Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Rome n’ose plus critiquer le gouvernement chinois auquel il a bradé l’Église chinoise

    IMPRIMER

    De Jordan Pouille sur le site de l'hebdomadaire La Vie :

    Cardinal Zen : “Je continue de m’exprimer car il n’y a pas assez de voix”

     

    Le cardinal Joseph Zen nous reçoit chez lui à Hong Kong, dans sa résidence du quartier de Shau Kei Wan, qu’il partage avec sept autres religieux à la retraite et une dizaine de missionnaires, actuellement en Chine continentale. Un gratte-ciel de logement sociaux sort de terre juste à côté. Fête de la mi-automne oblige, une dame nous sert un petit gâteau de lune accompagné d’un thé au jasmin.

    Le mouvement s’est durci depuis un raid policier dans une rame de métro le 31 août. Quelle est aujourd’hui la position des catholiques à Hong-Kong vis-à-vis de cette mobilisation ?

    On peut déjà dire que l’élite catholique est divisée. À Hong-Kong, nous avons six religions officiellement reconnues. Elles sont organisées en institutions et manipulées par le Parti communiste chinois via le Front uni. Quand ces institutions appellent publiquement le peuple à la retenue, c’est de la comédie ! Le peuple est déjà fort modéré face aux tribunaux et à la police, très répressifs.

    Même si l’Establishment au sein de l’Église de Hong-Kong est très conservateur, le diocèse dispose toujours, depuis 1977, d’une Commission pour la Paix et la Justice. Dans leur dernier communiqué, ils ont affiché un soutien clair aux revendications des manifestants. Et nous avons un évêque auxiliaire particulièrement actif. Mgr Joseph Ha (60 ans) participe aux marches, appelle à prier pour la paix, contre l’injustice et la corruption. Beaucoup de gens espèrent qu’il deviendra le prochain évêque, mais ce ne sera pas lui car il est trop critique. Quant-à-moi, je suis très vieux mais je continue de m’exprimer car il n’y a pas assez de voix.

    Joshua Wong, jeune leader de la « Révolution des parapluies » en 2014, était protestant. Y a-t-il un leader catholique aujourd’hui ?

    Cette fois, il n’existe plus de leader proclamé et je constate que les catholiques sont davantage mobilisés. L’association des étudiants catholiques est très active, par exemple. Bien sûr, les manifestants protestants restent plus nombreux, ce qui est logique : le gouvernement dénombre 500.000 Hongkongais protestants et 400.000 catholiques parmi la population. Il faut savoir que beaucoup de Hongkongais reçoivent une éducation catholique, du primaire au lycée, car traditionnellement, l’Église catholique gère cette partie de la scolarité. Ils apprécient une certaine tradition conservatrice de l’école catholique, même si l’influence religieuse se réduit. Les protestants, eux, ont trois universités reconnues. Et c’est quand même à la fac que se forgent pas mal de convictions, d’idéaux. En 2014, après la Révolution des Parapluies, beaucoup d’étudiants ont été endormis, manipulés par le gouvernement ou ont terminé en prison. Ce projet de loi d’extradition, aujourd’hui retiré, a réveillé tout le monde.

    Lire la suite

  • Le principe de la mondialisation, c’est la négation du politique au bénéfice de l’économique

    IMPRIMER

    De Raphaëlle Lespinas sur le site de l'Homme Nouveau :

    La mondialisation comme négation du politique

    Rédigé par Raphaëlle Lespinas suite à un entretien avec Guilhem Golfin le  dans Culture

    La mondialisation comme négation du politique

    Philosophe, collaborateur de L'Homme Nouveau, Guilhem Golfin publie Babylone et l'effacement de César, un essai roboratif, qui, hors des sentiers de la pensée de consommation, passe la question de la mondialisation au prisme de la politique. 

    Analysez-vous la mondialisation comme un phénomène inéluctable ou bien comme quelque chose que nous pouvons encore choisir d’accepter ou de refuser ?

    La mondialisation est présentée le plus souvent comme un voyage sans retour, un aller simple. De nombreux arguments vont dans ce sens. Le plus fréquent est le développement des moyens de transport et de communication qui ont considérablement rapproché les hommes, au moins physiquement, et auxquels, sauf effondrement de la civilisation technique, on voit mal les hommes renoncer. En soi, ce rapprochement n’est pas une mauvaise chose : l’homme est fait pour connaître, et se connaître, et les rencontres entre cultures diverses ne peuvent que contribuer à cette connaissance.

    Maintenant, il y a quelque sophisme dans la présentation commune des choses. La mondialisation, ce n’est pas seulement, ce n’est même sans doute pas d’abord, le rapprochement entre les hommes. C’est une organisation des rapports internationaux qui entend soumettre les peuples au diktat de l’économie libérale et capitaliste, et par ce moyen à la domination d’une ploutocratie. Loin de contribuer à enrichir les hommes de leurs différences, elle vise à uniformiser les conditions en généralisant la société de consommation et à faire fi de ces différences, selon le postulat d’un caractère interchangeable d’hommes réduits à leur utilité économique. Cette tyrannie profondément contre nature sera renversée, comme toute tyrannie, car le choix appartient aux peuples. Le problème n’est pas tant là que dans la conception de ce qui doit s’y substituer.

