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Déplorables : les déclarations de Mgr Paglia (Académie pontificale pour la Vie) sur le cas de Vincent Lambert

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De Jeanne Smits, sur son blog :

Vincent Lambert : les déplorables déclarations de Mgr Vincenzo Paglia de l'Académie pontificale pour la vie (sic)

Il aurait mieux fait de se taire. Mgr Vincenzo Paglia a choisi cette heure dramatique où Vincent Lambert agonise depuis huit jours dans son lit d'hôpital, sans eau et sans alimentation, avec la mort pour seul horizon puisque ses organes ont été irrémédiablement atteints par cet assoiffement délibéré, pour faire une déclaration des plus affligeantes. Lui, le président de l'Académie pontificale pour la vie nouvelle manière, ne trouve à déplorer que le « conflit ».

Voici ma traduction rapide des propos qu'il a publiés aujourd'hui dans Famiglia christiana. J'y ajoute quelques commentaires entre crochets, en gras et italique.

Vendredi 28 juin, la Cour de cassation française s'est prononcée contre l'interdiction de suspendre l'alimentation artificielle et l'hydratation de Vincent Lambert. Une interdiction décidée par la cour d'appel à la demande du Comité international des droits des personnes handicapées (CIDPH) des Nations unies, interrogé par les avocats des parents du patient. Les tracas liés aux ordres et contre-ordres des organes judiciaires faisant autorité indiquent clairement la difficulté de la situation.

[Comme si la situation était « difficile ». Comme s'il n'avait pas compris que Vincent Lambert n'est pas en fin de vie, sinon par la volonté de médecins qui veulent sa mort. Comme si les différentes décisions judiciaires.]

Le drame de Vincent Lambert a pris une résonance médiatique et une signification symbolique qui dépasse la singularité de sa situation. De multiples niveaux y sont entrelacés : familial, médical, juridique, politique et médiatique. Tout cela rend très délicate la formulation d'un jugement éthique, notamment parce que les données cliniques sont très complexes et ne sont pas directement accessibles dans tous leurs détails.

[Même remarque. Sur le plan éthique, l'affaire n'est justement pas complexe, du moins pour un moraliste catholique qui peut d'ailleurs se référer aux textes on ne peut plus clairs de Jean-Paul II sur l'alimentation et l'hydratation, soins ordinaires toujours dus aux malades sauf quand ils n'atteignent pas leur but et les font souffrir.] 

LES EVÊQUES FRANÇAIS

Pour sa part, la Conférence des évêques de France a souligné qu’elle n'avait pas compétence pour s'exprimer sur le cas concret, évitant de se substituer à la conscience de ceux qui sont responsables de la décision, mais apportant plutôt sa propre contribution pour éclairer la voie menant au jugement.

Elle s’est donc limitée à quelques considérations générales, sans prétendre s’impliquer dans l’appréciation du cas d'espèce, notamment en raison de l'impossibilité de disposer de toutes les informations nécessaires.

[Oui, hormis de notables exceptions, on avait remarqué ce comportement cauteleux.]

Le douloureux conflit familial autour de l’hypothèse de la suspension de l’alimentation et de l’hydratation artificielles, puisque qu’il est exclu d’accéder à la connaissance de la volonté du patient est exclu – élément essentiel pour évaluer la proportionnalité du traitement – a conduit à une impasse qui dure depuis des années.

[Scandaleux raccourci. La volonté du patient doit certes être prise en compte pour évaluer la proportionnalité d'un traitement, mais la nourriture et l'alimentation ne son pas un traitement, mais des soins ordinaires. Refuser consciemment et délibérément de manger et de boire en vue mourir est objectivement une manière de suicide, même si subjectivement il peut s'agir du résultat d'un tragique désordre mental.

La question éthique est dès lors imbriquée dans la sphère juridique. L’utilisation de moyens judiciaires a rendu le conflit plus rigide et l’a exacerbé. 

[Vous avez bien lu : les coupables sont ceux qui ont choisi les moyens judiciaires. A savoir, au départ, Viviane et Pierre Lambert qui ont été mis en 2013 devant le fait accompli de l'arrêt de l'alimentation et de l'essentiel de l'hydratation de leur fils cérébrolésé. Insupportable !]

Sans entrer dans les détails techniques de la sentence, on peut dire que la Cour suprême a examiné le choix de la suspension, qui, chez les médecins, était arrivé après une évaluation collégiale approfondie, compatible avec la loi en vigueur en France.

[Ah les merveilleux médecins, et la magnifique loi Leonetti !]

