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Hostilité au christianisme et à l'Eglise - Page 5

  • Nigeria : de plus en plus de religieux sont kidnappés

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    Lu sur le Tagespost :

    Nigeria : de plus en plus de religieux sont kidnappés

    Dans ce pays africain, 23 prêtres, religieuses et séminaristes ont été kidnappés en 2023, soit plus que dans tout autre pays.
    Le séminariste Na'aman Danlami
    Le séminariste Na'aman Danlami a été tué lors d'une attaque contre le presbytère du village de Fadan Kamantan, dans l'État de Kaduna.

    Selon les informations dont dispose l'organisation humanitaire, il ne se passe pas un mois sans au moins un enlèvement depuis avril. L'un des incidents les plus récents s'est produit le 3 novembre lorsque le pasteur Andrew Anana a été enlevé à Godogodo, dans l'État de Kaduna. Il a pu s'enfuir au bout de quelques heures. Le prêtre avait déjà été kidnappé une fois en 2021. Quelques jours plus tôt, des hommes armés avaient enlevé trois religieuses, un séminariste et leur chauffeur. Ils ont été libérés au bout d'une semaine.

    Bien que la plupart des personnes enlevées ne soient entre les mains de leurs ravisseurs que pendant une courte période, il existe des exceptions tragiques. L'un des cas les plus dramatiques s'est produit le 17 octobre, lorsque Godwin Eze, un novice bénédictin , et deux candidats monastiques ont été enlevés à Eruku, dans l'État de Kwara, à l'ouest du Nigeria. Alors que les deux postulants étaient libérés, le frère Godwin a été abattu et son corps jeté dans une rivière, selon le monastère.

    Un séminariste meurt dans un incendie criminel

    Le 7 septembre, il y a eu deux agressions contre des aspirants prêtres, dont une mortelle. A cette époque, le séminariste Ezekiel Nuhu avait été enlevé dans l’État de Kaduna. Il a été libéré au bout de deux mois. Le même jour, le séminariste Na'aman Danlami a été tué lors d'une attaque contre le presbytère du village de Fadan Kamantan, dans l'État de Kaduna. Deux prêtres ont réussi à s'enfuir pour se mettre en sécurité, mais Danlami est mort brûlé vif dans le bâtiment qui a été incendié.

    « Church in Need » documente les cas de membres du clergé catholique assassinés, kidnappés ou emprisonnés à tort dans le monde entier depuis 2022. Les chiffres seront publiés à la fin de l'année. L'année dernière, il y a eu 118 incidents individuels, dont 16 prêtres et religieuses tués à cause des persécutions.

  • Inde : les persécutions religieuses redoublent d’intensité avec la politique du premier ministre actuel Narendra Modi

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    De Louis d'Auteroche sur le site de l'Homme Nouveau :

    L’INDE COMPLICE SILENCIEUSE DES PERSÉCUTIONS RELIGIEUSES

    14 novembre 2023

    Des centaines d’églises détruites, des milliers de chrétiens tués et un silence assourdissant. La situation des persécutions en Inde peut nous rappeler celles qu’ont vécu les premiers chrétiens sous l’Empire romain.

    Représentant 2,3 % de la population indienne soit 29 millions de personnes, les chrétiens sont répartis essentiellement dans le sud-ouest et le nord-est du territoire. L’église syro-malabar s’est implantée en Inde avec l’évangélisation de saint Thomas. Ainsi les chrétiens se trouvent sur le sol indien depuis 2000 ans. Depuis maintenant quelques années, des persécutions apparaissent et redoublent d’intensité avec la politique du premier ministre actuel Narendra Modi.

    Narendra Modi est Premier ministre depuis 2014. Il désire faire de l’Inde ce que l’on appelle une « démocratie éthnique », c’est-à-dire une société moderne mais non occidentalisée. Ainsi, au sein de son pays, c’est l’hindouisme qui prime et qui doit s’imposer comme seule culture légitime. Le premier ministre y est très attaché et le fait comprendre en répondant par la persécution et l’expulsion aussi bien des chrétiens que des musulmans.