    Lire la suite

  • Du 21 au 24 septembre 2019 : Saint Lambert au Cœur de Liège

    IMPRIMER

    careme à l'église du saint sacrement Liège GOPR0645.JPGDu 21 au 24 septembre prochains, l’église du Saint-Sacrement à Liège (Bd d’Avroy, 132, face à la statue équestre de Charlemagne) présente, avec le concours du Trésor de la Cathédrale Saint-Paul, un ensemble d’œuvres illustrant la mémoire de saint Lambert dont l’assassinat, un 17 septembre  aux alentours de l’an 700, est à l’origine de la ville et du diocèse de Liège.

    L’exposition comporte des sculptures, gravures et estampes,20190918_102911.jpg des bannières et des livres liturgiques anciens  ainsi que de remarquables reproductions de vitraux illustrant la vie du martyr fondateur de la Cité ardente.

    La manifestation d’ouverture se tiendra le samedi 21 septembre prochain. Elle débutera à 16 heures  par le chant grégorien des Premières Vêpres de la Solennité de la Fête du saint évêque. Le chant sera suivi à 16h30 par un récital d’orgue que donnera Jean-Denis Piette : ce récital sera consacré aux compositeurs liégeois des XVIIe et XVIIIe siècles.

    Plain chant liégeois de la Fête de saint Lambert

    Magna Vox (antienne des vêpres) cliquez ci dessous:


    podcast

    A l'orgue: oeuvres liégeoises anciennes (extraits)

    cliquez ci-dessous:

    podcast
    podcast

    La visite guidée de l’exposition aura lieu à 17h00 : cette présentation se clôturera par une réception conviviale ouverte à tous.

    expo st lambert.jpg

    « Saint Lambert au cœur de Liège », exposition d’art et d’histoire à l’église du Saint-Sacrement, Bd d’Avroy, 132, ouverte au public les samedi 21 septembre (de 16h00 à 18h00), dimanche 22 septembre ( de 15h00 à 17h00), lundi 23 septembre (de 15h00 à 17h00) et mardi 24 septembre (de 15h00 à 17h00). Entrée libre.

     JPSC

  • L'ultime appel du cardinal Pell

    IMPRIMER

    De Vatican News :

    Le cardinal Pell fait un dernier appel

    Le cardinal George Pell, 78 ans, fait un ultime appel de sa condamnation à six ans de prison par le tribunal de Melbourne pour des abus sexuels commis sur des mineurs, annonce ce mardi la Haute Cour d'Australie.

    Après un premier procès pour des délits anciens d’abus sexuels qui s’est conclu sans verdict, lors d’un second procès, le jury a approuvé à l’unanimité un verdict de culpabilité. Le 13 mars dernier, l’ancien préfet du Secrétariat pour l’Économie du Saint-Siège a été condamné par le tribunal de Melbourne à six ans de prison. Il a été déclaré coupable d’abus sexuels commis à la fin des années 90 sur deux adolescents mineurs dans la cathédrale de Melbourne alors qu’il était archevêque du diocèse.

    Le prélat australien, qui clame son innocence, avait déjà fait appel de cette condamnation en première instance auprès de la Cour suprême de Victoria. À deux juges contre un, ce premier appel a été rejeté le 21 août dernier. Ses avocats avaient 28 jours pour présenter un ultime recours. C’est chose faite ce mardi. La Haute Cour d’Australie a été saisie à son tour pour juger l’affaire.

    Les avocats du cardinal appuient leur requête sur la position du troisième juge, qui estimait donc un appel recevable. Mark Weinberg considérait que le verdict rendu ne respectait pas le principe de base qui veut qu’une personne ne peut être condamnée seulement si les preuves démontrent sa culpabilité au-delà de tout doute raisonnable.

    Une longue procédure

    Selon l’Agence France Press, la Haute Cour d'Australie basée à Canberra pourrait refuser d’examiner l’appel. Les plus hauts magistrats du pays devront en décider, dans un processus qui pourrait prendre plusieurs mois.

    À l’issue du rejet de son premier appel, le directeur du bureau de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, avait fait savoir que le Saint-Siège reconnaissait «la décision du tribunal de rejeter le recours du cardinal Pell» et affirmait sa  «proximité avec les victimes d’abus sexuels, ainsi que son engagement à poursuivre, par l’intermédiaire des autorités ecclésiastiques compétentes, les membres du clergé qui commettent de tels abus».

    Le Vatican attend le verdict final

    Au Vatican, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi attend l'issue de la procédure en cours et la conclusion du processus d'appel avant de se saisir de l'affaire.

    Le cardinal Pell est actuellement interdit d’exercer un ministère public, conformément aux dispositions prises dès juin 2017 par l'Église australienne lors du retour du cardinal Pell dans son pays.

    George Pell a été nommé évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Melbourne en 1987, avant de devenir lui-même archevêque de Melbourne en 1996. Il est ensuite devenu archevêque de Sydney en 2001 et a été créé cardinal le 21 octobre 2003 par Jean-Paul II. En avril 2013, le Pape François l’a nommé membre du Conseil des cardinaux et en février 2014, préfet du Secrétariat pour l’Économie, qui était alors nouvellement créé.

