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Oraison dominicale : le Père ne soumet plus à la tentation

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« Ne nous soumets pas à la tentation » : cette traduction dite « œcuménique » de la  sixième demande du Pater « μ εσενέγκς μς ες πειρασμόν, » était en usage dans l’Eglise postconciliaire depuis 1966. Elle a été abandonnée dans la traduction officielle liturgique de la Bible en 2013  mais curieusement maintenue jusqu’ici dans le missel de la forme ordinaire (1970) du rite romain.

Il est intéressant de constater que, dans ce discours prononcé devant le clergé lors de son présent voyage au Mexique, le pape François y a renoncé au profit de formulations plus conformes aux usages antérieurs :

«  (…) C’est ce Père que nous prions avec insistance tous les jours. Et que lui disons-nous, entre autres invocations ? Ne nous laisse pas tomber en tentation. Jésus lui-même l’a fait. Il a prié pour que ses disciples – d’hier et d’aujourd’hui – nous ne tombions pas en tentation. Quelle peut être l’une des tentations qui peuvent nous assiéger ? Quelle peut être l’une des tentations qui provient non seulement de la contemplation de la réalité mais aussi du fait de la vivre ? Quelle tentation peut venir de milieux souvent dominés par la violence, la corruption, le trafic de drogue, le mépris de la dignité de la personne, l’indifférence face à la souffrance et à la précarité ? Quelle tentation pouvons-nous avoir sans cesse – nous qui sommes appelés à la vie consacrée, au sacerdoce, à l’épiscopat – quelle tentation pouvons-nous  avoir face à tout cela, face à cette réalité qui semble devenir un système inamovible ?

Je crois que nous pourrions la résumer en un seul mot : résignation. Et face à cette réalité, l’une des armes préférées du démon, la résignation, peut nous tenter. « Et que pouvons-nous y faire ? La vie est ainsi ». Une résignation qui nous paralyse et nous empêche non seulement de marcher, mais aussi de faire du chemin ; une résignation qui non seulement nous effraie, mais qui nous fait aussi nous retrancher dans nos ‘‘sacristies’’ et dans nos sécurités apparentes ; une résignation qui non seulement nous empêche d’annoncer, mais qui nous empêche aussi de louer, nous retire l’allégresse, la joie de louer. Une résignation qui non seulement nous empêche de prévoir, mais qui nous empêche aussi de prendre des risques et de transformer.

Par conséquent, Notre Père, ne nous laisse pas succomber à la tentation. (…) » 

Extrait de l’homélie aux prêtres, religieux, consacrés et séminaristes au stade « Venustiano Carranza »  à Morelia, Mexique, 16.02.2016).

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JPSC

Commentaires

  • A propos de cette 6e demande.

    Quand donc notre clergé - en l'occurrence parfaitement dans l'erreur - cessera-t-il d'imposer une formule absurde ?
    Mais plus urgent encore.
    Quand donc les fidèles auront-ils l'audace - parfaitement nécessaire - de désobéir sur ce point à ses ayatollah de village ?

  • Un petit coup d’œil sur les formules du « Notre Père » via le moteur de recherche « google » montre que la réforme « et ne nous laisse pas entrer en tentation » n’est nulle part mise en œuvre. Touche pas à mon œcuménisme (avec les protestants) ?

  • Dieu ne nous soumet jamais à la tentation. J'ai toujours été heurté, depuis mon enfance (j'ai eu 60 ans en 2015) par cette formule. De nombreuses études sur la traduction idéale de ce verset de l'Evangile en français (je ne parle donc pas des autres langues) ont été publiées depuis des décennies. Pour ce qui me concerne, je n'ai pas attendu la dernière proposition de l'Eglise Catholique pour adopter le "Notre Père" de nos frères orthodoxes (traduction, sur base de la Bible grecque = inspirée par l'Esprit Saint) du Père Placide Deseille, Archimandrite (Saint Monastère de Saint-Antoine-le-Grand dans le Vercors et Saint Monastère de Solan dans le Gard) : Notre Père, qui es aux cieux, que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour, Remets-nous nos dettes comme nous les remettons nous aussi à nos débiteurs, et ne nous laisse pas soumettre à la tentation, mais délivre-nous du Malin. Gloire au Père et au Fils et au Saint-Esprit, et maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen. J'affectionne tout particulièrement l'affirmation de l'existence du Malin (le Diviseur = Satan)... ce qui est quand même plus clair et plus précis que le mot "Mal"... La TOB ne m'a jamais enthousiasmé. Autre anomalie jamais remise en cause : le Notre Père en français est prié avec le tutoiement alors que le Je "vous" salue Marie l'est avec le vouvoiement. C'est peut-être de la sémantique mais derrière elle il y a aussi une dimension spirituelle et de Foi qu'il ne convient pas de négliger. Nos frères orthodoxes ne parlent jamais de "Notre-Dame" (terme issu du Moyen-Age occidental, respectueux peut-être mais ambigu) mais bien de la Très Sainte Mère de Dieu (Theotokos). Lorsqu'on prie, comme nous l'a appris Jésus-Christ lui-même, il importe d'aller en profondeur et les termes choisis ont leur importance.

