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  • Hongrie : Mémoire, identité et immigration

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    Joseph Yacoub retrace l'histoire singulière de la Hongrie. Selon lui, c'est uniquement en se penchant sur l'héritage de ce pays atypique qu'il est possible de saisir son rapport contemporain à la nation. Lu sur le site « figarovox »

    Hongrie XVM41652398-8119-11e8-b5a8-8cf49f807d25.jpgLa Hongrie (Magyarorszag) est un pays européen, néanmoins il a ses traits identitaires particuliers qui s'expliquent par l'histoire et la géographie, lesquelles déterminent pour une bonne part, le choix de la nation et modèlent sa conduite. À cela il convient d'ajouter une langue qui n'est ni germanique ni slave, encore moins latine (sauf l'alphabet), et qui appartient au groupe finno-ougrien. Cela permet de comprendre pourquoi ce pays est si attaché à son passé et à sa culture, et ne vient pas se jeter les mains vides, sans défense, dans les bras de la construction européenne, notamment sur la question migratoire, éclatée en 2015, et sur l'exercice de la démocratie. Au milieu de la Mittel Europa, distinct des Germains et des Slaves, ce pays a connu un destin singulier et une histoire douloureuse, voire terrible. En plus, ses limites territoriales ont varié fortement au cours des siècles, au gré des conquérants, et en particulier au lendemain du traité de Trianon (4 juin 1920), qui l'a démantelé.

    Le pays fut envahi par les Tatars en 1241 et occupé en majeure partie par les Turcs, durant 150 ans de 1526 à 1686. Par la suite, il connut une longue domination des Habsbourg en 1686, avant de parvenir au compromis austro-hongrois de 1867. Désintégré et éclaté autrefois en trois parties, le Traité de Trianon est perçu comme humiliant et un choc sérieux par les Hongrois, car il l'amputa considérablement au profit des pays voisins (Roumanie, Serbie, Slovaquie, Ukraine ) et réduit nettement sa population.

    Dans l'entre-deux-guerres, la Hongrie fut marquée par le régime réactionnaire et ultraconservateur de l'amiral Miklos Horthy, qui se rapprocha de l'Italie fasciste et de l'Allemagne nazie. Le pays fut alors occupé par les troupes allemandes, et les Juifs seront victimes de nombreuses mesures discriminatoires et de déportation. Libérée par l'Armée rouge en octobre 1944, ce fut un peu plus tard le début de la tyrannie communiste. Aussi, au lendemain de la seconde guerre mondiale, les choses étaient loin de s'arranger.

    Revenons sur l'histoire qui permet de comprendre le présent.

    Le Xe siècle fut un tournant, car le pays, qui prend le nom de Magyar, fit un choix pour le christianisme sous le roi Etienne (997-1038) - héritier d'Arpad, qui unifia les sept tribus venues de l'Oural et de la Volga, en 895 - Sacré roi en 1001, canonisé en 1038, ce premier roi est considéré comme le fondateur de l'Etat hongrois (la Couronne de Saint Etienne), même si le christianisme est plus ancien. Depuis, on parle des Magyars qui ont un somptueux héritage catholique comme à Esztergom, au nord de Budapest, et à Pécs. D'ailleurs, la Cathédrale de Pest porte le nom du roi Etienne.

    Avant cette période, succédant aux Romains qui l'appelaient Pannonie, le pays s'est trouvé envahi au Vè siècle, par des tribus d'origine asiatique (les Huns, les Avars) venus s'établir dans le bassin du Danube, parmi lesquels se distingue Attila, roi des Huns, au Vè siècle.

    Le roi Mathias Corvin est, quant à lui, une figure importante du XVè siècle (1440-1490), à l'origine de la Renaissance et de l'Humanisme, qui a promu les activités culturelles et fondé l'Université de Buda.

    Mais qu'en est-il de l'occupation turque?

    Le XVIè siècle fut crucial, car il vit l'avancée ottomane. La chute de Belgrade, en 1521, sous le sultan Suleiman le Magnifique, préluda en effet à l'occupation d'une grande partie de la Hongrie. L'armée hongroise défaite à Mohacs en 1526, la capitale Buda sera occupée seulement en 1541, suivie par Esztergom (centre religieux de la Hongrie) et Szeged en 1543, Eger en 1552, ainsi que Visegrad, Hatvan et Temesvar. Du point de vue administratif, les régions occupées seront organisées selon le modèle ottoman en vilayet et sandjak. Du temps de l'occupation turque, des églises furent transformées en mosquées, des lieux altérés et des territoires dépeuplés. Aujourd'hui, des vestiges architecturaux sont là pour rappeler cette période ottomane, dont quelques mosquées à Pécs et ailleurs, et le minaret d'Eger, qui est cependant coiffé en haut d'une croix.

    Fiers de leurs particularismes, les Hongrois surent résister aux occupations étrangères successives. En devenant chrétiens au Xè siècle, ce fut leur manière de marquer leur différence en s'appropriant ce message, en symbiose avec le reste de l'Europe. Le capitaine Istvan Dobo, combattant de la première heure, résista héroïquement aux Turcs en 1552. Devenue légendaire, sa statue trône au milieu de la belle place d'Eger, qui porte son nom.

    Et face aux Habsbourg, sous le leadership de Ferenc Rakoczi, originaire de Transylvanie, le pays mena une guerre d'indépendance de 1707 à 1711. Pour affirmer leur identité linguistique face à l'allemand et au latin, le Hongrois devient langue officielle en 1844. Lors de la Révolution de mars 1848, qui fut une période agitée, l'homme d'État Jozsef Eötvös (1813-1873) fut, par ses écrits, un combattant pour la liberté et la démocratie.

    Contre le régime communiste, les Hongrois menèrent une insurrection le 23 octobre 1956, qui marqua fortement les consciences. Même si le communiste Imre Nagy qui dirigea le gouvernement de 1953 à 1955, concéda des réformes et prit des mesures de libéralisation, n'empêche, les chars soviétiques envahirent le pays le 4 novembre et Imre Nagy sera fusillé, deux ans plus tard, en 1958.

    Mais comme toute chose a une fin, aux lendemains de 1989-1990, les données ont fondamentalement changé au profit de la démocratie. Imre Nagy sera réhabilité en 1989. Sur les billets de monnaie (forint), figurent des noms illustres hongrois qui sont honorés comme Ferenc Rakoczi, Mathias Kiraly et Bethlen Gabor, et le comte Istvan Széchenyi (1791-1860), fondateur de l'Académie hongroise des sciences, qui fit construire le premier pont sur le Danube (pont des Chaînes), reliant Buda et Pest.