    Fin juin 2017, après deux ans d’enquête en Australie, il a été formellement incriminé avec divers chefs d’inculpation pour des «délits anciens de violence sexuelle», dans deux affaires distinctes.

  • Cachez ce "C" que je ne saurais voir

    IMPRIMER

    De Jean-Jacques Durré sur cathobel.be :

    Un « C » si gênant ?

    Invitée de l’émission « De zevende dag » sur la VRT, la ministre d’Etat Miet Smet a estimé que, même s’il est encore trop tôt pour en discuter, il faudra que son parti – le CD&V – abandonne le « C » qui signifie « Christelijk », c’est-à-dire « Chrétien ». Motif: « Nous sommes un parti chrétien culturel, mais plus un parti chrétien religieux ».

    La question me taraude: pourquoi le mot « chrétien » est-il si gênant? Nombre d’associations ont d’ores et déjà gommé de leur patronyme ce « C » devenu importun. Pensons à la JOC (devenue en Belgique ‘Jeunes organisés et combatifs’), au défunt PSC, parti frère du CD&V, aux Scouts de Belgique et même à l’Université catholique de Louvain qui par une belle entourloupe a gardé le C, mais sans avoir à le prononcer puisqu’on dit maintenant UCLouvain, tout comme les Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix qui sont devenues l’UCNamur. Concernant d’ailleurs cette dernière, on aura remarqué avec tristesse que son recteur s’est directement distancé de notre confrère et ancien rédacteur en chef, le père Charles Delhez sj, après sa remarquable carte blanche publiée dans La Libre Belgique du 30 août, intitulée « Ne banalisez pas le drame de l’avortement! » Il y abordait les projets de loi visant à modifier la loi sur l’IVG (voir ci-contre). « Il parle en son nom et pas au nom de l’université », a courageusement dit le recteur. J’en reste pantois!

    Faut-il rappeler que toute notre civilisation européenne est basée sur la culture judéo-chrétienne? Mais on veut absolument occulter cette vérité. Même la nouvelle présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a parlé de l’Europe en citant ses racines « greco-latines ». Et personne n’a réagi. En politique, la démocratie chrétienne a façonné nos contrées en se revendiquant de la doctrine sociale de l’Eglise. Nos écoles et universités catholiques étaient basées sur les valeurs de l’Evangile, qui sont humanistes, même si ce mot est repris par d’autres. Trouver gênant que le mot « chrétien » apparaisse dans son appellation est un signe de faiblesse. Avons-nous honte de porter les valeurs évangéliques? Conclusion: en occultant ces valeurs évangéliques, nous sommes appelés à nous fondre dans la masse, et donc à disparaître.

  • Céder aux revendications de bricolages procréatifs est une lâcheté

    IMPRIMER

    De GRÉGOR PUPPINCK :

    GRÉGOR PUPPINCK : "CÉDER AUX REVENDICATIONS DE BRICOLAGES PROCRÉATIFS EST UNE LÂCHETÉ"

     17 septembre 2019

    A l’heure où, en France, l’Assemblée nationale discute du projet de loi de bioéthique, la Cour européenne des droits de l’homme se penche sur une série de revendications autour de la procréation médicalement assistée. Docteur en droit et directeur de l'ECLJ (Centre européen pour le droit et la justice), Grégor Puppinck fait le point.

    De façon sans précédent par son ampleur, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a décidé de juger une série d’affaires de bricolage procréatif. En cause : la séparation complète entre le sexe, la procréation et la parentalité ; l’effacement de la famille biologique comme référence des normes sociales.

    Ces affaires nous montrent à quel point le désir d’enfant peut conduire à la folie ; et comment cette folie peut devenir réalité grâce à la technique. Devenue réalité, elle s’attaque à présent aux normes juridiques pour transformer ce désir en droits et reconfigurer, à travers eux, la réalité sociale à son image, dans l’espoir illusoire de se normaliser.

    Voici d’abord un résumé de ces affaires ; nous verrons ensuite les problèmes qu’elles posent.

    Le désir de faire un enfant avec un mort

    Une femme française conteste le refus des autorités françaises de transférer des spermatozoïdes congelés de son défunt compagnon vers une clinique espagnole où elle pourrait procéder à une insémination post mortem. Elle met ainsi en cause la loi française qui impose que l’homme et la femme formant le couple désireux de recourir à une procréation médicalement assistée (PMA) soient « vivants » et qu’il soit mis fin à la conservation des gamètes en cas de décès de la personne (V. D. c. France).

    Le désir de la mère d’être le père de l’enfant

    Dans une autre affaire, la véritable mère d’un enfant conçu avec un don anonyme de sperme se plaint de ne pas figurer comme « père » sur l’acte de naissance, au motif que, transsexuelle, elle avait déjà obtenu d’être identifiée comme « homme » sur son propre état civil. Elle voit dans le fait d’être qualifiée de « mère » une violation de ses propres droits et de ceux de l’enfant en ce que cela « contredirait fondamentalement leur perception de leur relation » et les contraindrait à révéler fréquemment la transsexualité de la mère (O.H. et G.H. c Allemagne).

