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  • Amazonie: Ratzinger et Rahner s’affrontent

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    Lu sur le site « Benoît et moi » cette traduction d’un article paru dans  La NBQ (Nuova Bussola Quotidiana) du 17 septembre :

    Le prochain synode de l’Amazonie veut une Église amazonienne alors qu’il ne parle pas d’une Amazonie chrétienne. Sur ce point, les perspectives théologiques de Joseph Ratzinger et de Karl Rahner s’opposent.

    Pour Ratzinger, il y a l’obligation d' »envoyer tous les peuples à l’école de Jésus, parce qu’il est la vérité en personne », pour Rahner au contraire, Dieu se communique lui-même et sa grâce est présente dans les autres religions.

    De la théologie de Rahner émergent les positions du pluralisme religieux et du relativisme religieux sur lesquelles l’Instruction Dominus Jesus (2000) a apporté ses mises au point. L’Instrumentum laboris du Synode ne parle jamais d’évangélisation mais seulement d’inculturation, il ne parle jamais d’enseigner mais seulement d’écouter, il ne parle jamais de poser des questions mais de se poser des questions, pas d’interroger mais de s’interroger. En d’autres termes, l’Église devrait devenir « amazonienne », dans le sens de se reformuler elle-même (« désapprendre, réapprendre, apprendre », dit le document). C’est exactement la position de Rahner, et pas celle de Ratzinger.

    Foi vérité tolérance 51QX8CA5FEL._SX310_BO1,204,203,200_.jpgDans le livre « Foi vérité tolérance. Le christianisme et les religions du monde » [en français: Foi, vérité, tolérance, Le christianisme et la rencontre des religions], Ratzinger dénonce l’impératif d’aujourd’hui: « ne violez pas les religions là où elles existent encore! » Mais il se demande si leur restauration est vraiment souhaitable, étant donné, par exemple, que les Aztèques « offraient aux dieux de la terre et de la végétation des hommes et des femmes à qui la peau était généralement arrachée ». Il ne faut pas voir dans toutes les religions – c’est sa thèse – des chemins de Dieu vers l’homme et de l’homme vers Dieu.

    Si l’on tient compte de cela, l’assurance excessive avec laquelle l’Instrumentum laboris exalte les cultures primitives s’avère problématique.

    Divers interprètes catholiques présentent naïvement la mentalité indigène comme porteuse absolue de ‘bonne vie’, passant sous silence les aspects de violence, de peur et de sujétion qui la caractérisent et que nous rappelle, quoique de façon extrême, l’exemple des Aztèques.

    La perspective de Rahner est très différente de celle de Ratzinger. Pour lui, « partout où se déroule une histoire individuelle et collective de l’humanité, se déroule non seulement une histoire du salut, mais aussi une histoire de la révélation au sens propre du terme ».
    Dans l’homme en situation, dans l’homme historique, Dieu se communique non pas avec des informations et des contenus de vérité mais avec l’ouverture de l’existence même à l’avenir et à l’espérance. Si l’on voit les choses selon ce point de vue, il n’est plus possible de croire que l’Église et les missionnaires ont des vérités à proposer aux peuples indigènes, comme si la réalité terrestre [qu’ils représentent] était privée de la révélation divine et l’attendait des missionnaires. Du reste, si la situation historique et culturelle des peuples autochtones est déjà une histoire de salut, est déjà une révélation, elle doit être laissée telle quelle et ne doit pas faire l’objet d’une annonce particulière et nouvelle. Elle doit être comprise et accompagnée, en se laissant problématiser par ses provocations qui libèrent l’Église de l’idéologie de la doctrine, c’est-à-dire de la prétention d’avoir un système bien construit de vérité à diffuser à tous.