    Que stipule alors la Constitution hongroise sur l'identité du pays et sa personnalité de base?

    Le 25 avril 2011, le pays a adopté sa deuxième Constitution qui se distingue nettement de celle de 1990, laquelle fut celle de l'après-communisme. Fondement de son ordre juridique, elle se démarque par son originalité sur un certain nombre de points, non à l'abri de contestations.

    Elle se réfère à Dieu, au christianisme et à la famille, et l'on s'affiche européen. Elle commence par ces termes: Que Dieu bénisse les Hongrois! Son préambule qui s'intitule: Profession de foi nationale (Nemzeti hitvallas) est un condensé des principes devant guider le pays.

    On rappelle avec fierté que le roi Saint Étienne, il y a mille ans, ait bâti l'État hongrois sur des fondations solides et ait fait de la patrie une partie de l'Europe chrétienne. On rappelle également que «nos ancêtres se sont battus pour la survie, la liberté et la souveraineté de notre nation».

    On fait remarquer que le peuple hongrois «a combattu pendant des siècles pour défendre l'Europe, contribuant aux valeurs communes de celle-ci par son talent et son assiduité». On reconnaît le rôle que le christianisme a joué dans la préservation de la nation ; et on ajoute aussitôt qu'on respecte les différentes traditions religieuses du pays.

    Quant aux minorités ethniques vivant dans le pays, ils font partie de la communauté politique hongroise et sont des éléments constitutifs de la nation, écrit-on. Il faut rappeler que sur dix millions d'habitants, 10% de la population appartiennent à des minorités, estimées à treize,

    Par ailleurs, le pays s'engage à préserver et entretenir la culture hongroise, «notre langue unique» et la langue et la culture des minorités ethniques vivant en Hongrie.

    Chose importante, on affirme que la culture nationale est «une riche contribution à la diversité de l'unité européenne», et on insiste sur les cadres essentiels de la vie en communautés que sont la famille et la nation. Le préambule poursuit que le pays respecte «la Sainte-Couronne qui incarne la continuité constitutionnelle de l'État hongrois et l'unité nationale».

    Concernant les Hongrois de souche, qui vivent dans les pays limitrophes, conséquence du traité de Trianon, on se veut à leur écoute, ce qui ne va pas sans problème. À leur adresse, le gouvernement fait preuve de visées protectrices, non sans susciter les craintes des pays voisins, qui soupçonnent ses objectifs irrédentistes. Voici ce que stipule l'article D: «Gardant à l'esprit qu'il ya une seule nation hongroise unie, la Hongrie porte la responsabilité de la situation des Hongrois vivant hors des frontières du pays. Elle aide au maintien et au développement de leur communauté. Elle soutient les efforts déployés pour maintenir leur magyarité, pour faire appliquer leurs droits individuels et collectifs, pour créer des organes collectifs d'autogestion et pour qu'ils s'épanouissent sur leur terre natale. Elle promeut la coopération entre eux et la Hongrie

    Vivant une telle histoire, souvent incrustée dans les mémoires, appuyée par des dispositions constitutionnelles, quelle conciliation peut éclore à l'horizon?

    C'est un défi pour l'Europe.

    Joseph Yacoub »

    Ref. Comprendre la Hongrie avec l’historien Joseph Jacoub

    Joseph Yacoub est professeur honoraire de sciences politiques à l'Université catholique de Lyon, premier titulaire de la chaire UNESCO «Mémoire, cultures et interculturalité». Spécialiste des minorités dans le monde et des chrétiens d'Orient, il est l'auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels: Qui s'en souviendra? 1915: le génocide assyro-chaldéo-syriaque, Cerf, Paris, 2014, traduit en anglais: Year of the Sword, Hurst, London, 2016 ; Une diversité menacée. Les Chrétiens d'Orient face au nationalisme arabe et à l'islamisme, Ed. Salvator, Paris, janvier 2018. En préparation: Le Moyen-Orient Syriaque.

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  • Pourquoi parler de néo-colonialisme ?

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    Lu sur le site « aleteia » :

    La-mondialisation-de-la-rvolution-culturelle-occidentale.jpg« L’imposition agressive et efficace de normes politiques et culturelles inspirées de la révolution sexuelle occidentale aux pays en voie de développement est une préoccupation croissante. Elle menace de produire dans ces pays les mêmes effets qu’en Occident : sécularisation des cultures et perte de la foi.

    • 1. 

    Les derniers papes ont dénoncé le néo-colonialisme qui exporte mondialement les « déchets toxiques spirituels » d’un Occident décadent et s’attaque particulièrement au mariage, à la famille, à la vie et à la morale chrétienne.

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    • 2. 

    Avocate et acteur-clef de la décolonisation depuis son origine, l’ONU s’est paradoxalement transformée au fil des dernières décennies en centre névralgique d’un puissant mouvement néo-colonisateur.

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    • 3. 

    Précisément depuis que l’ONU défend l’auto-détermination au nom des droits de l’homme, de la démocratie, de l’égalité et de la liberté, ces valeurs universelles ont subi le choc d’une révolution culturelle extrêmement violente en Occident. La démocratie et ses valeurs se sont corrompues de l’intérieur. Les pays soumis à la pression de « se démocratiser » en ont souffert les conséquences : « démocratisation » en est venue à signifier en pratique « alignement sur la réinterprétation révolutionnaire des valeurs démocratiques ».

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    • 4. 

    A la fin de la guerre froide, l’ONU a transformé les objectifs de la révolution culturelle d’Occident en normes politiques et culturelles mondiales. De 1990 à 96, l’ONU a organisé neuf grandes conférences internationales au cours desquelles les nouvelles « normes » furent adoptées. Elles portent des noms bien connus : santé et droits sexuels et reproductifs (ou génésiques), perspective du genre, déconstruction des stéréotypes (féminin, masculin, maternel, paternel, familial…), promotion d’un « nouveau paradigme » de la famille (« familles sous toutes ses formes » ou « diversité des familles ») etc.

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    • 5. 

    Depuis les années 1990, l’ONU se présente de plus en plus comme une organisation, non plus internationale (ce qu’elle est par mandat), mais mondiale. Cette qualification, auto-proclamée, est abusive. Elle représente de graves menaces au respect de la souveraineté des nations, un principe de la Charte des Nations-Unies, et à la subsidiarité. Elle est d’autant plus dangereuse que le contenu des normes dites mondiales est aujourd’hui souvent contraire à l’esprit de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, qui reconnaît la famille, fondée sur le mariage entre un homme et une femme, comme cellule de base de la société, et promeut la liberté de religion.