    Celles-ci ont débuté par des mouvements hindouistes qui ont commencé à détruire des lieux de cultes et à tuer des fidèles. L’association Forum Chrétiens Uni (UCF) relève entre janvier et juin 2023 plus de 400 attaques contre les chrétiens en Inde.

    Néanmoins, face à ces chiffres, l’État indien n’intervient pas. Habituellement à chaque grande catastrophe, le Premier ministre se rend sur place, adresse son soutien ou encore intervient pour aider les rescapés. Dans le cas de ces persécutions, c’est le silence total qui a régné. On est donc en mesure de supposer que l’État soutient ces persécutions et plus encore les commandite.

    Depuis, certains états indiens font passer des lois dans le but de limiter l’expansion chrétienne en Inde, comme par exemple les lois « anti-conversion » : lorsqu’un citoyen décide de changer de religion, il doit en informer les autorités administratives au moins un mois avant. Une manifestation hindouiste a été organisée pour protester contre ces conversions et Swami Parmatmanand, un religieux, a déclaré : « Vous les arrêtez, vous leur expliquez que vous n’approuvez pas leur décision et, s’ils persistent, vous les abattez ! » [1]

    Des réactions se font entendre d’abord au sein du pays. De nombreux évêques ont dénoncé « le silence prolongé et l’apathie des forces de l’ordre », condamnant « toutes les formes de violence, d’atrocités et d’attaques ». [2]

    Amnesty International dénonce le fait que l’Inde va à l’encontre des droits universels de l’homme. Dans son rapport sur les droits en Inde, il est écrit :

    « Des lois et des mesures adoptées sans consultation publique ni législative satisfaisante ont fragilisé les droits des défenseurs des droits humains et des minorités religieuses. Le gouvernement a exercé une répression brutale et ciblée contre certaines minorités religieuses, et il était courant que des figures politiques et des représentants des autorités prônent explicitement la haine à l’encontre de ces minorités sans être inquiétés ».

    L’Inde ne se cache donc plus de ces persécutions qui se durcissent de mois en mois. Le projet du Premier ministre est d’accomplir l’hindutva (hindouité), il s’agit d’un projet politique qui considère que tous les Indiens doivent nécessairement être hindous. Ainsi ceux qui ne le sont pas (musulmans, chrétiens…) ne peuvent être des citoyens à part entière.

    Mgr Mascarenhas explique cela en disant :

    « Les chrétiens sont des étrangers, ennemis de la nation. Certains groupes fondamentalistes hindouistes ont déclaré que d’ici à 2025, l’Inde serait une nation hindoue, que les musulmans devaient partir au Pakistan et que les chrétiens devaient partir pour le Vatican ou pour des pays chrétiens… » [3]


    1. https://www.lavie.fr/actualite/geopolitique/en-inde-les-musulmans-et-chretiens-sous-le-rouleau-compresseur-du-nationalisme-hindou-80137.php
    2. https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2023-07/eglise-eveques-inde-manipur-violences.html
    3. https://www.google.com/amp/s/www.la-croix.com/amp/1201012744
  • Espagne : 20 martyrs de la Guerre Civile béatifiés à Séville

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    De Vatican News :

    Martyrs de la guerre civile espagnole béatifiés.

    Vingt martyrs de la guerre civile espagnole béatifiés à Séville

    Dans la cathédrale de Séville, le cardinal Semeraro a élevé aux honneurs des autels Don Manuel González-Serna Rodríguez, ainsi qu'un groupe de compagnons tués pour la haine de leur foi en 1936.

    Le Pape François a évoqué, après l'angélus du dimanche 19 novembre, les nouveaux bienheureux que le cardinal Marcello Semeraro a élevé aux honneurs des autels samedi à Séville. «Tués en 1936 dans un climat de persécution religieuse de la guerre civile espagnole, ces nouveaux martyres ont témoigné du Christ jusqu’à la fin. Que leur exemple réconforte les nombreux chrétiens de notre temps persécutés pour leur foi».

    Messe à Séville

    Présidant au nom du Pape François la béatification du père Manuel González-Serna Rodríguez et de dix-neuf autres martyrs, samedi à Séville, le préfet du Dicastère pour la cause des saints a souligné que la vie chrétienne «n'est pas une promenade, mais une mission risquée», et personne n’est «payé pour applaudir, comme dans les spectacles terrestres». En effet, Jésus «prévient que même les liens familiaux peuvent être compromis par le fait de le suivre».