    La demande d’une présomption de maternité pour la « femme de la mère »

    Deux lesbiennes allemandes se plaignent, en leur nom et en celui de l’enfant, que la compagne de celle qui a accouché ne bénéficie pas d’une « présomption de maternité », à la différence des hommes dans les couples hétérosexuels qui bénéficient de la présomption de paternité. Elles dénoncent une discrimination, alors même que la « femme de la mère »  a pu adopter l’enfant. Le cas est compliqué par le fait que l’enfant a été porté par l’une et conçu avec l’ovule de l’autre et le sperme d’un donneur anonyme ; ce qui est interdit en Allemagne (R.F. et autres c. Allemagne).

    Lire la suite

  • Deux événements pour promouvoir le droit d'accès des citoyens à l'information du pouvoir public

    IMPRIMER

    Deux événements pour promouvoir le droit d'accès des citoyens à l'information du pouvoir public

    18 sept. 2019

    En partenariat avec l’UCLouvain et Transparencia, WeCitizens organise le 27 septembre prochain à Louvain un Workshop en anglais à propos du contrôle citoyen sur l’action publique. L’objectif de l’activité est que les citoyens puissent se familiariser avec leur droit d’accès aux informations du pouvoir public.

    WeCitizens est membre du consortium SIA4Y (Strengthening civil society rights by information access for European youth) qui promeut la participation des citoyens en politique et plus particulièrement la transparence concernant l’activité politique.

    Dans le cadre de ce projet, WeCitizens organise deux évènements qui s’adressent aux (jeunes) citoyens, professeurs, académiques et fonctionnaires qui traitent de l’action civique.

    La journée d’étude du 27 septembre se tiendra dans les locaux de la KULeuven. A travers les conférences, le story-telling et les activités pratiques, ce workshop familiarisera les participants avec les modalités de contrôle citoyen sur l’action publique. On y présentera entre autres l’activité de l’ombudsman et de la commission d’accès aux documents administratifs, les plateformes internet Transparencia et PoliticiansOnline.

    Le congrès, qui se tiendra les 6 et 7 novembre à Bruxelles, réunira les partenaires du projet (Pologne, Finlande, Estonie et Lettonie), des représentants d’ONG, des mandataires européens et tout public intéressé. Il présentera un état des lieux international et proposera un code de bonnes pratiques en matière d’accès à l’information publique.

    Contact :

    Pour s’inscrire : carlier@wecitizens.be
    Pour la presse : pinon@wecitizens.be , 0497 527751
    Poster : http://www.wecitizens.be/docs-en/I21-poster.jpg

  • Rome : La dénaturation de l’Institut Jean-Paul II

    IMPRIMER

    De Thibaud Collin sur le site web du bimensuel « L’Homme Nouveau » (18 septembre 2019) :

    Ou-en-est-l-heritage-de-Jean-Paul-II_visuel.jpg

    « Entre licenciements injustifiés, nominations surprenantes et réforme des statuts, le tournant pris par l'Institut Jean-Paul II pour le mariage et la famille (Rome) suscite une vive polémique. Un nouvel institut se substitue au premier, dans lequel l'héritage du pape Jean-Paul II semble mis à mal.

    L’Institut Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille, voulu par le saint Pape polonais en 1981 dans la continuité de l’exhortation apostolique Familiaris consortio et fondé par Mgr Carlo Caffarra, est l’objet depuis trois ans d’une telle transformation que l’on peut légitimement se demander s’il n’a pas changé d’identité. Ce qui arrive à cette institution universitaire de haut niveau ne pourrait-il pas être perçu comme le symbole du « changement de paradigme », en matière morale, proposé par le cardinal Kasper et insufflé par le pape François au moment du lancement du processus synodal sur la famille en 2014 ? 

    Genèse d'une transformation

    Revenons sur les étapes clefs de cette transformation. Rappelons tout d’abord qu’étrangement, aucun membre de l’institut n’avait été choisi par le Pape comme expert aux synodes sur la famille de 2014 et 2015, signe révélateur que leur manière d’aborder ces questions lui apparaissait inappropriée. Il y a eu également la nomination en août 2016 de Mgr Paglia comme grand chancelier (auparavant c’était le cardinal-vicaire du pape pour le diocèse de Rome) et le remplacement du président Mgr Melina par Mgr Sequeri, théologien spécialiste… d’esthétique. Puis, l’année suivante, deux jours après la mort du cardinal Caffarra, un motu proprio du Pape changeant le nom (on passe des « études » aux « sciences ») de l’institut mais surtout appelant à la création de nouveaux statuts. Enfin, après deux ans de statu quo extérieur, l’imposition cet été des nouveaux statuts sans concertation réelle avec le corps professoral et, étape décisive, le licenciement pur et simple d’une partie de l’équipe des professeurs, procédé inédit dans le monde universitaire. Une dizaine de professeurs sont concernés dont les deux professeurs de théologie morale, Mgr Melina (morale fondamentale) et le professeur Noriega (morale spéciale), ainsi que Stanislaw Grygiel, professeur d’anthropologie philosophique, ancien étudiant et ami de saint Jean-Paul II. 

