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Coronavirus : un évêque refuse de céder à la panique

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De Mgr Roland, évêque de Belley Ars, sur le site de l'Eglise dans les pays de l'Ain :

Epidémie du coronavirus ou épidémie de peur ?

Photo Jean-François Grimmer

Plus que l’épidémie du coronavirus, nous devons craindre l’épidémie de la peur ! Pour ma part, je me refuse de céder à la panique collective et de m’assujettir au principe de précaution qui semble mouvoir les institutions civiles.

Je n’entends donc pas édicter de consignes particulières pour mon diocèse : les chrétiens vont-ils cesser de se rassembler pour prier ? Vont-ils renoncer à fréquenter et à secourir leurs semblables ? Hormis les mesures de prudence élémentaire que chacun prend spontanément pour ne pas contaminer les autres lorsqu’il est malade, il n’est pas opportun d’en rajouter. 

Nous devrions plutôt nous souvenir que dans des situations bien plus graves, celles des grandes pestes, et alors que les moyens sanitaires n’étaient pas ceux d’aujourd’hui, les populations chrétiennes se sont illustrées par des démarches de prière collective, ainsi que par le secours aux malades, l’assistance aux mourants et la sépulture des défunts. Bref, les disciples du Christ ne se sont ni détournés de Dieu ni dérobés au semblable. Bien au contraire ! 

La panique collective à laquelle nous assistons aujourd’hui n’est-elle pas révélatrice de notre rapport faussé à la réalité de la mort ? Ne manifeste-elle pas les effets anxiogènes de la perte de Dieu ? Nous voulons nous cacher que nous sommes mortels et, nous étant fermés à la dimension spirituelle de notre être, nous perdons pied. Parce que nous disposons de techniques de plus en plus élaborées et plus performantes,  nous prétendons tout maîtriser et nous occultons que nous ne sommes pas les maîtres de la vie ! 

Au passage, notons que l’occurrence de cette épidémie au moment des débats sur les lois de bioéthique nous rappelle fort heureusement notre fragilité humaine ! Et cette crise mondiale présente au moins l’avantage de nous rappeler que nous habitons une maison commune, que nous sommes tous vulnérables et interdépendants, et qu’il est plus urgent de coopérer que de fermer nos frontières !

Et puis nous semblons tous avoir perdu la tête ! En tous cas nous vivons dans le mensonge. Pourquoi focaliser soudainement notre attention sur le seul coronavirus ? Pourquoi nous cacher que chaque année, en France, la banale grippe saisonnière fait entre 2 à 6 millions de malades et provoque environ 8.000 décès ? Nous semblons avoir également évacué de notre mémoire collective le fait que l’alcool est responsable de 41.000 décès par an, tandis qu’on estime à 73.000 ceux qui sont attribués au tabac ! 

Loin de moi donc, l’idée de prescrire la fermeture des églises, la suppression de messes, l’abandon du geste de paix lors de l’Eucharistie, l’imposition de tel ou tel mode de communion réputé plus hygiénique (ceci dit, chacun pourra toujours faire comme il voudra !), car une église n’est pas un lieu à risque, mais un lieu de salut. C’est un espace où l’on accueille celui qui est la Vie, Jésus-Christ, et où par lui, avec lui et en lui, on apprend ensemble à être des vivants. Une église doit demeurer ce qu’elle est : un lieu d’espérance ! 

Faut-il se calfeutrer chez soi ? Faut-il dévaliser le supermarché du quartier et constituer des réserves afin de se préparer à tenir un siège ? Non ! Car un chrétien ne craint pas la mort. Il n’ignore pas qu’il est mortel, mais il sait en qui il a mis sa confiance. Il croit en Jésus qui lui affirme : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vite et croit en moi ne mourra jamais » (Jean 11, 25-26). Il se sait habité et animé par « l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts » (Romains 8, 11).

Et puis un chrétien ne s’appartient pas à lui-même, sa vie est donnée, car il suit Jésus, qui  enseigne : « Celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Evangile la sauvera » (Marc 8, 35). Il ne s’expose certes pas indûment, mais il ne cherche pas non plus à se préserver. A la suite de son Maître et Seigneur crucifié, il apprend à se donner généreusement au service de ses frères les plus fragiles, dans la perspective de la vie éternelle.

Alors, ne cédons pas à l’épidémie de la peur ! Ne soyons pas des morts-vivants ! Comme dirait le pape François : ne vous laissez pas voler votre espérance !

+ Pascal ROLAND

Les prochains rassemblements prévus dans le diocèse (haltes spirituelles le 10 mars à Ambérieu et le 14 à Oyonnax, Journée du Pardon le 28 mars...) sont donc maintenus.

Commentaires

  • ENFIN ! Enfin un évêque qui propose un discours de foi, d'espérance et de charité... Puisse son exemple être... contagieux !

  • Merci Mgr.

  • Bravo et merci Mgr!

  • Saint Charles Borromée pendant la peste à Milan visitait les malades pour les confesser et leur donner la communion (sur la langue) et il n'en est pas mort.
    Mgr Philippe Delhaye, lors d'une conférence à des prêtres à Namur sur un synode qui venait de se terminer à Rome (c'était dans les années 70 et j'étais présent) faisait cette réflexion sur certains évêques: on peut se demander s'ils ont encore la foi!

  • Ce discours me paraît aussi dangereux que si l’on invitait les chrétiens de ne pas respecter les feux rouges. C’est bien parce que la vie est donnée par Dieu, et précieuse, que nous avons à protéger, non seulement nos vies, mais surtout celle des plus faibles auxquels nous pourrions transmettre le virus. Et cela n’interdit ni de prier, ni de se consacrer aux œuvres de charité. Cela n’a rien à voir avec la foi, c’est simplement un comportement raisonnable pour le bien de tous.

  • Autrement dit, votre Foi en Dieu est- elle moindre qu'envers les autorités de ce monde,? C'est étrange de croire que pratiquer sa Foi devrait être subordonnée aux décisions sanitaires de ce monde foncièrement athée qui, logiquement, ne voit d'autre issue que celle de tout faire pour "sauver sa peau" ....

    En tant que catholique, je ne vois pas ce que l'on risque à se signer avec de l'eau bénite ( donc exorcisée ! ), à recevoir le Corps du Christ de la manière "traditionnelle", sur la langue ou à donner une poignée de mains en guise de signe de paix....

    Que dirait-on de François d'Assise donnant son baiser au lépreux ? Ses frères ont-ils été contaminés ? Bien sûr que non ! Et François tenait beaucoup à ce que ses frères leur montrent le même amour sans peur contrairement à la mentalité de l'époque.

    Dieu témoigne sa protection et Son Amour envers tous ceux qui ont Foi en Lui et qui aiment leur prochain. C'est la leçon que j'en retire.

    Bref, ce serait une erreur et sans doute une faute de nous aligner sur la conduite de ceux qui qui croient que tout se termine ici-bas et qu'en conséquence, l'essentiel est de protéger une vie "sans issue" puisqu'elle ne débouche pas dans un au-delà de bonheur que nous appelons le Ciel.... Au contraire, nous, croyants, n'ayons pas peur. car notre vie appartient à un Dieu d'Amour.

    Bravo donc à cet évêque qui témoigne d'une Foi i vive et inconditionnelle et nous invite à la partager !

  • La Prudence est une vertu cardinale et un prénom chrétien. Mais nous devons INTENSIVEMENT ( comme " soins intensifs " ) prier pour que ceux qui, de par leur profession risquent la contamination, reçoivent ,des protections divines..

  • Les supermarchés ne sont pas fermés, pourquoi doivent les eglises fermer?

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