    Sainteté du martyre

    Les vingt nouveaux bienheureux, a expliqué le cardinal, sont un nouvel exemple de la «sainteté du martyre» dont le pape François a parlé jeudi dernier dans son allocution aux participants à la conférence sur la dimension communautaire de la sainteté. Leur mort violente, a-t-il rappelé, a eu lieu dans un contexte de persécution religieuse en 1936 en Espagne.

    La majorité des martyrs étaient des prêtres; les autres étaient des fidèles laïcs et, parmi eux, l'un d'entre eux avait un fils encore séminariste. Il y a aussi une femme qui, très «active dans les œuvres de charité, était une collaboratrice du curé», Don Manuel González-Serna Rodríguez. Ce dernier, «pour témoigner de sa foi, a voulu être fusillé à côté de l'Évangile». Un autre prêtre, Miguel Borrero Picón, «au moment du martyre, a voulu porter la soutane pour montrer publiquement son identité». L'assassinat des autres a pris «des formes différentes, mais tous, au moment décisif, ont accepté la mort comme expression de leur fidélité au Christ». Le père Juan María Coca Saavedra, pendant les cinq jours de captivité auxquels il a été soumis, a exercé le ministère de la réconciliation; les autres, alors, «ont prié et se sont réconfortés les uns les autres, exprimant même des paroles de pardon à l'égard de leurs assassins».

    Souffrance, pardon, miséricorde

    Le cardinal Semeraro a rappelé un ancien hymne chrétien en l'honneur des martyrs, qui «commence par faire l'éloge de ces témoins du Christ». Il dit d'eux que, «enflammés par un véritable amour, ils ont été plus forts que la peur humaine de la mort et que, ayant souffert le martyre, ils sont maintenant au ciel et jouissent d'une joie sans fin». Immédiatement après, cependant, l'hymne passe à l'examen de la situation dans laquelle chacun se trouve: «il affirme qu'il existe pour chacun une condition de martyre et en énumère trois formes». La première est pro fide mortis passio, c'est-à-dire «souffrir la mort à cause de la foi chrétienne». Le deuxième martyre que le croyant est appelé à vivre est iniuriae remissio, c'est-à-dire «pardonner les offenses». La troisième forme est proximi compassio, c'est-à-dire «la miséricorde».

    De l'un de ces martyrs, le père Francisco de Asís Arias Rivas, «les témoins ont explicitement déclaré que, bien qu'il ait dû subir une humiliation particulière de la part de ses persécuteurs, il est mort en pardonnant». De même, Don Mariano Caballero Rubio et Don Pedro Carballo Corrales sont morts en invoquant la miséricorde de Dieu et le pardon de leurs agresseurs. «Le martyr, en fin de compte, a conclu le cardinal, n'est pas seulement celui qui souffre de la persécution, mais aussi celui qui, comme Jésus sur la croix, est capable de dire : "Père, pardonne"».

  • Les "crimes de haine anti-chrétiens" en Europe ont augmenté de 44% l'année dernière

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    De Daniel Payne sur Catholic News Agency :

    Les "crimes de haine anti-chrétiens" en Europe ont augmenté de 44% l'année dernière, selon un groupe de surveillance

    17 novembre 2023 Catholic News Agency The Dispatch 7Print

     17 nov. 2023.

    L'Europe a connu une augmentation de 44 % des crimes de haine antichrétiens dans plus de deux douzaines de pays européens au cours de l'année écoulée, selon un groupe qui surveille la discrimination à l'égard des chrétiens.

    L'Observatoire de l'intolérance et de la discrimination envers les chrétiens en Europe (OIDAC Europe), basé à Vienne, a publié jeudi son rapport annuel détaillant le pic des incidents antichrétiens, qui, selon lui, est "lié à une augmentation de la motivation extrémiste et à une plus grande acceptation du ciblage des églises".

    L'OIDAC Europe indique sur son site web qu'elle recherche, analyse, documente et rapporte "les cas d'intolérance et de discrimination à l'encontre des chrétiens en Europe".