    Création d'un nouvel institut

    Ce qui était resté feutré apparaît donc en pleine lumière : la démolition de l’institut existant pour en créer un nouveau. Non plus un lieu où l’approche morale et anthropologique de saint Jean-Paul II, enracinée dans saint Thomas d’Aquin, soit étudiée et diffusée mais un lieu de recherche et de dialogue avec le monde contemporain tel qu’il est décrit par les sciences humaines et sociales, le tout en vue d’accompagner par le discernement le chemin de croissance des personnes. Ce choix présuppose que l’ancien institut a été perçu comme un obstacle à cette nouvelle stratégie, une sorte de forteresse qu’il faut détruire. 

    C’est bien sûr la réception de l’exhortation Amoris laetitia qui a cristallisé cette divergence quant à la manière d’annoncer la bonne nouvelle du mariage et de la famille. L’équipe des professeurs de l’institut a été en pointe pour donner une interprétation « continuiste » du chapitre VIII de l’exhortation sur les personnes en situation irrégulière, notamment du point délicat de l’accès aux sacrements de certains fidèles divorcés et remariés civilement. D’aucuns ont considéré que cette approche niait le changement apporté par le pape François au magistère de saint Jean-Paul II. Toute la difficulté est de savoir comment lire cette nouveauté comme un développement homogène et non pas comme une rupture. Le Pape ayant choisi l’interprétation des évêques de la région de Buenos Aires comme l’unique possible, il devenait inéluctable que ceux qui critiquent celle-ci soient sanctionnés. La question demeure entière : comment lire ce chapitre VIII dans la continuité du magistère, c’est-à-dire comme apportant une nouveauté mais une nouveauté qui explicite et ne nie pas ce qui était déjà enseigné ? Il ne suffit pas de l’affirmer pour que cette lecture soit faite. Il ne suffit pas de limoger les théologiens critiques pour répondre à cette question. La raison et l’intelligence de la foi sont imperméables à l’arbitraire, fût-il ecclésiastique. 

    La crise de la théologie morale perdure

    Pour saisir les enjeux de cette affaire, il est nécessaire de la resituer dans le temps long de la crise de la théologie morale initiée par la révolution technique moderne. Il faut au moins remonter aux années 1950 pour saisir le sens profond de ces événements. En pleine euphorie progressiste, certains théologiens et évêques ont considéré que l’heure était venue d’adapter la morale catholique aux critères du monde. Cela passait par la valorisation de l’autonomie de la conscience d’un baptisé considéré enfin comme un « adulte ». Cette question s’est cristallisée sur la légitimation de la contraception comme moyen de régulation des naissances au service de l’épanouissement « personnaliste » du mariage. L’encyclique Humanæ vitæ de saint Paul VI (1968) déclarant la contraception comme toujours illégitime fut l’objet d’une critique très virulente. On peut dire que Veritatis splendor (1993) est la réponse fondamentale de saint Jean-Paul II à tous les systèmes moraux refusant l’encyclique de saint Paul VI. 

    Il est manifeste que la plupart des arguments développés en amont et en aval des deux synodes sur la famille soient les mêmes que ceux des critiques d’Humanæ vitæ. Le changement de paradigme réclamé par le cardinal Kasper, opposant majeur à saint Jean-Paul II sur ce sujet, permet de court-circuiter la notion d’acte intrinsèquement mauvais, c’est-à-dire qui ne peut jamais être perçu comme objet d’un discernement légitime et donc conseillé par un pasteur digne de ce nom. Les critères de l’accompagnement et de la gradualité permettent de changer de regard sur des personnes en situation objective de péché. Ainsi nombre de théologiens vont chercher à valoriser ce qu’il y a de positif dans la stabilité et la fidélité d’un couple homosexuel ; ou chercher à faire admettre que certains divorcés remariés vivant more uxorio ne peuvent être dits en état d’adultère et qu’ils peuvent ainsi recevoir l’absolution et la communion. 

    Le choix de tourner le dos à l’enseignement authentique de saint Jean-Paul II signifie le refus du personnalisme réaliste qu’il promouvait pour lui substituer une version subjectiviste et ultimement relativiste. C’est le lien entre acte et personne, le lien entre subjectivité et vérité sur le bien à faire qui sont falsifiés dans cette nouvelle approche. Bref, les simples fidèles espèrent toujours que la Congrégation pour la doctrine de la foi leur explique en quoi Amoris laetitia peut être lue comme développement homogène de Veritatis splendor. »

    Ref. L’Institut Jean-Paul II dans la tourmente

    JPSC

  • Le cardinal Marx n'est pas près d'obtempérer aux injonctions romaines...

    IMPRIMER

    "Je ne vois pas pourquoi les sujets sur lesquels LE MAGISTÈRE S'EST DÉJÀ PRONONCÉ ne devraient plus être l'objet de débats ainsi que le suggère votre courrier [...] De nombreux croyants en Allemagne considèrent [que ces sujets] doivent être discutés." (source)
    (Courrier du 12 septembre du cardinal Marx au cardinal Ouellet)

    Du National Catholic Register :

    Cardinal Marx Says German ‘Synod’ Will Proceed Despite Vatican Objections
    The letter followed a week of coverage concerning plans by the German bishops.