    Il y a cependant un autre point du Synode de l’Amazonie où l’opposition Ratzinger-Rahner est évidente. Dans le livre « Foi Vérité Tolérance… » Ratzinger dit que la doctrine rahnérienne de « l’inclusivisme » [concept théologique de certaines églises chrétiennes, selon laquelle, à la suite du théologien Karl Rahner, tout homme est un chrétien anonyme que l’on peut considérer comme ayant une foi chrétienne implicite, wikipedia], c’est-à-dire l’inclusion de toutes les religions dans l’histoire du salut et dans la révélation de Dieu, constitue une « mystique » qui à son tour devient une autre religion. Une mystique unirait au fond toutes les religions, du bouddhisme à l’hindouisme en passant par le christianisme. La référence commune à la mystique de la Mère Terre est aujourd’hui un exemple de cette nouvelle perspective au-delà des religions. Mais – c’est là le point de différenciation – pour Ratzinger « le concept d’un christianisme sans religion est contradictoire et irréaliste ».

    Ref. Amazonie: Ratzinger et Rahner s’affrontent

    "Le Christianisme n’est pas comparable aux autres religions:c’est une réalité complètement différente. Il appartient à une histoire qui commence avec Abraham, dans laquelle Dieu montre son visage. Dieu se révèle comme une personne qui sait parler  et répondre, entre dans l’histoire. Et ce visage de Dieu, un Dieu qui est une personne et agit dans l’histoire, trouve son accomplissement dans cet instant où Dieu lui-même, se faisant homme Lui-même, entre dans le temps. Donc, même historiquement, on ne peut pas assimiler Jésus-Christ aux différentes figures religieuses ou aux visions mythologiques, orientales ou autres ".(Joseph Ratzinger, en réponse aux questions du journaliste Antonio Socci, en 2003) . 

    JPSC

  • Le fauteur potentiel d'un schisme siège au côté du pape

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    Du Père Raymond J. de Souza sur le National Catholic Register :

    La menace du schisme vient d'Allemagne, pas des États-Unis

    COMMENTAIRE: Un schisme dirigé par les Américains semble si éloigné qu’il paraît impossible, alors que les évêques allemands défient ouvertement le pape François.

    Discuter du schisme dans l'Église est maintenant «promiscuous», écrit le chroniqueur du New York Times, Ross Douthat. Le pape François l'a longuement abordé lors de son vol de retour de Madagascar. Mais où est le danger du schisme? Il est beaucoup plus probable que ce soit en Allemagne, où les évêques défient ouvertement le Saint-Père, qu'aux États-Unis.

    La question du schisme potentiel a été soulevée lors des récents vols papaux en provenance et à destination de l'Afrique. Sur le vol aller, avec la présentation d'un livre accusant certains Américains de comploter pour renverser le pape, et le Saint-Père a déclaré que "c'est un honneur quand les Américains m'attaquent".

    Le porte-parole papal Matteo Bruni a ensuite rapidement redressé la situation pour indiquer que le Saint-Père respectait grandement les points de vue américains. Cela n’a pas marché avec la presse, aussi le pape François a-t-il été interrogé sur le vol de retour, en réponse à quoi il a déclaré qu’il ne voulait pas de schisme, mais «ne le craignait pas».

    Toujours dans l'avion pour le Mozambique, le pape François, répondant à une question sur les préoccupations exprimées par le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a déclaré: «Il a de bonnes intentions; c'est un homme bon. Le pape l'aime bien. Mais il est comme un enfant. "

    Bien que rapporté par des agences de presse catholiques allemandes et autrichiennes, le bureau de presse du Saint-Siège n'a pas commenté cette étonnante façon de caractériser un théologien accompli.

    Les deux commentaires invitent à réfléchir sur le danger schismatique, s’il existe.

    Un schisme dirigé par les Américains semble si éloigné qu'il est impossible.

    Il n’ya pas un seul évêque américain qui ait dit ou fait quoi que ce soit qui indiquerait l'imminence d'un schisme. Certes, certains secteurs de l’opinion catholique américaine sont critiques, voire hostiles, vis-à-vis du pape François, mais le bavardage sur Internet ne constitue pas un schisme.

    En tout cas, depuis Vatican II, il y a des pays entiers où l'establishment théologique - professeurs d'université et formateurs de séminaire, et non les journalistes sur internet - s'est publiquement dissocié de l'enseignement catholique ce qui n'a donné lieu à aucun schisme.