    Les enquêtes de l'association sur "l'intolérance et la discrimination" à l'égard des chrétiens font état "d'attaques physiques et de menaces contre des chrétiens individuels ou des communautés chrétiennes, de profanation et de vandalisme de sites chrétiens" et de "violations de la liberté de religion, d'expression, d'association et de conscience", parmi d'autres incidents.

    Dans son rapport publié jeudi, l'OIDAC Europe indique que les "incendies criminels d'églises" ont augmenté de 75 % entre 2021 et 2022. Le rapport révèle également une "discrimination légale à l'encontre des chrétiens qui expriment une vision traditionnelle du monde chrétien".

    Les cinq premiers pays pour les crimes de haine anti-chrétiens, selon le rapport, sont l'Allemagne, l'Italie, la France, l'Espagne et la Pologne. Le Royaume-Uni et l'Autriche sont également en tête de liste.

    Dans l'ensemble, "en 2022, l'OIDAC Europe a recensé 748 crimes de haine antichrétienne dans 30 pays différents, allant des incendies criminels, des graffitis, des profanations et des vols aux agressions physiques, aux insultes et aux menaces", précise le communiqué.

    Le groupe a noté que ces chiffres correspondent étroitement à ceux rapportés par l'Organisation intergouvernementale pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). L'OSCE a recensé 792 crimes de haine antichrétiens dans 34 pays européens, ce qui fait des chrétiens le groupe religieux le plus visé après les juifs.

    Le rapport examine également des cas de chrétiens qui auraient "perdu leur emploi, auraient été suspendus ou auraient fait l'objet de poursuites pénales pour avoir exprimé des opinions religieuses non violentes en public", ainsi que des "violations du droit des parents d'éduquer leurs enfants conformément à leurs convictions religieuses".

    Le communiqué indique notamment que la plupart des crimes de haine commis l'année dernière "ont été perpétrés par des membres radicalisés de groupes idéologiques, politiques ou religieux qui suivent un discours anti-chrétien".

    Regina Polak, professeur et directrice du département de théologie pratique à la faculté de théologie catholique de l'université de Vienne, qui travaille également avec l'OSCE, a déclaré dans le communiqué de presse de jeudi que le "nombre croissant de crimes de haine anti-chrétiens en Europe" détaillé par le rapport est "profondément inquiétant".

    "Il est absolument nécessaire de sensibiliser les gouvernements et la société à ce problème", a déclaré M. Polak dans le communiqué, "et d'entreprendre des mesures politiques pour s'y attaquer et le combattre résolument".

    Le rapport complet est disponible ici.

     

  • La leçon arménienne

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    Le-mont-Ararat-vu-de-lArmenie-©Wikimedia-620x330.jpeg

    De quoi l’abandon de l’Arménie par l’Europe est-il le nom ? Que dit-il de nous ? Il pourrait bien nous révéler la mort de nos nations, dissimulée derrière la survivance des « États ».

    Lu (JPS) dans le mensuel « La Nef » (novembre 2023 *) :

    « Je reviens d’Arménie. Cette petite république lovée dans un cirque montagneux à 1750 mètres d’altitude moyenne mais privée d’accès à la mer, entourée de quatre pays limitrophes dont trois surarmés et pratiquant une démographie conquérante sinon hostile, libérée du joug soviétique mais toujours fidèle à l’amitié et l’influence russes, abrite une nation.

    Et assurément, l’Arménie est une nation. Les Arméniens parlent et écrivent une langue multimillénaire, avec un alphabet inventé il y a 1600 ans. Ils prient ensemble le Dieu unique et trinitaire depuis 1700 ans quand le roi Tiridate se convertit au christianisme. Ils professent la fierté de leur noble histoire leur ayant permis de hérisser leurs montagnes de forteresses, d’églises, de monastères et de khatchkars médiévaux, et de résister aux périls sismiques comme aux empires byzantin, sassanide puis seldjoukide qui cherchaient à les dominer et à leur imposer une autre religion. Ils communient avec ferveur dans le cadre d’une civilisation vigoureuse, constituée par un État de droit unique dans la région, par l’amour de la grande musique qui nourrit des compositeurs, un opéra et des conservatoires de qualité internationale, leur cuisine aux saveurs subtiles, et par le partage de mœurs et de valeurs issues d’une tradition ouverte. Ils ambitionnent de construire une société moderne, assurant la prospérité collective et le bien commun, tout en faisant reconnaître leurs droits historiques sur les territoires qui leur ont été arrachés et le génocide dont le peuple a été victime il y a plus de cent ans.