    MUNICH — The head of the German bishops’ conference told Vatican officials last week that addressing controversial theological topics during the German bishops’ proposed “binding synodal path” will be a service to the universal Church.

    “We hope that the results of forming an opinion [on these matters] in our country will also be helpful for the guidance of the universal Church and for other episcopal conferences on a case-by-case basis. In any case, I cannot see why questions about which the magisterium has made determinations should be withdrawn from any debate, as your writings suggest,” Cardinal Reinhard Marx wrote in a Sept. 12 letter to Cardinal Marc Ouellet, who is head of the Vatican’s Congregation for Bishops.

    “Countless believers in Germany consider [these issues] to be in need of discussion,” Cardinal Marx added.

    Cardinal Marx’s letter informed the Vatican that the German synodal process will continue as planned, despite recent instructions from the Vatican Curia and Pope, and will treat matters of universal teaching and discipline. 

    The letter followed a week of coverage concerning plans by the German bishops to create a Synodal Assembly with “deliberative power” to address issues including the separation of power in the Church, priestly life, women’s access to ministry and office in the Church and sexual morality.

    The letter was a response to the Vatican’s most recent intervention in German preparations for a synodal process, in which Cardinal Ouellet sent Cardinal Marx a four-page legal assessment of the German plans, which concluded that the Synodal Assembly is contrary to instructions from Pope Francis and “not ecclesiologically valid.”

    The legal analysis especially criticized German plans to discuss matters of discipline and doctrine that have already been decided by the Church’s universal teaching or universal law.

    “It is easy to see that these themes do not only affect the Church in Germany but the universal Church and — with few exceptions — cannot be the object of the deliberations or decisions of a particular Church without contravening what is expressed by the Holy Father in his letter,” concluded the legal review, signed by Archbishop Filippo Iannone, head of the Pontifical Council for Legislative Texts.

    CNA reported Sept. 5 that the executive committee of the German bishops’ conference in August had approved draft statutes for the creation of a Synodal Assembly, in partnership with the Central Committee of German Catholics, a lay group that has called for the ordination of women, an end to clerical celibacy, and the blessing of same-sex unions in churches.

    At the same meeting, the German bishops’ executive committee rejected an alternative synodal plan that was drafted to reflect the instructions of Pope Francis, issued to the bishops in a June letter to all the faithful of Germany. Those instructions warned the bishops against falling into a “new Pelagianism” and insisted that synodality could not be used as an excuse for reducing Church governance and teaching to a democratic process.

    In his Sept. 12 letter to Cardinal Ouellet, Cardinal Marx registered his apparent disapproval at the Vatican’s decision to present its legal advice without consulting him first.

    “Perhaps a conversation before sending these documents would have been helpful,” Cardinal Marx wrote.

    In an apparent rejection of the Vatican’s legal assessment, Cardinal Marx added that the Church in Germany will “conduct a consultation of our own kind that is not covered by canon law.”

    The legal opinion of the Pontifical Commission for Legislative Texts, sent to the Germans by Cardinal Ouellet, concluded that the bishops seem intent on convening a particular council “without using the word” as a means of passing binding resolutions without Roman approval.

     A council differs from a synod in that, with Vatican approval, it is able to make new policies for the Church for a particular reason.

    But Cardinal Marx said Germany’s plans are not for a council, or even a synod in the traditional sense, but something unique and not anticipated by canon law.

    “The Synodal Way is a sui generis process,” Cardinal Marx wrote. “The draft statutes should therefore by no means be read and interpreted through the lens of canonical instruments such as a plenary council. It is not a Particular Council!”

    The cardinal’s letter also insisted that the Vatican legal assessment is based on a draft of the German plans that “has long been outdated” and had since been “further developed in July and August.”

    The version of the statutes passed by the German bishops’ executive committee on Aug. 19 was obtained and published by CNA

    While Cardinal Marx noted that the statutes include a recognition of the authority of both the diocesan bishop and the episcopal conference, Article 2 of the current statues say that the Synodal Assembly “has deliberative power.”

    Despite Cardinal Marx’s insistence to Cardinal Ouellet that the statutes underwent further changes in August, CNA has obtained internal documents from the German bishops’ conference that show that the statutes most recently voted on by the executive committee were drafted Aug. 1 and remained unchanged through the end of that month.

    CNA has confirmed with officials at both the Congregation for Bishops and the Pontifical Council for Legislative Texts that the Vatican was already in possession of the most recent draft of the German synodal statutes by the time Cardinal Ouellet’s letter was sent to Cardinal Marx on Sept. 4.

    The current version was also considered by Cardinal Marx to be sufficiently finalized that he instructed conference officials to prepare authorized translations of the statues in various languages following the Aug. 19 meeting. Senior conference officials told CNA that it is the intention of the German bishops to create an example that can be “exported” to other parts of the world. 

    The results will be “helpful for the guidance of the universal Church and for other episcopal conferences,” Cardinal Marx wrote.

    The text of Cardinal Marx’s letter was released to German media over the weekend, appearing in Frankfurter Allgemeine on Saturday.

  • De nombreux évêques s'arracheraient les cheveux...