    Même une critique directe de l’enseignement ou des décisions du Saint-Père ne constitue pas un schisme. Cela peut éroder la confiance et la bonne volonté fraternelle, mais cela ne rompt pas la communion. Quoi qu’il en soit, cependant, en termes d’épiscopat national, les Américains ne sont guère des leaders en critiquant ce pontificat.

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  • Quand le christianisme se dissout en une série de « valeurs » qui ont cours dans le monde

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    De Sandro Magister en traduction sur le site Diakonos.be :

    Tous à l’école de l’Antéchrist. Mais un cardinal se rebiffe

    Tandis que la polémique fait rage autour du synode sur l’Amazonie mais dont l’épicentre se situe en réalité dans l’Eglise allemande, la dernière intervention du pape François est pratiquement passée inaperçue.

    Elle s’intitule : « Reconstruire le pacte éducatif mondial » et s’adresse à « toutes les personnalités publiques » qui « s’engagent au niveau mondial » dans le domaine scolaire, quelle que soit la religion à laquelle ils appartiennent. Ce 12 septembre, on a appris qu’un sommet serait organisé le 14 mai 2020 au Vatican.

    Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’un pape comme Jorge Mario Bergoglio qui appartient à la Compagnie de jésus – qui a formé les classes dirigeantes pendant des siècles – ait aussi à cœur l’école et la formation des nouvelles générations. Mais ce qui frappe surtout, c’est l’absence totale de la moindre spécificité chrétienne dans son projet éducatif.

    Dans le message vidéo par lequel François a lancé cette initiative, on ne trouve nulle trace ni de Dieu, ni de Jésus, ni de l’Église. La formule principale, c’est le « nouvel humanisme », avec ses inséparables « maison commune », « solidarité universelle », « fraternité », « convergence », et « accueil ».

    Et les religions ? Elles se trouvent toutes mises dans le même pot et neutralisées dans un vague « dialogue ». Pour « aplanir le terrain des discriminations », le pape renvoie au document « sur la fraternité universelle » qu’il a signé le 4 février 2019 avec le grand Imam d’Al-Azhar, un document dans lequel même « le pluralisme et la diversité des religions » sont attribués à « la sage volonté divine avec laquelle Dieu a créé les êtres humains ».

    La nouveauté de cette initiative de François consiste justement dans le fait que pour la première fois, un pape souscrive et entende mettre en œuvre un pacte scolaire aussi radicalement sécularisé. Parce qu’en réalité, un « nouvel humanisme » sans le Christ n’a rien de neuf, il s’agit plutôt d’une constante dans la pensée occidentale des deux derniers siècles.

    Du grand Inquisiteur de Fédor Dostoïevski à l’Évangile selon Léon Tolstoï en passant par l’Antéchrist de Vladimir Soloviev, sans oublier le « nouvel humanisme » d’Edgar Morin justement – le philosophe français reçu en audience privée le 27 juin dernier par François au lendemain d’une conférence à Rome portant les « convergences » de sa pensée avec la vision du pape actuel – les formules dans lesquelles la personne unique et irremplaçable du Christ se retrouve dissoute dans un vague amour pour l’humanité ne manquent pas.

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  • Rome n’ose plus critiquer le gouvernement chinois auquel il a bradé l’Église chinoise

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    De Jordan Pouille sur le site de l'hebdomadaire La Vie :

    Cardinal Zen : “Je continue de m’exprimer car il n’y a pas assez de voix”

     

    Le cardinal Joseph Zen nous reçoit chez lui à Hong Kong, dans sa résidence du quartier de Shau Kei Wan, qu’il partage avec sept autres religieux à la retraite et une dizaine de missionnaires, actuellement en Chine continentale. Un gratte-ciel de logement sociaux sort de terre juste à côté. Fête de la mi-automne oblige, une dame nous sert un petit gâteau de lune accompagné d’un thé au jasmin.

    Le mouvement s’est durci depuis un raid policier dans une rame de métro le 31 août. Quelle est aujourd’hui la position des catholiques à Hong-Kong vis-à-vis de cette mobilisation ?