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    • 6. 

    Depuis la conférence du Caire, la plupart des pays en voie de développement ont permis à leurs politiques de développement social, de santé et d’éducation – et fréquemment aussi à leurs lois, d’être infectés, du moins jusqu’à un certain point, par les composantes radicales de la santé reproductive. Dans la mesure où ils l’ont fait, ils ont vendu leur souveraineté et leur indépendance à une minorité étrangère au pouvoir de la gouvernance mondiale. Les agents de la santé et des droits reproductifs ont avancé en Afrique avec une détermination implacable. Rien ne saurait être plus contraire à l’âme africaine que des politiques et lois s’attaquant à la maternité, la vie et la famille.

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    • 7. 

    Pour la première fois dans l’histoire de l’Eglise, la constitution pastorale Gaudium et Spes, dans le contexte de décolonisation du début des années 1960, met en lumière « les richesses des diverses cultures » (54) et le « génie propre de chaque peuple » (56). La vocation spécifique de chaque peuple, les dons que Dieu a fait à chacun sont aujourd’hui appelés, en ce temps de mondialisation, à bénéficier à tous, dans un fructueux « échange des dons ». Cette perspective ouvre un immense champ d’action. »

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    Ref. Pourquoi parler de néocolonialisme ?

    Marguerite Peeters 64Fiche.pngMarguerite Peeters est journaliste. De 1991 à 1993, elle a vécu en Ukraine. A son retour en Occident, elle a commencé à s’intéresser aux grandes conférences internationales de l’ONU et à la construction d’un consensus mondial sur le développement durable et ses composantes qui avait commencé directement après la guerre froide. En 1995, elle a fondé un service d’information spécialisé dans la mondialisation et les organisations internationales (Interactive Information Services). Elle a produit jusqu’à ce jour plus de 200 rapports détaillés sur ces sujets. Son travail s’est surtout distingué par les interviews d’experts qu’elle a pu réaliser pour tenter de comprendre le sens du nouveau langage employé par les organisations internationales: experts de l’ONU, de la gouvernance mondiale, des ONGs influentes. En 2001 elle a publié une synthèse analytique de ses travaux sur un site Internet américain: Hijacking Democracy – The Power Shift to the Unelected, dont elle a apporté quelques copies ici. En septembre 2003, elle a fondé à Bruxelles l‘Institute for Intercultural Dialogue Dynamics, dont l’objet est l’étude des concepts-clefs, valeurs et mécanismes opérationnels de la mondialisation. Ces dernières années, elle a participé à divers séminaires et conférences sur le thème de la laïcité

    JPSC

  • Belgique : "Donner un statut au foetus, c'est porter atteinte à l'accès à l'avortement"

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    Lu sur le site de l’hebdomadaire « Le Vif » le point de vue du président du CAL (Centre d’Action Laïque) présenté par « Belga » en ces termes :

    « L'ambition du gouvernement - portée par le ministre CD&V de la Justice Koen Geens - et de la majorité parlementaire, de modifier le Code civil de manière à offrir un statut pour l'enfant mort-né procède "insidieusement" d'une intention "idéologique" de "fragiliser les motifs à la base de la dépénalisation de l'avortement", estime le président du Centre d'Action Laïque (CAL), Henri Bartholomeeusen dans une lettre ouverte publiée jeudi :

    « Après dix ans de tentatives, le parlement est sur le point, en commission de la Chambre, d'avancer sur la reconnaissance du foetus, une manière d'aider les parents d'un enfant né sans vie à faire leur deuil.

    Un enregistrement et des modalités d'inscription seraient possibles à partir d'un seuil de 140 jours. Mais pour Henri Bartholomeeusen, ce serait "un comble" de voir un gouvernement à participation libérale laisser "le CD&V détricoter" la loi dépénalisant l'avortement, portée il y a 25 ans par la sénatrice libérale flamande Lucienne Herman-Michielsens.

    "Nous refusons que la douleur des personnes soit instrumentalisée à des fins idéologiques", écrit le président du CAL.

    "Les partis du gouvernement sont-ils conscients du fait que la reconnaissance d'un état civil, avec prénom et nom de famille, pour un foetus de 20 semaines, constitue une intrusion violente dans la manière de faire le deuil de cette grossesse? ", souligne-t-il.

    Il veut pour preuve de l'instrumentalisation idéologique de la douleur des personnes concernées que lors des auditions en commission parlementaire seuls des juristes ont été entendus et pas des psychiatres ou des psychologues.

    Le CAL se demande comment continuer à permettre aux femmes d'avorter à 12 semaines de grossesse "s'il est permis de donner un nom de famille aux restes d'une fausse-couche".

    Les laïques demandent le strict respect de l'autonomie de la femme tout en veillant à la singularité des individus confrontés à l'épreuve d'une fausse-couche. »

    Ref. « Donner un statut au fœtus, c’est porter atteinte à l’accès à l’avortement »

    embryon2_-_getty_images_48.jpgEn soi, le droit d’inscrire dans un registre public un fœtus né sans vie ne tranche pas la question de son statut et des conséquences qui devraient s’en suivre.   

    Mais cette question existe et mérite d’être posée en droit. L’embryon ou, a fortiori, le fœtus ne sont manifestement pas de simples objets, comme une chaise ou une table. Qu’ils n’aient pas d’existence autonome en dehors des personnes qui les portent n’implique pas que celles-ci disposent de tous les droits sur eux.

    Le droit, lit-on dans toutes les notices juridiques accessibles au grand public, distingue les personnes et les choses, les objets et les sujets de droit mais aussi les êtres vivants des personnes : les plantes et les animaux, bien que vivants, ne sont pas des personnes juridiques. Ils ne disposent pas de droits subjectifs.

    Seuls les êtres humains et tous les êtres humains sont dotés de la personnalité physique. La personnalité est un droit inné, un don de naissance qui ne souffre aucune exception: elle vient à l'homme avec la vie.

    Et la question sui generis qui  se pose au sujet de l'embryon humain est la suivante : biologiquement, l'embryon est défini par l'état de développement marqué par le passage d'une cellule unique à un ensemble complexe de cellules. Il s'agit des huit premières semaines après la fécondation, avant le développement du fœtus. C'est donc une entité humaine vivante destinée à devenir une personne à part entière, ce qui impose une protection de la future personne juridique : « Infans conceptus pro iam natus habetur quoties de eius commodis agitur » lit-on déjà dans les manuels de droit romain. Et cette question de principe dépasse le seul domaine du droit privé, comme celui des successions ou des assurances…

    JPSC

  • Avorter en Belgique : échec à la surenchère abolitionniste des sanctions pénales ?

