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L'élection de Donald Trump n'est pas vraiment une surprise pour des historiens

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De Joseph Savès sur Herodote.net :

Donald Trump, une surprise ? Pas vraiment

Après les référendums de 2005 (France et Pays-Bas) et le Brexit (2016), voici une nouvelle surprise avec l’élection de Donald Trump par une franche majorité d’Américains. À chaque fois, le suffrage universel a eu raison des médias, des sondeurs et de leurs commanditaires (*). On peut au moins se réjouir de cette vitalité démocratique.

(...)

Le 23 octobre 2016, nous avons titré notre lettre sur des élections pleines de surprises aux États-Unis et évoqué un précédent largement ignoré : l’élection du candidat « populiste » et « anti-système » Andrew Jackson, en 1828.

Par bien des aspects de sa personnalité, il n’était pas sans ressembler au nouveau président des États-Unis. Et lui aussi avait été rejeté par les instances de son parti et honni par les élites de la côte Est.

Ce 3 novembre 2016, à la lumière de l’Histoire, nous avons aussi rappelé ce qu’est le libre-échange prôné par ces mêmes élites comme par les fonctionnaires de Bruxelles et les élites françaises : une utopie aussi folle que le communisme soviétique.

C’est en partie en raison du libre-échange (*) et du primat de la finance que les électeurs américains ont voté pour Donald Trump : il a su capter leur colère sourde, tout comme d'ailleurs le candidat démocrate Bernie Sanders, rival malheureux d'Hillary Clinton (*).

L’autre motif qui a conduit à la victoire de Trump et à l'élimination de Sanders tient à l'exaspération d'une majorité de citoyens face aux tromperies de l’utopie « multiculturaliste » et de la société « ouverte ».

À preuve le vote de l'Iowa en faveur de Donald Trump : dans cet État plutôt prospère, avec un faible taux de chômage, c'est évidemment l'enjeu multiculturaliste qui a fait basculer les électeurs.

En effet, l’élection en 2008 d’un président noir (pas un Afro-Américain mais un métis, fils d’une blanche du Kansas et d’un Kényan) n’a pas empêché le retour à de nouvelles formes de ségrégation raciale. C'est ainsi que la candidate démocrate Hillary Clinton a tenté de jouer la carte « racialiste » en cajolant les électeurs afro-américains et latinos. Mais sans doute s’est-elle trompée dans son évaluation du vote latino : beaucoup d’Étasuniens latino-américains aspirent à leur intégration dans la classe moyenne et ne se sentent guère solidaires des Afro-Américains.

Le même phénomène s’observe en Europe de l’Ouest, sous l’effet d'un emballement migratoire sans précédent dans l’Histoire. Les nouveaux arrivants font bloc avec leur « communauté » dans les quartiers et les écoles : Africains de la zone équatoriale, Sahéliens, Maghrébins, Turcs, Orientaux, Chinois etc. Il compromettent ce faisant l’intégration des immigrants plus anciennement installés (*). À quoi les classes dirigeantes répondent par des propos hors-contexte sur le « vivre-ensemble » et l'occultation de la mémoire.

La chancelière Angela Merkel et même le pape François ont perçu les dangers de cette politique dans leurs dernières déclarations, en novembre 2016. Quant aux élus français, qui ont abandonné leur souveraineté à Bruxelles et Berlin et se tiennent désormais à la remorque des puissants, ils feraient bien de prendre à leur tour la mesure de l'exaspération populaire face au néolibéralisme financier, au multiculturalisme et à l'emballement migratoire. Ils se doivent de nommer et analyser ces phénomènes sans faux-semblants, et de préconiser des solutions respectueuses de la démocratie.

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