évangiles sont la mise bout à bout de quantités de petits récits très courts inventés par les premières communautés chrétiennes pour exprimer ce qu'elles croyaient au sujet du Christ ; par exemple elles prêtent au Christ tel miracle pour dire qu'elles le croient d'origine divine, tout puissant, capable de rendre la vie... Bref, selon Bultmann, on mythologisait en écrivant les détails de la vie de Jésus, sous l'influence de la culture hellénique. Aussi, pense-t-il, il faut maintenant « démythologiser » les Evangiles si l'on veut obtenir la réalité historique. L'Evangile, selon lui, nous permet d'atteindre la foi des communautés chrétiennes (Jésus ressuscité, Fils de Dieu, né d'une Vierge, etc.) mais non la réalité historique. Mais pour Bultmann ce n'est pas un obstacle à la foi. Disciple du philosophe Heidegger, il prône une foi tout à fait « pure » et la foi est d'autant plus pure qu'elle ne dépend pas d'une connaissance historique. II est plus beau, plus religieux, de croire sans motif, sans preuve. C'est ce qu'il appelle la foi pure. Tout son travail, dans sa pensée, est un travail de purification de la foi. 

Quant à nous, nous disons : si Jésus n'a pas fait et dit réellement ce que nous rapportent fidèlement les Evangiles, comment pouvons-nous croire en Lui ? On rencontre ici la différence essentielle entre la foi protestante et la foi catholique. La foi des protestants est en réalité la confiance; la confiance que Dieu me sauvera et qu'il me sauve par Jésus-Christ. Cette notion de confiance peut, jusqu'à un certain point être détachée de la réalité historique. Pour les catholiques, la foi est d'abord adhésion de l'intelligence à des vérités révélées et cette adhésion n'est plus possible si les vérités révélées n'existent pas, si elles n'ont pas été révélées, si je ne puis les atteindre dans le contexte des faits historiques où elles ont été révélées. Le système de Bultmann est donc extrêmement dangereux. Malheureusement, il est vulgarisé en France et a influencé beaucoup de chrétiens. Les théories de Bultmann sont pour une part responsables de la crise que traverse l'Eglise actuellement. Ce qui a fait perdre la foi à certaines personnes c'est que Jésus n'est plus pour elles le Christ historique qui a vécu sur terre, qui était Fils de Dieu, vraiment homme comme nous, dont je connais les gestes et les paroles, mais un être idéalisé qu'on récupère sur le plan politico-social ou qu'on essaye d'envoyer dans les nuées... Or, ce qui frappe, c'est que toutes les théories de Bultmann ne reposent sur aucune preuve ; elles s'appuient sur l'argument de comparaison, de ressemblance entre tel récit chrétien et tel récit bouddhique, par exemple. Mais l'histoire des religions est si vaste qu'on peut toujours trouver des ressemblances entre récits provenant de religions différentes ; comparaison n'est pas raison. Il faudrait prouver qu'il y a influence directe de tel thème hellénique ou bouddhique sur le Nouveau Testament. Bultmann ne le fait pas […]. »

Extrait d’une interview donnée, en son temps, à la «« Revue des Oeuvres et des Missions marianistes » : le système de Bultmann…

JPSC

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