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    De Jean-Jacques Durré sur le site interdiocésain francophone de Belgique :

    « 4 juillet 2018 :

    Au moment où la Commission Justice de la Chambre débat de la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG), deux pétitions circulent pour s’opposer à une dépénalisation totale. L’une émane d’un collectif de citoyens. L’autre met en exergue la menace qui pèse sur le personnel médical, en matière de liberté de conscience.

    avortement-1440619389_137234_1000x667x0.jpgAu moment d’écrire ces lignes, les discussions sont toujours en cours à la Commission Justice de la Chambre où les députés débattent de la sortie de l’IVG du code pénal. Pas moins de sept propositions sont été déposées, émanant de tous les partis. Certaines visent à ramener l’avortement à un acte purement médical, ce qui aura pour conséquence en quelque sorte, de « faire sauter les barrières » qui canalisent cette pratique, encadrée par la loi Lallemand-Michielsens de 1990, portant sur une dépénalisation partielle. Surprise: hier la majorité fédérale annonçait qu’elle allait déposer un projet de loi, issu d’un compromis sans doute âprement négocié entre les partis de la coalition. Selon l’agence Belga, la proposition de loi sera prise en considération ce jeudi 6 juillet ou le 13 juillet.

    Outre la sortie du Code pénal de faits prévus par la loi, le futur texte supprimerait la notion d’état de détresse de la femme exigé aujourd’hui pour recourir à une IVG, mais conserverait le délai de douze semaines pour recourir à l’acte, alors que certaines propositions soutenues par les milieux laïcs voudraient porter le délai à 18, voire 20 semaines. Dans la proposition que présenterait le gouvernement, le délai de réflexion de 6 jours, préalable à toute intervention, est conservé mais en cas de raison médicale urgente invoquée par la femme, on pourra prolonger de quelques jours le délai de 12 semaines de grossesse au-delà duquel l’avortement n’est plus autorisé. Enfin, le médecin qui refuse de pratiquer une IVG serait contraint de renvoyer sa patiente vers un confrère. A noter que si l’avortement est retiré du Code pénal, les sanctions à l’égard des actes réalisés hors respect des conditions sont maintenues.

    Parallèlement, le ministre de la Justice Koen Geens déposera rapidement un projet de loi permettant la reconnaissance du foetus. Pour l’équipe Michel, il n’y a là aucun lien à y voir. La majorité espère que l’opposition se joindra à la proposition de la majorité.

    Mise en garde des évêques et pétition

    L’accord a déjà été critiqué par le recteur de l’ULB, Yvon Englert, qui avait été auditionné par la commission de la Justice de la Chambre. Il regrette que la majorité ne touche pas au délai de réflexion et de grossesse, qui conditionne le droit à l’avortement, jugeant que ce délai de réflexion (6 jours aujourd’hui) « doit relever du colloque singulier entre le médecin et sa patiente ». Yvon Englert propose aussi de porter à 20 semaines de grossesse pour recourir à l’avortement. Réaction immédiate du chef de groupe MR à la Chambre, David Clarinval: « Yvon Englert critique la proposition de loi visant à sortir l’IVG du code pénal, alors qu’il ne l’a pas lue ! »

    Dans ce contexte, deux pétitions ont vu le jour dernièrement. La première initiative émane d’un collectif de citoyens et s’intitule « Lettre ouverte aux membres de la Chambre des représentants de Belgique concernant la détresse des femmes et jeunes filles confrontées à une grossesse non prévue ». On peut y lire notamment: « Nous pensons que le débat actuel ne pose pas la bonne question. Le fait de sortir ou non l’IVG du Code pénal ne nous semble pas la réponse adéquate à la seule vraie question : comment faire diminuer le nombre de femmes et jeunes filles en situation de détresse, c’est-à-dire comment aider les femmes et les jeunes filles à ne pas se trouver enceintes sans l’avoir voulu, et d’autre part, comment améliorer l’accueil, l’écoute et l’accompagnement des femmes et jeunes filles en détresse en raison d’une grossesse non prévue.« 

    La deuxième pétition concerne plus particulièrement la menace que ferait peser la dépénalisation totale de l’IVG sur les soignants: comme  le soulignent les experts soutenant la pétition,  » si l’avortement venait à être considéré comme un acte médical – ainsi qualifié par une loi distincte ou parce qu’il serait réglé dans la loi relative aux droits des patients – et non plus comme une infraction dépénalisée dans certaines circonstances, la liberté des institutions de soins et la liberté de conscience des soignants seraient gravement mises en danger. » Cette pétition a déjà récolté les signatures des soignants mais aussi de tous les citoyens voulant protéger la clause de conscience du personnel soignant, confronté aux demandes d’avortements.

    On ne peut en tous cas que regretter que le débat tourne à la cacophonie et prenne des allures de « gueguerre » entre majorité et opposition. Faut-il rappeler à nos élus que l’on parle ici de vie humaine. Personne dans ce débat n’a fait mention de cet élément qui doit primer sur tout. Personne non plus n’a aborder le cas de détresse que vivent nombre de femmes ayant eu recours à l’avortement. Ramener l’IVG à un acte purement médical, c’est nier la primauté de la vie.

    Rappelons que le 15 juin dernier, dans un communiqué, les évêques de Belgique ont attiré l’attention sur le danger que représente selon eux, le retrait de l’avortement du Code pénal: « c’est prendre le risque d’en faire une intervention médicale anodine. Non seulement, dans les cas prévus par la loi, l’avortement ne sera plus considéré comme une infraction. Il deviendra un droit. Celui qui posera des questions ou refusera l’avortement devra se justifier. Cela vaut tant pour le médecin que pour la femme concernée. Même si on conserve la clause de liberté de conscience, elle sera de moins en moins invoquée. Car un acte médical requiert une décision médicale, et non pas tant une décision de conscience ». Et d’ajouter: « L’avortement n’ira jamais de soi. Même si on le supprime du Code pénal. Il ne deviendra jamais une ‘intervention’ ordinaire. Il ne sera jamais pratiqué de gaîté de cœur. Ce sera toujours un échec: il y aura toujours des perdants. Certes, en certaines circonstances, on peut se sentir perdu et désespéré. On se retrouve alors si seul, déboussolé. Une législation qui ferait de l’avortement une intervention ordinaire, fait très peu de cas du vécu, du ressenti des personnes. Pourquoi à ce moment-là demander aide et conseil? Les questions menacent de ne même plus être prises au sérieux. Ce qui ne fera qu’augmenter solitude et désarroi. »

    Ref. Deux pétitions pour s’opposer à la dépénalisation totale de l’avortement

    L’imputabilité d’un acte intrinsèquement mauvais est variable selon les circonstances, cela ne change rien à sa nature objectivement condamnable. On juge toujours des personnes. Autre chose est d’appeler le mal un bien.

