Du site de Valeurs Actuelles :
“Le sort des chrétiens d’Orient est le prélude de notre propre sort”: le vibrant plaidoyer de François Fillon au Sénat
Jeudi 12 décembre 2019
François Fillon, au Sénat, ce jeudi 12 décembre 2019. Photo © DR
Retiré de la vie politique, l’ex-candidat à l’élection présidentielle préside, ce jeudi 12 décembre, au Sénat un colloque sur la protection des minorités religieuses au Proche-Orient. Voici le texte complet de l’intervention de l’ancien Premier ministre.
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
C’est avec un immense plaisir que je vous retrouve. Que je retrouve toutes celles et tous ceux qui ne se résignent pas au fanatisme et à cette inquiétante montée des crispations identitaires. Toutes celles et ceux qui ont compris que dans ma bataille frontale contre le totalitarisme islamique livrée lors de l’élection présidentielle, je ne combattais pas une religion – car je les respecte toutes ! – non, je combattais une idéologie qui a pour mot d’ordre soumission ou disparition.
Ensemble, nous savons que l’avenir de l’Occident et l’avenir de l’Orient sont intimement liés, et que le sort des chrétiens d’Orient et des autres minorités est le prélude de notre propre sort. Du fond du cœur, je remercie nos invités qui se sont investis dans ce colloque. Leurs échanges furent brillants, leurs témoignages émouvants. Je leur suis infiniment reconnaissant d’avoir saisi cette occasion pour éveiller, encore et encore, les consciences endormies.
Je salue les personnes qui m’ont aidé à organiser cette journée avec des moyens bien sommaires. Elles se sont mobilisées par passion, par devoir aussi vis-à-vis de ces oubliés de l’Histoire que sont les chrétiens d’Orient. Merci au Sénat qui nous accueille, et merci singulièrement à Bruno Retailleau qui nous a apporté son concourt. Je ne sais si sa fidélité et son amitié relèvent de « l’ancien monde » mais ce qui est sûr c’est que ces vertus sont rares. Avec Bruno, nous avons déjà fait du chemin ensemble mais la route n’est jamais finie car il y a toujours des justes causes à défendre.
J’ai quitté la scène politique mais je reste un citoyen qui aime son pays, et qui, pour lui, rêve d’unité nationale, de fraternité, de grandeur aussi car la France à genoux n’est pas la France. Je garde en moi le souvenir des 40 années d’engagement au service des Français. J’ai tout donné. J’aurais, pour vous, voulu faire mieux et plus encore… Maintenant, il ne faut pas ruminer le passé mais être utile autrement.
Parmi les multiples causes qui sont dignes d’être défendues, celle des chrétiens d’Orient m’a toujours touché. Sans doute parce que cette cause est, depuis longtemps, sans défenseur. On ne dira jamais assez combien les Etats européens et leurs élites furent silencieux et lâches devant la disparition progressive d’une des plus vieilles et des plus brillantes communautés du Moyen-Orient. Pourquoi encore cette cause ? Parce que je suis convaincu que le recul de l’intégrisme et la paix pour tous passent par la liberté de croire et la liberté de conscience. Naturellement il faut abattre le drapeau noir des terroristes mais nous devons vouloir plus que cela : nous devons vouloir la victoire du pluralisme !
A cet égard, le destin réservé aux chrétiens d’Orient est symbolique et décisif. Si cette communauté, désarmée, petite en nombre mais si majestueuse par sa culture devait être définitivement condamnée à la relégation ou au départ, alors ce serait l’espoir de la coexistence et de la liberté sous toutes ses formes qui serait saccagé. Par ricochet, les ponts déjà fragiles entre l’Orient et l’Occident seraient rompus. Et puis, je ne puis mesurer le calvaire des chrétiens d’Orient sans éprouver quelques remords et beaucoup de colère face à toutes ces erreurs politiques et militaires commises par nos nations, Etats-Unis en tête.