Mais dans cette longue et fatigante controverse, l'opposition (entre les parties) a envahi la sphère publique, avec un large écho médiatique, prenant la forme d'une bataille entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre l'euthanasie. Les évêques ont tout d'abord clairement réaffirmé la négativité de cette pratique. Ils ont également attiré l'attention sur l'importance des plus faibles pour la construction de la convivialité sociale. Et ils ont souligné les retombées que le choix d'arrêter le traitement peut avoir sur ceux qui se trouvent dans des situations similaires (environ 1.700 personnes en France), pour leurs familles et pour les professionnels de santé. Cette observation est particulièrement pertinente.

[Mais cette bonne note accordée aux évêques de France ne provoque nulle juste prise de conscience de ce qui se passe actuellement à Reims : l'exhibition publique, pour l'exemple, du caractère euthanasique des lois Leonetti 1 et 2.]

ENTRE MÉDECINE, DROIT ET CULTURE

En outre, d'autres événements récents, comme celui d'Alfie Evans en Angleterre et de Noa Pathoven aux Pays-Bas, ont également profondément perturbé et divisé l'opinion publique au-delà des frontières de leurs pays respectifs. Il faut souligner que ces situations sont très différentes et non comparables, pour des raisons cliniques et existentielles. Mais ils ont des points communs. D’une part, le fait que les décisions concernant la vie et la mort sont en jeu, ce qui rend conflictuelle la définition de qui a le droit de faire de tels choix : la personne malade, les membres de sa famille, les médecins, les juges. D’autre part, les moyens de plus en plus puissants dont dispose la médecine, posent de plus en plus la question de la limitation des traitements.

[Toujours cette confusion volontaire entre soins et traitements, qui est au fondement même des lois euthanasiques Leonetti 1 et 2.]

Ces événements nous obligent donc à clarifier et à approfondir le rôle et la signification des soins médicaux et les critères qui régissent leur utilisation. Le pape François nous a également rappelé qu'il est nécessaire d'éviter une prolongation aveugle des fonctions biologiques, en perdant de vue le bien intégral de la personne (Discours à la Convention sur le suicide assisté de l'Association Médicale Mondiale, 16 novembre 2017). 

[Répétons avec Paglia : « Le pape François nous a également rappelé qu'il est nécessaire d'éviter une prolongation aveugle des fonctions biologiques. » Vincent Lambert, une addition de fonctions biologiques ? Oui il faut clarifier, approfondir, mais la réflexion doit porter sur la vie humaine et sur un simple commandement, suranné quelque peu sans doute mais tellement limpide : Tu ne tueras point l'innocent.]

Face à ces déchirements dramatiques, il s’agit tout d’abord d’assumer une attitude de recueillement et de prière de proximité, afin que nous puissions trouver des moyens de communication qui favorisent la réconciliation plutôt que la controverse, au niveau familial et social. Nous devons également éviter de ne confier la solution qu’à un geste technique ou juridique afin de rechercher ensemble l’accord le plus large possible. C’est un cheminement qui exige un engagement, non seulement personnel mais aussi collectif, pour élaborer ce sens de la vie que la souffrance remet en question et pour affronter la limite radicale que représente la mort. Il s’agit d'éveiller les forces que la culture a toujours mobilisées dans l'histoire de l'humanité, dans toutes ses expressions symboliques, de l’artistique au religieux, offrant des raisons de vivre. Seule une formation plus étendue et plus profonde des consciences peut nous préparer à des décisions aussi dramatiques et complexes. En sachant que personne ne devrait jamais être abandonné. Que l’amour doit toujours l’accompagner. Cet amour qui vainc aussi la mort.

Mgr Vincenzo Paglia 

Je m'abstiens de commenter cette langue de buis ecclésiastique et très peu catholique. Il y a en effet une crise de la conscience dans certaines sphères haut placées de la hiérarchie de l'Eglise. La même qui a mené Vincent Lambert là où il est aujourd'hui.

Commentaires

  • Qui sera le nouveau Mgr von Galen? Qui osera au nom de l'Eglise clairement désigner les choses?

  • Malheureusement pour notre génération, nos évêques sont bien timorés. Le mot d'ordre semble être "ne pas faire de vagues"!
    C'est un très mauvais calcul, la sanction du Très-Haut sera sévère pour ceux qui ne défendent pas son évangile alors que c'est leur rôle !

  • si les membres de l'Eglise respectaient l' Evangile, le commandement " tu ne tueras point" serait appliqué et on ne devrait pas parler de problème éthique: l' avortement , le suicide assisté et la mort programmée sont contraires à ce commandement et doivent être condamnés sans équivoque.