    IMPRIMER

    Lu sur le forum catholique :

    Voici une traduction d'un article du National Catholic Register:

    Messori sur les troubles dans l’Église: beaucoup sont inquiets mais le Christ ne quittera pas son Église

    par Edward Pentin, le 17/09/2019

    ''Selon l'écrivain italien, co-auteur de Entrez dans l’Espérance avec le Pape Saint Jean-Paul II, de nombreux prélats sont en train de "s’arracher les cheveux" à cause de la situation actuelle, et "ceux qui commandent sont intolérants face à toute voix critique.''

    Le célèbre écrivain italien catholique Vittorio Messori a déclaré que «de nombreux catholiques sont inquiets, certains sont même désespérés» au sujet de l'état actuel de l'Église, mais que ce n'est pas sans espoir car le Christ ne laisse jamais son Église seule.

    Messori, qui a écrit ‘’Entretien sur la foi’’ (The Ratzinger Report) avec le Cardinal Joseph Ratzinger et ‘’Entrez dans l’Espérance’’ avec le Pape Saint Jean-Paul II, a déclaré au quotidien catholique italien La Fede Quotidiana que la confusion est "présente et qu'elle est affligeante, déconcertante."

    Il a dit qu'il existe une sorte de «conformisme», à propos du Pape François, qui est «palpable» dans l'Église.

    «Il est déconcertant que seuls deux ou trois cardinaux âgés de presque 90 ans parlent et protestent», a-t-il déclaré, ajoutant qu'il connaissait «de nombreux évêques et aussi des cardinaux avec lesquels j'ai dialogué en privé et qui s’arrachent les cheveux en désaccord. ”

    «Mais ils ont peur, restent silencieux et se taisent», a-t-il déclaré.

    Messori a noté que pendant deux millénaires la critique du pape avait été découragée mais qu'aujourd'hui cette tendance est "accentuée".

    «On dit que c’est l’Église de la miséricorde, mais c’est un non-sens», a-t-il déclaré. "Ceux qui commandent sont intolérants face à toute voix critique."

    L’écrivain italien se souvenait d’avoir écrit un «article poli» dans le quotidien italien Corriere della Sera dans lequel il «posait des questions» et faisait des «réflexions», mais avait ensuit été «submergé de réactions abusives, notamment de la part de certains médias catholiques». Il a ajouté qu'une sorte de comité avait été créé pour demander au Corriere della Sera de le démettre de ses fonctions de contributeur.

    «Alors, avec quelle cohérence peut-on affirmer qu’il s’agit de l’Église de la miséricorde, du dialogue ouvert et juste, de la parrhésie? a-t-il demandé, évoquant l'appel fréquent du Pape François à la fois à la miséricorde et à une discussion franche et ouverte.

    Mais il a noté que l'Église n'est pas une entreprise, une multinationale ou simplement un gouvernement. «En bref, cela ne peut pas échouer», a observé Messori.

    «Bien sûr, il y a des raisons de s’alarmer. Je pense, par exemple, au prochain Synode sur l’Amazonie et à des malentendus connexes. Je ne sais pas ce qu'ils veulent réaliser - probablement des prêtres mariés.

    «Par conséquent, je suis inquiet, mais pas désespéré», a-t-il déclaré, car «le Christ ne laisse pas l'Église seule» et que l'Église «n'est pas de Bergoglio ou des évêques, mais seulement du Christ».

    «Il la gouverne avec sagesse», a-t-il déclaré. "Les forces du mal ne gagneront pas."

    En 2017, Messori a reproché au pape de refléter la société moderne en transformant l'Église en un lieu où «tout est instable et changeant».

    «Dans un« monde liquide» où tout devient incertain, précaire, provisoire, c’est précisément la stabilité et la fermeté de l’Église catholique dont toute l’humanité a besoin, pas seulement les croyants», a-t-il déclaré.''

    Source

  • L'évêque de Gand sur KTO

    IMPRIMER

    De KTO :

    Mgr Luc Van Looy, ancien missionnaire en Corée du Sud, est évêque de Gand depuis 2003. Sa démission a été acceptée par le pape en 2018 : Mgr Van Looy continue d'administrer le diocèse en attandant la nomination de son successeur. Présent sur le plateau de La Vie des Diocèses pour la deuxième fois, il aborde les différents projets portés par son diocèse pour permettre aux catholiques d'être témoins de l´Evangile au milieu d´une société fortement sécularisée. Nous avons suivi une retraite de familles gantoises avec leurs jeunes enfants à l´abbaye d´Orval : des temps de formations et de réflexions étaient proposés aux adultes ; des activités et des jeux aux plus petits. Pour Mgr Van Looy la formation des laïcs est le véritable enjeu de l'Eglise d'aujourd'hui. Nous écoutons ensuite le père Collin, recteur de la cathédrale de Gand. Il parle du grand projet de construction du centre d´accueil de la cathédrale autour de l´oeuvre de l´Agneau Mystique de Van Eyck. Mgr Van Looy rappelle le message spirituel de cette oeuvre : c'est l'occasion pour l'Eglise d'interpeller les visiteurs de passage dans la cathédrale.