    On peut déjà dire que l’élite catholique est divisée. À Hong-Kong, nous avons six religions officiellement reconnues. Elles sont organisées en institutions et manipulées par le Parti communiste chinois via le Front uni. Quand ces institutions appellent publiquement le peuple à la retenue, c’est de la comédie ! Le peuple est déjà fort modéré face aux tribunaux et à la police, très répressifs.

    Même si l’Establishment au sein de l’Église de Hong-Kong est très conservateur, le diocèse dispose toujours, depuis 1977, d’une Commission pour la Paix et la Justice. Dans leur dernier communiqué, ils ont affiché un soutien clair aux revendications des manifestants. Et nous avons un évêque auxiliaire particulièrement actif. Mgr Joseph Ha (60 ans) participe aux marches, appelle à prier pour la paix, contre l’injustice et la corruption. Beaucoup de gens espèrent qu’il deviendra le prochain évêque, mais ce ne sera pas lui car il est trop critique. Quant-à-moi, je suis très vieux mais je continue de m’exprimer car il n’y a pas assez de voix.

    Joshua Wong, jeune leader de la « Révolution des parapluies » en 2014, était protestant. Y a-t-il un leader catholique aujourd’hui ?

    Cette fois, il n’existe plus de leader proclamé et je constate que les catholiques sont davantage mobilisés. L’association des étudiants catholiques est très active, par exemple. Bien sûr, les manifestants protestants restent plus nombreux, ce qui est logique : le gouvernement dénombre 500.000 Hongkongais protestants et 400.000 catholiques parmi la population. Il faut savoir que beaucoup de Hongkongais reçoivent une éducation catholique, du primaire au lycée, car traditionnellement, l’Église catholique gère cette partie de la scolarité. Ils apprécient une certaine tradition conservatrice de l’école catholique, même si l’influence religieuse se réduit. Les protestants, eux, ont trois universités reconnues. Et c’est quand même à la fac que se forgent pas mal de convictions, d’idéaux. En 2014, après la Révolution des Parapluies, beaucoup d’étudiants ont été endormis, manipulés par le gouvernement ou ont terminé en prison. Ce projet de loi d’extradition, aujourd’hui retiré, a réveillé tout le monde.

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  • Le principe de la mondialisation, c’est la négation du politique au bénéfice de l’économique

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    De Raphaëlle Lespinas sur le site de l'Homme Nouveau :

    La mondialisation comme négation du politique

    Rédigé par Raphaëlle Lespinas suite à un entretien avec Guilhem Golfin le  dans Culture

    La mondialisation comme négation du politique

    Philosophe, collaborateur de L'Homme Nouveau, Guilhem Golfin publie Babylone et l'effacement de César, un essai roboratif, qui, hors des sentiers de la pensée de consommation, passe la question de la mondialisation au prisme de la politique. 

    Analysez-vous la mondialisation comme un phénomène inéluctable ou bien comme quelque chose que nous pouvons encore choisir d’accepter ou de refuser ?

    La mondialisation est présentée le plus souvent comme un voyage sans retour, un aller simple. De nombreux arguments vont dans ce sens. Le plus fréquent est le développement des moyens de transport et de communication qui ont considérablement rapproché les hommes, au moins physiquement, et auxquels, sauf effondrement de la civilisation technique, on voit mal les hommes renoncer. En soi, ce rapprochement n’est pas une mauvaise chose : l’homme est fait pour connaître, et se connaître, et les rencontres entre cultures diverses ne peuvent que contribuer à cette connaissance.

    Maintenant, il y a quelque sophisme dans la présentation commune des choses. La mondialisation, ce n’est pas seulement, ce n’est même sans doute pas d’abord, le rapprochement entre les hommes. C’est une organisation des rapports internationaux qui entend soumettre les peuples au diktat de l’économie libérale et capitaliste, et par ce moyen à la domination d’une ploutocratie. Loin de contribuer à enrichir les hommes de leurs différences, elle vise à uniformiser les conditions en généralisant la société de consommation et à faire fi de ces différences, selon le postulat d’un caractère interchangeable d’hommes réduits à leur utilité économique. Cette tyrannie profondément contre nature sera renversée, comme toute tyrannie, car le choix appartient aux peuples. Le problème n’est pas tant là que dans la conception de ce qui doit s’y substituer.

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