  • "La question éthique est dès lors imbriquée dans la sphère juridique., etc..." dit-il. Comme d'habitude, ces derniers temps, les clercs ne parlent de la Vérité qu'en se noyant dans une optique sociale où toutes les opinions doivent être prises en compte, La tête "pensante" de l'Eglise parait bien confuse, ce qui l'empêche de répondre, sans cléricalisme, aux questions légitime des fidèles.

  • De ce curieux (à divers titres) prélat, nommé par le pape actuel à la tête d’un nouveau conseil pontifical pour la vie, pouvait-on attendre un autre langage que celui de la langue de buis?

    Dans le même temps, sur son site « pontifex », François lui-même appelait à « prier pour les malades abandonnés et qu’on laisse mourir » .

    En l’occurrence, le verbe « laisser » choisi par le pontife vaut son pesant d’ambiguïté. Vincent Lambert est décédé d’une inanition provoquée et obtenue : neuf jours après l’arrêt de son alimentation et de son hydratation décidé, contre l’avis d’une partie des siens, par le CHU de Reims, alors même que sa vie n’était pas menacée.

    Au jésuitisme mal venu, il est permis de préférer la réaction sans ambages de l’écrivain Michel Houllebecq dans une tribune publiée par le quotidien Le Monde . Je cite : « Le CHU de Reims n’a pas relâché sa proie, ce qui peut surprendre. Vincent Lambert n’était nullement en proie à des souffrances insoutenables, il n’était en proie à aucune souffrance du tout. Il n’était même pas en fin de vie. Il vivait dans un état mental particulier, dont le plus honnête serait de dire qu’on ne connaît à peu près rien".

    Dans pareil contexte, que valent encore les beaux discours stigmatisant la culture du déchet ?

  • Cette clique vaticane est de la pire espèce.
    Récemment, je me suis rendu à l'Abbaye St-Madeleine du Barroux. Certes dites "traditionaliste", la partie réservée aux séculiers débordait de personnes, pas des vieux croulants commes dans nos paroisses wallones, non, des adolescents, des trentenaires, un silence respectueux, une attention, une participation constante, et la plupart du temps en latin... qu'ils semblent pas mal connaitre.
    Pour mon salut... je déménage.

  • Que les chrétiens que nous sommes (et tout particulièrement cet évêque inqualifiable) repensent à l’enseignement de Jésus-Christ à travers la « Parabole du bon samaritain »! L’homme blessé par les brigands git (dixit) « à moitié mort » au sol. Peut-on imaginer une seule milliseconde que notre Seigneur ait pu dire « -L’homme souffrait trop, le samaritain, par compassion lui a fait boire du vin pour qu’il ne se sente pas mourir et il l’a étouffé avec un linge . Il a mis fin à ses souffrance, cela est bon." IMPOSSIBLE!!!, Il se serait renié lui-même. C’est tout le contraire qui s’est passé! La petite flamme de vie qu’il restait en cet homme gravement blessé a été entretenue avec soin, respect et amour par le samaritain. Pour lui, la vie était sacrée quelque soit la blessure. A partir de là, nombre de questions que l’on se pose et qui font machiavéliquement polémique sont caduques. Notamment: « le blessé sera t-il handicapé par la suite? » « sa vie vaudra t-elle la peine d’être vécue? » Sachant qu’il était à moitié mort avant d’être secouru, il a peut-être été touché à la tête, aura-il encore toutes ses capacités psychiques. Pourra-t-il encore se nourrir seul? Qui pourra s’occuper de lui? Ne sera-t-il pas un poids pour son entourage? Pour aboutir à :Ne vaudrait-il pas mieux lui donner la mort? Le silence du Seigneur au sujet de ce qui advient par la suite au blessé, après qu’il ait pu quitter la bonne auberge, parle de lui même. C’est « QUI IL EST » qui répond à cette question: il est le Chemin, la Vérité et la Vie. Oui, la VIE! Voilà, je crois, notre REFERENCE ABSOLUE qui aurait du rendre les avis simples et limpides, sans polémiques possible pour tous les chrétiens au regard de ce qui arrivait à Vincent. Oui, référence absolue car elle vient du Maître de l’Univers, de Jésus. Cet épisode de l’Evangile « remet les choses à l’endroit » presque, (je ne dis pas que c’est le cas), mais presque comme si Jésus avait en tête ce qui allait se passer à notre époque de culture de mort. C’est tellement éloquent! Cet évêque, entre autres, a des yeux et ne voit pas. Il semble laisser les toiles d'araignées s'accumuler sur sa Bible.

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