    Diffusé le 16/09/2019 / Durée : 26 minutes

  • Flandre : menaces sur le cours de religion

    IMPRIMER

    De Jacques Hermans sur le site de la Libre :

    En Flandre, le cours de religion divise laïcs et catholiques

    La N-VA veut remplacer une heure de religion par une heure de néerlandais. L’émoi est vif.

    Le temps où les "petits vicaires" de campagne militaient pour la cause flamande auprès de leurs paroissiens est révolu. La N-VA ne peut plus compter aujourd’hui sur ces bons petits soldats prêchant l’émancipation de la Flandre. Le parti nationaliste n’apprécie pas trop le "virage à gauche" de l’Église flamande devenue minoritaire aujourd’hui, ni celui de sa puissante coupole fédérant l’enseignement catholique sise rue Guimard.

    La N-VA continue vaille que vaille de manier la croix et la bannière pour mettre en exergue sa propre culture, fondée sur des valeurs chrétiennes. Mais un fossé se creuse aujourd’hui parmi les nationalistes entre ceux qui défendent les valeurs chrétiennes et "les indifférents". Divisée, la N-VA commence à se rendre compte qu’à travers tous ces débats idéologiques elle se met à dos une partie - non négligeable - de son électorat.

    Une pétition en cours

    Ce qui oppose catholiques et laïcs jusqu’au sein même du parti, c’est le cours de religion qui pourrait passer de deux heures à une heure par semaine dans le secondaire. La N-VA propose en effet concrètement de remplacer dans les écoles une heure de religion par une heure de… néerlandais. Ce changement de cap symbolique fait des vagues en Flandre. Dans les écoles catholiques, les professeurs de religion ont lancé une pétition sur le site Thomas. (www.godsdienstonderwijs.be).

    Dans le même esprit, Mgr Johan Bonny, l’évêque référendaire en charge de l’Enseignement catholique en Flandre, a mis l’accent sur l’importance du maintien des deux heures de religion ou de philosophie, qui ont toute leur importance "dans un monde où le vivre-ensemble et la recherche du sens sont essentiels aussi bien pour l’élève que pour la société".

    Certains voient dans cette proposition une revanche de la N-VA sur les tjeven, "les cathos" de la rue Guimard. Il y a un an, la fédération Katholiek Onderwijs Vlaanderen avait proposé de remplacer une heure de néerlandais par une heure de "citoyenneté". La N-VA s’était étranglée. Elle n’avait pas davantage digéré le projet "Dialoogschool", initiative de la fédération.

    Cette "école du dialogue" a pour but de promouvoir l’interculturalité et le vivre-ensemble dans un esprit de tolérance. En particulier, le cours de religion, affirment certains, tire sa légitimité de ce qu’il forme les élèves à mieux comprendre les défis de notre société multiculturelle. Les nationalistes ont hurlé car ils veulent au contraire que l’école mette l’accent sur l’apprentissage des fondamentaux du christianisme, ce qui correspond à leur volonté "de mieux connaître les racines de la civilisation occidentale, qui est à la base de l’identité flamande". Alimentent-ils dès lors le débat antireligieux pour recentrer le discours sur l’identité flamande ?

    Le front des laïcs

    La N-VA semble pour l’heure vouloir maintenir son cap. Jusqu’à nouvel ordre ? Surfant sur la même vague laïque et individualiste que celle de l’Open VLD, les nationalistes recherchent toujours cette denrée rare, "ce puissant antidote contre l’islam".

    Un front commun avec les libéraux flamands est-il en train de se former ? En tout cas, l’Open VLD rêve de laïciser l’enseignement et préconise de remplacer l’une des deux heures de religion par une heure d’éducation à la citoyenneté, comme dans l’enseignement officiel francophone. Un choix défendu par l’enseignement officiel (Gemeenschapsonderwijs, GO).

    Les libéraux flamands ne sont pas mécontents d’avoir trouvé un allié de circonstance en la personne de… Bart De Wever, qui, à plusieurs reprises, s’est pourtant montré soucieux de "combattre l’inculture religieuse en Flandre". Au journaliste Luc Alloo, il avait affirmé, le 17 mars dernier, (donc avant les élections), que "les valeurs chrétiennes font partie de notre culture occidentale" et qu’il n’avait "personnellement pas l’intention de renier la religion dans laquelle il avait été élevé". Pourtant, dans son livre Over identiteit (paru en avril dernier), le président de la N-VA écrit que "la religion catholique a perdu son sens dans notre société d’aujourd’hui". Il ajoute que "les vieilles traditions catholiques ne sont plus que… folklore", des propos qui lui ont valu de vives critiques dans les milieux catholiques traditionnels.

    Dans ce débat symbolique, le CD&V, en pleine crise existentielle, se mure dans un silence assourdissant. Il peine à prendre position tant les problèmes à l’intérieur du parti sont nombreux à gérer. Et cela commence à se voir. "Ce qui est sûr, c’est que le CD&V n’a obtenu que 15 % des suffrages et, maintenant, en faisant profil bas sur cette question essentielle, on peut dire qu’ils sont en train de perdre leur âme et leur identité chrétienne", affirme Didier Pollefeyt, professeur de théologie à la KULeuven.