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  • Concilier vacances et vie de prière...

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    Du Père Max Huot de Longchamp sur le site de Famille Chrétienne :

    Comment concilier vacances et vie de prière ?

    Le Vacare Deo, c’est-à-dire « vaquer à Dieu », des moines du Moyen Âge, a donné notre mot « vacances », et cela parce que la prière est essentiellement reposante : « On trouve l’oraison aisée quand on la regarde non comme un exercice fatigant, comme un travail d’esprit, mais plutôt comme un divertissement agréable », nous dit le grand jésuite Surin au XVIIe siècle, d’accord avec saint François de Sales pour qui « la vie dévote est une vie douce, heureuse et aimable ». Bref, l’homme qui prie est en vacances toute l’année.

    Reste que, chrétiens ou non, les congés payés bouleversent durant quelques semaines nos habitudes et nos horaires, laissant une grande part à l’improvisation. Comment rester fidèles au Vacare Deo dans ces conditions ? Voici quelques repères.

    On prie comme on vit, et l’on vit comme on prie, durant les congés comme durant le reste de l’année. Se détendre fait partie de la volonté de Dieu. Cela suppose de ne pas trop regarder l’horloge ni le porte-monnaie, sans pour autant vivre n’importe comment : « Si tu aspires à prier, ne fais rien de ce qui est incompatible avec la prière, afin que Dieu s’approche et fasse route avec toi » (Évagre, IVe s.). Comment prier si les vacances consistent à s’abrutir de jeux vidéo, boire entre copains jusqu’à 2 h du matin ou se contenter de faire le beau sur la plage ?

    Le temps des vacances est celui des découvertes et, dans un pays comme le nôtre, celles des trésors de notre foi et de notre tradition chrétienne. On peut visiter une cathédrale ou une abbaye en touriste ; le chrétien sait qu’il y est chez lui à un autre titre, et, qu’au-delà de la curiosité ou même de l’intérêt esthétique, le lieu est habité par Quelqu’un qui se révèle à travers des pierres ou des vitraux qui appartiennent au langage de sa foi. Visiter une église dans cette intention devient un pèlerinage, une écoute de la parole de Dieu. Tout un programme de formation chrétienne est ici parfaitement compatible avec d’excellentes vacances.

    On prie comme on vit, et l’on vit comme on prie, durant les congés ou le reste de l’année.

    La gaieté des retrouvailles familiales rend souvent difficile le minimum d’isolement nécessaire au recueillement. Lorsque l’on est habitué à une prière régulière, il y a là un vrai sacrifice, mais qui est encore « quitter Dieu pour Dieu », dirait saint Vincent de Paul : c’est encore Jésus qui entre dans votre chambre quand le petit neveu débarque au moment où la maisonnée allait s’endormir et où vous pensiez pouvoir enfin faire oraison. Il est vrai aussi qu’une prière sérieuse suppose des moments où l’on vous laissera tranquille, et que le plus simple pour cela est en général de vous lever avant tout le monde ! Eh oui, le chrétien doit faire des choix ! 

    Enfin, le recul des vacances est propice à une mise au point de nos choix chrétiens pour le reste de l’année. Pourquoi ne pas prendre quelques jours de retraite dans un lieu de silence et de recueillement, pour voir où nous en sommes de notre baptême, et prendre quelques décisions qui installeront solidement le Seigneur au cœur de la vie familiale ou professionnelle ? 

  • L'ombre des déchirements entre orthodoxes en Ukraine risque d'obscurcir la rencontre oecuménique de Bari

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    De Sandro Magister ("L'Espresso") traduit sur le site Diakonos.be :

    « Oremus » pour la paix au Moyen-Orient. Mais pour l’Ukraine, c’est la guerre entre les orthodoxes

    Le Pape François a invité les chefs des églises du Moyen-Orient, catholiques, orthodoxes et protestants à une journée de prière commune pour la paix dans cette région, le 7 juillet à Bari.

    Mais l’ombre d’un autre conflit en Orient plane sur ce sommet. Il s’agit du conflit qui se joue en Ukraine et qui fracture le monde orthodoxe de manière dramatique, avec d’un côté Bartholomée, le patriarche œcuménique de Constantinople et de l’autre Cyrille, le patriarche de Moscou « et de toutes les Russies ».

    Bartholomée viendra à Bari. Mais pas Cyrille qui, lui, sera représenté par son responsable des relations extérieures, le métropolite Hilarion de Volokolamsk.  Ce dernier vient il y a quelques jours de rejeter pour l’énième fois avec la plus grand fermeté l’idée de créer une Église orthodoxe autonome en Ukraine, allant jusqu’à dire que « le sang coulera » si jamais elle été légitimée et donc soustraite à la juridiction du patriarcat de Moscou. Et légitimée par qui ?  Précisément par le patriarche de Constantinople, qui en aurait la faculté puisqu’il est traditionnellement le « primus inter pares » parmi tous les chefs de l’orthodoxie.

    Il y a un mois, peu après la visite au Vatican du métropolite Hilarion, Settimo Cielo avait déjà fourni les données essentielles de la controverse qui, même si elle est avant tout interne à l’orthodoxie, implique fortement l’Église catholique elle-même, surtout depuis que le Pape François ai lourdement pris le parti de l’Église orthodoxe russe :

    > En Ukraine, entre orthodoxes et catholiques, François se rallie à Moscou

    Les communautés orthodoxes en Ukraine sont actuellement au nombre de trois. La seule à être canoniquement reconnue par toute l’orthodoxie, avec à sa tête le métropolite Onufry, est celle qui dépend du patriarcat de Moscou.  Mais il y a également un patriarcat indépendant créé et toujours dirigé à l’heure actuelle par un autre ex-hiérarque de l’Église russe, Philarète. Et il y a enfin une autre Eglise orthodoxe ukrainienne autoproclamée, avec comme métropolite Méthode.

    Depuis un certain temps, il y a en Ukraine une forte volonté de rassembler ces trois branches en une unique Eglise orthodoxe ukrainienne autocéphale qui serait non plus sous la houlette de Moscou mais sous celle du patriarche de Constantinople, Bartholomée.

