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Célibat: nier la doctrine tout en la confirmant

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De Stefano Fontana dans la Nova Bussola Quotidiana, cet article traduit et publié sur le site web « Benoit et moi »:

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« L’idée s’est désormais répandue dans l’Église que ce pontificat veut changer beaucoup de choses doctrinales tout en réaffirmant la doctrine. Nous sommes confrontés à une nouvelle preuve évidente que dans l’Église aujourd’hui il y a deux langages théologiques incompatibles.

Après les anticipations du livre sur la question du célibat sacerdotal, les jeux se durcissent et le niveau de tension est très élevé. Les enjeux et les protagonistes eux-mêmes sont au taquet. Les commentateurs creusent dans diverses directions pour comprendre ce qui se passe dans l’Église. A leurs réflexions, je voudrais ajouter une observation non pas tant sur le contenu (célibat) que sur la méthode.

Nous sommes confrontés à une nouvelle preuve évidente qu’il y a deux langages théologiques incompatibles dans l’Église aujourd’hui. Au niveau de la pensée, le tremblement de terre qui se produit depuis un certain temps désormais peut être expliqué ainsi.

Le Pape François a affirmé à plusieurs reprises que pour lui la richesse du célibat est un fait certain et qu’on ne doit pas y toucher. Pourquoi, alors, y a-t-il un nouveau livre de Benoît XVI et du Cardinal Sarah défendant farouchement le célibat ecclésiastique? Il n’est pas en danger, le pontife régnant prétend le considérer comme une richesse pour l’Église. Ses défenseurs ont beau jeu de prétendre que le pape François ne dit rien de nouveau par rapport à ses prédécesseurs, lui aussi confirme la validité du célibat. Ce qui signifie que le livre doit être considéré comme un prétexte, dénué de fondement. Mais beaucoup ont salué le livre comme une libération, signe que la crainte que quelque chose d’important sur le célibat change dans l’Église est répandue. Mais pourquoi cette impression est-elle si répandue si le Pape François a affirmé que le célibat est une richesse, confirmant ainsi la vérité de tous les temps? Ceux qui craignent un changement de norme sur cette question étaient-ils distraits quand le pape François a exprimé sa confirmation du célibat? Comme on le le voit, c’est un cercle vicieux et c’est cela qu’il faut clarifier.

L’idée s’est désormais répandue dans l’Église que ce pontificat veut changer beaucoup de choses doctrinales tout en réaffirmant la doctrine. Beaucoup pensent que ce n’est qu’une tactique, d’autres, allant plus loin, pensent que c’est une façon de penser, nourrie théologiquement. C’est pourquoi quand le Pape dit que le célibat est une richesse, pour beaucoup, cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas de changement sur le célibat et ils ne se sentent pas rassurés. Si le célibat est une richesse, pourquoi le pape a-t-il permis que les documents du Synode de l’Amazonie disent beaucoup de choses qui s’y opposent? Pourquoi a-t-il permis que des cardinaux réclament l’approbation universelle des prêtres mariés dans la région amazonienne? Pourquoi a-t-il initié un processus de discussion s’il n’a pas l’intention de changer les choses sur le célibat? De telles observations conduisent beaucoup à penser que des changements vont se produire, bien que le pape ait dit que le célibat est une richesse et qu’en tant que tel il n’est pas touché, et que ces changements s’étendront à toute l’Église.

Du reste, ces craintes sur l’avenir du célibat, malgré les propos rassurants du Pape, n’auraient aucun sens si elles n’étaient pas induites par d’autres cas précédents, au point de pouvoir parler d’une nouvelle façon de procéder de la part de l’autorité ecclésiastique. Le prototype de cette façon de faire a été Amoris laetitia. Dans ce cas également, il a été réitéré que ce que Jean-Paul II a enseigné est une richesse, aucune nouvelle doctrine n’a été officiellement annoncée, mais un processus a été engagé qui, de fait, a changé la doctrine, alors qu’elle était confirmée. Antonio Livi avait fait remarquer que cette façon de penser et de procéder est hégélienne: la thèse n’est pas annulée, mais maintenue dans la synthèse, laquelle toutefois naît de sa négation. L’interprétation est intéressante, mais il manque un petit ajout important. La synthèse ne sera pas une nouvelle doctrine mais une nouvelle praxis impliquant, mais n’exprimant pas, une nouvelle doctrine. De cette façon, il devient possible qu’il y ait une doctrine, et beaucoup de pratiques différentes avec la même doctrine, c’est-à-dire une doctrine et beaucoup de ses exceptions qui de fait éduquent à une nouvelle doctrine, qu’à ce stade nous pourrions appeler implicite.