  • Monsieur Van Cranenbroeck,
    Ou bien l'on est catholique, et on suit des traductions catholiques approuvées, ou bien on ne l'est pas; mais on ne prie pas avec des traductions approuvées hors de la Pierre que le Sauveur a établie comme fondement de son Église.
    En tant que grec catholique, je suis toujours choqué de lire des Occidentaux se tourner vers les groupes séparés de Rome, plutôt que vers les Catholiques des rites orientaux.

    Les traductions anciennes de France et de Belgique sont plus jolies, et le vouvoiement aussi; voici ma préférée:
    "Notre Père qui êtes aux cieux, que votre nom soit sanctifié; que votre règne arrive; que votre volonté soit faite sur la terre comme dans le Ciel. Donnez-nous aujourd'hui notre Pain de chaque jour; et pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés; et ne nous laissez point succomber à la tentation; mais délivrez-nous du mal. Ainsi soit-il."

    La traduction de Deseille "ne nous laisse pas soumettre à la tentation" n'est pas plus proche de l'original que le "ne nous induisez pas en tentation" du texte latin.

    De plus, vous faites erreur à propos du titre Notre Dame. D'abord, il n'est pas ambigu, puisque le contexte est assez clair; Dame est ici le féminin de Seigneur, et rien ne convient mieux à la Suzeraine des Anges.
    En disant que le rite grec n'utilise pas ce titre, vous faites pareillement erreur: à la Messe du rite byzantin, et à l'office divin, on dit toujours
    "Τῆς Παναγίας, ἀχράντου, ὑπερευλογημένης, ἐνδόξου, δεσποίνης ἡμῶν Θεοτόκου καὶ ἀειπαρθένου ΜΑΡΊΑΣ"
    c'est-à-dire
    "(faisant mémoire) de NOTRE DAME, la très sainte, immaculée, bénie par dessus tout, glorieuse Mère de DIEU et toujours Vierge MARIE".
    Le mot utilisé "Despina" (Despoina) est le féminin de Despotes (Seigneur, souverain).
    D'ailleurs, de même que le nom Notre-Dame est devenu prénom en italien (Madonna, Mona), il l'est devenu en grec (Despina, nom d'une de mes tantes) et en arabe (Saïdeh, nom d'une de mes grand-tantes, melkite).

    Pour tous:

    Je ne comprends pas pourquoi tout ce remue-ménage autour des mots "ne nous soumettez pas à la tentation". Il faut toujours faire l'interprétation bénigne (chercher le sens compatible avec la foi, quitte à trouver des ellipses ou des restrictions mentales); certainement, cette traduction est choquante pour la plupart des gens, et on ferait mieux de revenir aux traductions anciennes. Mais elle n'est ni calviniste ni janséniste. Elle utilise un ton biblique, c'est tout. Le texte gec original est aussi dangereux si on le comprend mal.
    En un sens, quand nous consentons au péché, le bon DIEU nous soumet à la tentation, puisqu'il ne nous refuse la grâce efficace que nous avons librement rejetée. Si l'on refuse ce genre d'expressions par ellipse, il faudrait rejeter ces phrases de la Bible: "Le Seigneur endurcit le coeur de Pharaon" (Exode), "Il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut" (S. Paul aux Romains), "il les a livrés selon les convoitises de leur cœur à une impureté où ils avilissent eux-mêmes leurs propres corps" (ibidem); Jacob a lutté contre un ange saint et a "vaincu DIEU" (Genèse), image du peuple juif crucifiant le Christ d'après Louis de Grenade (https://books.google.de/books?id=qWKyAAAAMAAJ p.171), image aussi de la lutte spirituelle, où l'on combat ce que le Seigneur permet que nous subissions.

    C'est facile de dire que "le Seigneur ne nous tente pas lui-même", mais si nous sommes tentés par autre chose (le démon, le monde et la chair), ce n'est pas sans sa volonté, qui permet expressément que nous soyons tentés. Pour prendre un exemple terrestre: Si un roi absolu ne tue pas lui-même des innocents, mais tolère (sans le désirer) que d'autres (ses soldats rebelles) le fassent, on dira "il n'a pas tué lui-même", mais on peut aussi dire "il a laisser tuer"; les sujets imploreront le roi: "ne nous laisse pas être tués" ou bien, par ellipse, "ne nous tue pas" (pour "garde-nous en vie"). Remplacez dans l'exemple "tuer" par "soumettre à la tentation", et tout est plus clair.

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