    Sur le terrain politique, le gouvernement de Kiev soutient lui aussi très activement l’idée de cette nouvelle Eglise orthodoxe autonome. Tout comme l’Eglise grecque-catholique ukrainienne, forte de 4 millions de fidèles, et son archevêque majeur Sviatoslav Shevchuk, que le Pape a reçu en audience il y a deux jours.

    Mais l’un comme l’autre de ces soutiens externes ne font qu’accroître l’hostilité du patriarcat de Moscou contre toute cette opération. On est au courant de la guerre russo-ukrainienne.  Quant aux grecs-catholiques, Hilarion a été jusqu’à les accuser de vouloir phagocyter la nouvelle structure en la transformant d’orthodoxe en catholique en voulant la placer sous l’autorité du Pape de Rome.  Et François a pratiquement donné raison au puissant métropolite russe en le recevant au Vatican le 30 mai dernier, si l’on s’en tient à la sévère réprimande adressée ce jour-là par le Pape aux catholique ukrainiens qui « s’immiscent dans les affaires internes de l’Église orthodoxe russe ».

    Aussi bien Bartholomée qu’Hilarion sont en train de passer le monde orthodoxe au peigne fin pour connaître la position de chaque Eglise et les rallier à leur cause. Le 7 juillet, tous deux se verront à Bari et deux jours plus tard, le patriarche de Constantinople sera à Moscou pour ce qui pourrait bien être le face à face décisif avec Cyrille.

    A l’heure actuelle Bartholomée n’a toujours pas découvert son jeu, même s’il est évident que lui et ses plus proches collaborateurs – avec en tête le métropolite Jean de Pergame, l’un des plus grands théologiens vivants – ont la volonté de voir naître une Eglise orthodoxe ukrainienne unifiée et autonome.

    Le patriarcat de Moscou n’a quant à lui jamais fait mystère de ses intentions. Il a déjà dit et répété de la manière la plus dure son « non » à l’opération.  Et on peut comprendre ses raisons.  L’Église ukrainienne sous la juridiction de Moscou compte un bon 40% des paroisses du patriarcat russe tout entier, soit 12.000 sur environ 30.000. Les perdre serait un drame pour Moscou.  Et si un autre millier de paroisses provenant des deux autres Églises ukrainiennes existant actuellement venait s’y ajouter, la nouvelle Église orthodoxe unifiée deviendrait numériquement la deuxième Église orthodoxe au monde et serait à même de pouvoir rivaliser avec le patriarcat de Moscou, qui est à l’heure actuelle le premier par nombre des fidèles.

    Et ce n’est pas tout. Il ressort d’un un sondage fiable que la création d’une Église orthodoxe unifiée et autonome recueille l’opinion favorable de 31,3% de la population tandis qu’il sont 19,8% à s’y opposer, 34,7% a y être indifférents et 14,2% à être sans opinion. Naturellement, avec des différences d’une région à l’autre, avec le plus grand nombre d’opinions favorables, soit 58%,  à l’Ouest et le plus grand nombre d’opposants, soit 28,2%, à l’Est.

    Même chez les 85 évêques de l’Église ukrainienne qui dépendent du patriarcat de Moscou, l’idée de se mettre à leur compte fait son chemin. Leur position officielle, adoptée à l’unanimité le 25 juin dernier, est que l’autocéphalie ne fait pas partie des objectifs actuels.  Mais tout de suite après, à Athènes, alors qu’il rendait une visite officielle aux orthodoxes de Grèce, l’évêque Victor a précisé que « l’Église orthodoxe ukrainienne ne s’oppose pas catégoriquement à l’idée de l’autocéphalie ».

    Une autocéphalie qui correspondrait en fait à l’état d’origine de l’Église orthodoxe ukrainienne si l’on s’en tient à la reconstruction historique réalisée par le métropolite Jean de Pergame, le « cerveau » théologique de Bartholomée, selon qui le passage de la métropole de Kiev de la juridiction de Constantinople à celle de Moscou en 1685 n’aurait été qu’une mesure provisoire et révocable.

    Il est inutile d’ajouter que le patriarcat de Moscou a réagi violemment face à cette thèse en affirmant qu’elle était fausse.

    En plus de la paix au Moyen-Orient, espérons qu’à Bari il faudrait peut-être prier discrètement pour davantage de paix au sein de l’orthodoxie.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • Quand un imam nigérian sauve la vie de 262 chrétiens

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    De Violaine des Courières sur le site de La Vie (lavie.fr) :

    Au Nigeria, un imam sauve 262 chrétiens au péril de sa vie

    Alors que le Nigeria est traversé par des violences inter-ethniques et religieuses, un imam s’est distingué, le 28 juin dernier, dans le Barkin Ladi, par son geste héroïque, en sauvant 262 chrétiens assaillis par des agriculteurs peuls musulmans.

    Son geste héroïque est porteur d’espoir dans un pays meurtri par les affrontements entre chrétiens et musulmans. Un imam du village de Nghar Yekwah (District du Barkin Ladi, dans le Plateau du Nigéria) a sauvé, jeudi 28 juin, 262 hommes, femmes et enfants d’une attaque sanglante. Eux étaient chrétiens, leurs assaillants, musulmans pour la plupart.

    À Nghar Yekwah, il est environ 3 heures de l’après-midi quand 300 hommes peuls, armés de fusils et de machettes, s’attaquent aux habitants. Ces derniers sont tués, leurs maisons, brûlées. Les villageois courent dans tous les sens. C’est alors que l’imam de la mosquée voisine – qui ne souhaite pas donner son nom pour des raisons de sécurité – ouvre sa porte : « J’ai d’abord caché les femmes et les plus vulnérables dans ma maison. Ensuite, j’ai réfugié les hommes dans la mosquée », a-t-il raconté à Dooshima Abu, journaliste à la BBC, basé dans le Plateau du Nigéria.

    Mais les assaillants se dirigent vers la mosquée, ayant appris le geste de l’imam. Ce dernier, accompagné de plusieurs autres membres de sa communauté, leur barre la route. Les assaillants le menacent, ils vont « brûler la mosquée et la maison de l’imam », rapporte le journaliste de la BBC. Inflexible, l’imam, prostré sur le sol, les implore de laisser la vie sauve aux habitants qu’il cache. Puis il crie, en direction de ces derniers, les enjoignant à fuir. À peine avait-il prononcé ces mots que les Peuls s’éparpillent.

    Au journaliste de la BBC qui lui demande les raisons de son geste, l’imam raconte humblement avoir voulu exprimer sa gratitude aux chrétiens qui, il y a 40 ans, avaient donné aux musulmans leur terrain pour construire la mosquée. Si ce responsable musulman n’avait pas agi ainsi, le bilan de 200 morts des attaques du 23 et 24 juin dernier, perpétrées dans les villages avoisinants, aurait pu doubler.