Une étape importante dans ce type de parcours est que la situation existentielle, qui devrait être lue à la lumière de la doctrine, devient au contraire point de départ de la relecture de la doctrine, d’abord comme circonstance atténuante, puis comme exception. Si le célibat est une richesse pour l’Église en tant que tel, pourquoi n’est-il pas aussi une richesse pour l’Église en Amazonie? La situation en Amazonie est mise en cause pour atténuer la doctrine, mais ensuite elle devient une exception et beaucoup craignent qu’une fois généralisée, elle ne devienne une nouvelle doctrine, sinon formulée, du moins vécue. Il en est de même pour les divorcés remariés après Amoris laetitia: d’abord, leur situation devait expliquer l’atténuation de la règle découlant précisément des circonstances atténuantes liées à l’histoire de vie spécifique des personnes concernées, mais ensuite la situation, de circonstance atténuante est devenue exception et, dans de nombreuses parties de l’Église, elle est maintenant devenue une norme de fait.

Cette façon de faire cause de graves torts à l’Église. Le Pape devrait confirmer la doctrine, et il le fait aussi, mais ces confirmations ne nous rassurent pas, car il semble avoir une conception nouvelle et différente de la relation entre la doctrine et la pratique. De sorte qu’aujourd’hui, beaucoup de fidèles craignent l’ouverture de processus non validés en amont par la doctrine, même si celle-ci est formellement confirmée, et ils voient le danger d’une doctrine confirmée et niée en même temps, bien qu’à des niveaux différents. Les deux approches différentes semblent maintenant être entrées en conflit au sommet de l’Église. »

Ref. Célibat: nier la doctrine tout en la confirmant

JPSC

Commentaires

  • "poco furbo"

  • En tant que psychothérapeute j'ai accompagné un certain nombre de personnes divorcées, « remariées » ou non, ou en voie de divorcer. J'ai aussi accompagné des homosexuels actifs, homme ou femme, des alcooliques, des toxicomanes, des suicidaires et des meurtriers. Sans juger ou condamner personne, et aucune de ces personnes ne s'est, je crois, sentie rejetée ou méprisée. Mais je ne pouvais pas ne pas voir qu'une partie de leurs souffrances étaient précisément dans leur vécu et j'ai toujours travaillé à leur faire prendre conscience de leur état. Je n'ai jamais approuvé ce qui me semblait toxique pour eux ; la moindre des choses est d'être interrogatif ou sceptique, car si ces personnes viennent me voir c'est pour trouver un nouveau chemin, même si à un autre niveau elles disent le contraire. Ce serait donc les trahir que de les enfermer, par complaisance ou lâcheté dans leur cercle vicieux.
    L’Église est une mère qui accueille et console, mais le saint-père doit être un père qui rappelle, sans faiblesse coupable, la loi de la réalité voulue par le créateur

  • Merci John-Paul de votre compréhension et du respect de l'autre. Mais la casuistique jésuite qui au nom de la pastorale nie en affirmant c'est tout ce que je n'aime pas. Il faut certes être charitable et respectueux de l'autre, mais le Christ lui-même ne s'est pas privé, à de nombreuses reprises, de traiter les pharisiens d'hypocrites ou de sépulcres blanchis et d'autres aménités qui n'étaient ni des compliments ni des approbations. Il y a des situations où l'on ne peut pas se taire.