    Cet affrontement s’inscrit dans un climat de grande violence dans la région du Barkin Ladi entre, d’une part, les communautés chrétiennes beroms et, d’autre part, les musulmans peuls et fulani. Entre les groupes d’agriculteurs, s’est instauré un système de représailles. Les uns se vengeant des autres dans un cercle infernal. À la source des tensions ? Des différents ethniques et religieux mais également, alimentaires – les communautés s’affrontent pour s’accaparer toutes Les ressources de la ceinture centrale du Nigeria.

    Ces attaques s’ajoutent à celles perpétrées par le groupe djihadiste Boko Haram, dans le nord-est du pays. En avril dernier, la ville de Maidguri était assiégée par le groupe djihadiste, tuant 18 personnes, faisant 84 blessés et jetant sur les routes des centaines de milliers de personnes.

    Face à l’insécurité grandissante, le président nigérien Muhammadu Buhari – un Peul musulman élu en 2015 – est critiqué pour les failles de ses forces de sécurité et son incapacité à trouver des solutions aux conflits communautaires. Le 6 juin dernier, il a été mis au pied du mur par des parlementaires le menaçant d’une procédure de destitution s’il ne mettait pas en place des mesures fortes pour rétablir la sécurité dans son pays. Une pression qui risque encore de monter, après les affrontements de la fin de ce mois de juin.

  • Pakistan : Asia Bibi est toujours en prison et les lois sur le blasphème menacent encore et toujours les minorités religieuses

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    PAR ECLJ, iL Y A 6 JOURS

    ASIA BIBI : TOUJOURS DANS LES PRISONS PAKISTANAISES POUR BLASPHÈME

    Déclaration orale faite pendant un débat général de la 38e session du Conseil des droits de l’homme à Genève, le 25 juin 2018.

    Les lois sur le blasphème de la République islamique du Pakistan représentent une menace continue pour les minorités religieuses.

    En particulier, la section 295-C du code pénal Pakistanais (PPC) dispose : « Quiconque par des mots, à l'oral ou à l'écrit, soit par représentation visible ou par imputation, sous-entendu ou insinuation, directement ou indirectement, souille le nom sacré du Saint Prophète Mohamed (paix soit sur lui) sera puni de mort, ou d'emprisonnement à vie, et sera également passible d'amende ».

    Depuis la promulgation de ces lois, plus d’un millier de cas de blasphème ont été enregistré, plus de cinquante personnes ont été tuées par des foules ou des individus musulmans de façon extra-judiciaire, et au moins quarante personnes sont actuellement dans le couloir de la mort ou purgent une peine de prison à vie. Des centaines de plus purgent ou ont purgé des peines de prison allant de trois à dix ans.

    Une affaire notable est celle d’Asia Bibi, une mère de cinq enfants chrétienne qui fut condamnée pour blasphème pour avoir offert à ses collègues de l’eau dans son verre. Les collègues ont dit à Asia qu’elle avait rendu le verre rituellement impur en y buvant. Ils lui ont ordonné de se convertir à l’islam mais Asia a refusé et exprimé sa foi en Jésus Christ. Elle fut accusée de blasphème, jugée coupable et condamnée à mort. Cela fait neuf ans qu’elle est en prison, à attendre que la Cour suprême du Pakistan la juge en appel.

    Pour cela, nous exhortons ce Conseil à enquêter sur les cas de blasphème, les meurtres extra-judiciaires et à demander au Pakistan de supprimer ou amender ses lois sur le blasphème.

    Traduction par BMG

  • L'extraordinaire vitalité du catholicisme traditionnel français

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    Du site "Paix liturgique" :

    BREF PANORAMA 2018 DE LA TRADITION EN FRANCE

    13 000. C’est en 2018  le nombre de pèlerins ayant participé au pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté entre Paris et Chartres. À ce chiffre nous devons ajouter les 6 000 fidèles proches de la Fraternité Saint-Pie X ayant marché de Chartres vers Paris le même week-end de Pentecôte. De part et d’autre, et donc au total, des chiffres très importants et en constante augmentation.

    Pour les centaines de fidèles étrangers qui s’associent aux pèlerins français lors de ce week-end de Pentecôte et repartent chez eux emplis de joie et d’espérance, le pèlerinage de Chartres est une démonstration de la vitalité extraordinaire du catholicisme traditionnel français. Le cardinal Sarah lui-même, qui a rendu visite aux pèlerins de Chrétienté le dimanche soir avant de les accueillir à Chartres le lundi, a déclaré  avoir été frappé par toute cette jeunesse et toutes ces familles qui prouvent que les racines chrétiennes de la France portent encore du fruit.

    Depuis la publication du motu proprio Summorum Pontificum, en 2007, Paix Liturgique s’efforce d’illustrer l’universalité de l’intérêt pour la liturgie traditionnelle vous offrant des reportages, des témoignages et des enquêtes glanés sur tous les continents. Cette liturgie n’est pas et n’a jamais été, comme on le dit trop, une « affaire franco-française ». Et cependant, lors de nos voyages, nous sommes souvent interrogés sur ce que représente le catholicisme traditionnel en France.

    Pèlerins de Chartres (photo Notre-Dame de Chrétienté).

    I – Des racines profondes

    Souvent, à l’étranger mais aussi parfois en France, on limite la réaction des catholiques français aux bouleversements conciliaires et postconciliaires à la figure de Mgr Marcel Lefebvre, premier archevêque de Dakar et supérieur général des Spiritains au moment du Concile. Pourtant, bien avant que Mgr Lefebvre ne se décide en 1970 à fonder la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X pour la préservation et la restauration du sacerdoce catholique, de nombreux français prêtres et laïcs avaient manifesté leurs craintes et leur refus face aux réformes modernistes.

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  • Ce lundi 2 juillet, Stéphane Mercier était l'invité du Forum Catholique

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    C'est ici : https://rendez-vous.leforumcatholique.org/forum.php?id=109

  • Simone Veil : canonisation laïque et question toujours vivante de l'avortement

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    De Patrick Garro sur le site de l'Homme Nouveau :

    La canonisation laïque de Simone Veil et la question toujours vivante de l’avortement

    La récente glorification de Simone Veil au Panthéon, l’éden terrestre de la République, est censée non seulement honorer la défunte mais aussi, et surtout, sacraliser à travers elle le « droit à l’avortement ». Car ce qui compte, en définitive, c’est moins la réalité de ce que furent Simone Veil et ses convictions que l’image idéologisée que chacun doit désormais en conserver. Le soviétisme avait son Stakhanov comme modèle fantasmé d’ouvrier ; nous avons Simone Veil comme exemplaire de femme libre. À croire M. Macron, qui le croit peut-être lui-même, cette dernière est entrée comme tel dans le sanctoral de tous les Français.