  • Bonjour,

    Les Souverains pontifes qui ont été à la fois conciliaires et conservateurs, du début des années 1960 au début des années 2010, c'est-à-dire à la fois

    - non anti-libéraux ad extra, en direction des confessions chrétiennes non catholiques et des religions non chrétiennes,

    et

    - non philo-libéraux ad intra, dans les domaines de la morale chrétienne et des sacrements de l'Eglise,

    auraient dû pouvoir se dire qu'un beau jour un pape commencerait à faire aller l'Eglise catholique en direction d'une position philo-libérale ad extra (dans le domaine de la religion) ET philo-libérale ad intra (dans celui des sacrements), et il me semble vraiment que, depuis mars 2013, "nous y sommes".

    Par ailleurs, les mêmes papes, de Jean XXIII à Benoît XVI inclus, ont souvent accepté, sinon parfois approuvé

    - la transformation du Magistère catholique, ou, en tout cas, la transformation de sa réception dominante, dans l'Eglise, en une dynamique de plus en plus évolutive,

    et

    - la transformation de la pastorale catholique, ou, pour le moins, la transformation de sa pratique dominante, dans l'Eglise, en une praxis de plus en plus adaptative.

    En ce sens, pour les raisons qui précèdent, c'est la moindre des choses que nous en soyons arrivés à la dégradation de la situation dont nous sommes témoins et victimes, depuis le début du pontifical actuel, puisque cette dégradation a été amplement précédée et préparée, pendant un demi-siècle...

    A partir de là, que dire et que faire ? Eh bien, voyez-vous, il faut commencer par dire la vérité aux catholiques,

    - sur les origines intellectuelles, philosophiques et théologiques, de ce qui leur arrive, en réalité, depuis l'avant-Concile sous Pie XII, et non depuis le pré-Concile, sous Jean XXIII,

    mais aussi

    - sur les conditions de formation et de sélection des futurs théologiens, des futurs prêtres et des futurs évêques qui sont effectivement mises en oeuvre, au moins depuis le début des années 1960, chez les dominicains, chez les jésuites, chez les franciscains, etc., ainsi que, bien entendu, dans les séminaires diocésains ou inter-diocésains.

    Mais comme la vérité est de plus en soumise au consensus, il est de plus en plus difficile de préciser ou de rappeler ce qu'est réellement la vérité, sur ces deux points essentiels, dans une Eglise catholique dans laquelle toute précision, même argumentée et documentée, mais potentiellement dissensuelle, est considérée comme attentatoire à la "charité", pour ne pas dire attentatoire à la prétendue ou soi-disant "nouvelle" conception du "discernement évangélique", de la "miséricorde" et de "l'ouverture vers les périphéries" qui se manifeste depuis la première année du pontificat actuel.

    Conclusion provisoire :

    - dans le meilleur des cas, nous sommes en présence d'un système auto-bloquant, dans lequel on continue à déplorer et à subir les conséquences, tout en continuer à ne pas dénoncer et à ne pas neutraliser les origines,

    et,

    - dans le pire des cas, nous sommes en présence de l'accélération et de l'amplification d'une auto-destruction (qui a été pressentie, en d'autres temps, par Paul VI),

    a) non avant tout à cause du non respect du Magistère pontifical ACTUEL par les responsables officiels de sa prise en compte et de sa mise en oeuvre effective, dans les diocèses et dans les paroisses,

    b) mais avant tout à cause du non respect du Magistère pontifical ANTERIEUR par ceux-là mêmes qui ont la charge du Magistère pontifical ACTUEL.

    Cela se passe comme cela, dans "l'Eglise de François" :

    - on canonise Paul VI, le pape de Sacerdotalis caelibatus (1967),

    - on canonise Jean-Paul II, le pape de Ordinatio sacerdotalis (1994),

    et, peu de temps après, on laisse entendre que l'on est disposé à "contourner" ou à "dépasser" ces deux éléments constitutifs du Magistère pontifical ANTERIEUR au Magistère pontifical ACTUEL...

    http://www.vatican.va/content/paul-vi/fr/encyclicals/documents/hf_p-vi_enc_24061967_sacerdotalis.html

    http://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/apost_letters/1994/documents/hf_jp-ii_apl_19940522_ordinatio-sacerdotalis.html

    Bonne journée.

    Un lecteur.

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