    La République française, toujours en guerre contre ce qui est étranger à l’idéologie révolutionnaire qui ne cesse de l’animer, n’en déplaise aux naïfs, voit dans l’avortement une conquête libératrice majeure, pour ne pas dire essentielle, remportée sur l’obscurantisme. Ses combats ne sont certes pas achevés ; il lui reste encore beaucoup à détruire pour créer enfin, sur les cendres du fanatisme, du conservatisme et du populisme, des citoyens régénérés dignes de cieux nouveaux. Il lui faut encore, dans les feux joyeux et médiatisées du « vivre ensemble », effacer davantage toute forme de société naturelle, la famille, la différenciation des sexes et jusqu’à la différenciation humaine.

    Cependant, dans cette longue marche vers la lumière, qui promet encore tant de « grands et beaux exploits », dont l’euthanasie, l’avortement constitue une pierre milliaire sacrée. Il est en effet l’étape première, la consommation, enfin ! de la maîtrise démiurgique tant attendue de l’homme sur la vie. L’âge de Samuel et de son Seigneur, dont le propre était de faire vivre et mourir (1 Samuel 2,6), « l’état théologique » dont parle Auguste Comte, cet âge-là est historiquement refermé pour de bon. Dieu a rejoint le musée de l’Homme.

    Désormais l’homme, libéré des diktats mythologiques, l’homme scientifique, l’homme de la plénitude informatique, de la finance, de la télé et des réseaux, l’homme cynique et relativiste, l’homme moderne en un mot, est désormais le maître de la création. À lui appartient le droit conquis de décider qui vit et qui meurt, et comment et quand, et pourquoi aussi, selon les multiples catéchèses dont le politiquement correct enrichit chaque jour les pages. Ce pivot de l’histoire humaine qu’est l’avortement est supposément si parfaitement intégré à la « culture » de notre civilisation, qu’il n’est plus désormais timidement désigné, comme il y a quelques années encore, par le doux euphémisme « d’interruption volontaire de grossesse ». Il est aujourd’hui pleinement assumé comme « avortement », comme « droit à l’avortement », c’est-à-dire comme privilège de donner à son gré la mort, peu important que Simone Veil, elle, se soit avisée de ce que la victime était véritablement un enfant.

    Lire la suite sur le site de l'Homme Nouveau

  • Le lobby LGBT : un véritable rouleau compresseur idéologique

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    De Patrick Garro sur le site de l'Homme Nouveau :

    Le lobby LGBT, rouleau compresseur idéologique

    Le lobby LGBT, rouleau compresseur idéologique

    Le lobby LGBT, qui n'est qu'un lobby, a un droit établi à imposer à tous son idéologie, ainsi que le démontre encore les bienveillances appuyées de la mairie de Paris dans le Marais parisien et l’ornementation de l’Assemblée nationale par un drapeau LGBT. Il n'y a pas de liberté, en revanche, pour ceux qui ne la partagent pas. Si vous habitez dans ce quartier, vous êtes dans l'obligation de la subir, de la faire subir à vos enfants ; il vous est interdit même de dire que vous ne la partagez pas. 

    Si vous êtes étranger à cette idéologie, tout citoyen français que vous puissiez être, vous n'avez aucun droit à considérer que l'étalage d'une banderole LGBT sur la façade de l'Assemblée nationale est une honte. En réalité, si vous exprimez une telle opinion, vous êtes moins qu’un citoyen français acquis à cette idéologie. Il est par ailleurs inconcevable que quelque idéologie que ce soit puisse prétendre à de tels « privilèges ». Aucun lobby, aucun parti, aucune entreprise, aucun courant d’opinion ne peut prétendre ainsi à un tel droit de colonisation de l’espace public. C’est la marque de l’essence profondément discriminatoire et totalitaire de l’idéologie LGBT. 

    Il faut ici d’ailleurs tordre le cou à une idée que les serviteurs zélés de cette idéologie cherchent à tout prix à répandre, jusqu’à l’imposer par la violence des discours ou des lois comme une évidence : la « communauté homosexuelle » n’existe pas. Pas plus d’ailleurs que la « communauté hétérosexuelle ». Tout cela n’est que de la propagande.

    Une « communauté », c’est un groupe humain uni par un lien social. Un groupe ordonné, qui tend à une fin commune. On n’est pas membre d’une communauté parce qu’on a une « orientation sexuelle » déterminée ; cette orientation, par hypothèse, est individuelle. On ne tend pas à une fin commune à un ensemble social par son « orientation sexuelle », sauf par l’hétérosexualité, qui tend à la génération.

    Un lobby homosexuel, en revanche, peut constituer une « communauté », parce qu’il est un groupe homogène dont les membres, réunis par un intérêt commun, poursuivent la défense ou la promotion de cet intérêt commun, en l’occurrence le triomphe de son idéologie dans les convictions et les mœurs sociales. C’est ce à quoi nous assistons. 

    En revanche, une personne homosexuelle ne peut pas, a priori, être rangée dans une communauté quelconque par le fait qu’elle est telle. Son homosexualité n’est pas un marqueur identitaire ou sociologique. Elle ne constitue pas un déterminisme communautariste. Soutenir le contraire, c’est entrer dans le champ idéologique de ces thèses perverses qui, dans une histoire encore récente, se sont épanouies dans le crime.  

    La conclusion est que l’on peut avoir un profond respect pour les personnes homosexuelles, que leur orientation sexuelle ne détermine à aucune violence sur les autres, quelle qu’elle soit, et un absolu mépris pour le lobby homosexuel, qui cherche à étouffer la liberté d’expression de ceux qui n’adhèrent pas à ses thèses.

    Affirmer que ceux qui s’opposent au lobby homosexuel sont hostiles aux homosexuels est une escroquerie et un mensonge absolus. Ce discours a pour objet de contraindre à donner des gages au lobby pour ne pas être suspecté d’être homophobe. Cet « amalgame » cynique doit être dénoncé avec force, y compris par les personnes homosexuelles attachées à leur propre liberté à l’égard de ce lobby qui cherche à les enrôler de force dans les rangs de ses combats politiques. Ce discours est de la même veine que celui qui était tenu par les communistes de jadis qui, dans leurs propagandes, déclaraient que ceux qui leur résistaient étaient des « ennemis de la classe ouvrière ».