    On retrouve bien là les cinq éléments majeurs de l’identité et de la culture des hommes qui forment une nation : la langue, la religion, l’appropriation de l’histoire passée, le désir de communion collective, et l’adoption d’un même projet d’avenir. Cela n’obère pas la diversité, dans l’harmonie cependant, car pour faire nation, il faut a minima réunir quatre de ces cinq ingrédients, or les Arméniens partagent les cinq.

    Un État-nation ?

    Mais les Arméniens forment-ils pour autant un État ? Ou du moins, est-il réellement viable, ce petit État de 30 000 km2 qu’ils ont pu édifier en 1991, dénué de tout accès à la mer, amputé de son emblème millénaire du mont Ararat, rabougri de ses provinces historiques de l’ouest et du sud qui ont subi l’épuration ethnique post-génocidaire, privé de ses provinces orientales peuplées d’Arméniens mais occupées par le voisin azéri ? L’Arménie est un pays pauvre, dont le PIB le situe au 136e rang mondial (111e si on retient le PIB par habitant), bien loin de ce qu’on pourrait imaginer pour un peuple cultivé, courageux et travailleur, ayant généré une diaspora dynamique et solidaire.

    Et en effet, il n’est plus possible à la fin du XXe siècle de créer un État, fût-ce pour y abriter une nation, sans le soutien actif de puissances mondiales et régionales. Car si elles sont sensibles à la géographie et l’autodétermination des peuples, elles le sont davantage encore à la démographie et aux rapports de force générés par les lobbys comme par certains fanatismes qui ne dédaignent pas de recourir, parfois, à la violence.

    Il en allait autrement au XIXe siècle où, à l’exemple de la France et de l’Angleterre, l’Europe avait popularisé le concept d’État-nation, afin d’optimiser les facteurs de paix intérieure et donc d’assurer le bonheur des peuples. Une nation regrouperait donc sur un territoire harmonieux des hommes partageant au moins quatre des cinq composants mentionnés plus haut et hérités du principe ancien « Cujus regio, ejus religio » qui avait mis fin aux guerres de Religion. On peut qualifier cette initiative des puissances européennes, qui dominaient alors le monde, de sagesse pragmatique en matière de relations internationales : elle avait permis de constituer de nouveaux ensembles stables, dont la cohésion fut longtemps fondée sur la culture et donc les valeurs communes de ces États-nation : Belgique, Grèce, Italie, Allemagne, Petit Liban. Mais à côté de ces succès pérennes, parfois facilités par la dislocation des empires, l’agonie de ces derniers s’accompagna aussi de grandes tragédies, comme les massacres collectifs perpétrés par les Ottomans à l’endroit de certaines de leurs populations chrétiennes.

    La fin de l’État-nation

    Si donc on s’en tient, comme définition pratique d’un État-nation, à la conjugaison d’une nation cohésive et d’un État prospère, la plupart des constructions du XIXe et du XXe siècles sont en régression, voire en train de s’effondrer.

    En effet, les pays européens, sous l’influence de la pensée dominante en provenance d’outre-Atlantique, se sont lancés dans la mondialisation tout en pratiquant la déconstruction de leur corpus civilisationnel, alors même que, déjà sécularisés, ils étaient moins enclins à promouvoir leur propre modèle. Cette double peine grippe et même bloque le processus d’assimilation à la nation des populations nouvelles, faute de leur appropriation d’au moins quatre des cinq composants : défaut de maîtrise de la langue, bellicisme religieux, détestation de l’histoire ancienne commune, effondrement du patriotisme au quotidien, et dérision devant les projets fédérateurs. Finalement, même si l’État reste fort, la nation devient faible car divisée. Et même si cet écartèlement ne conduit pas nécessairement à la guerre civile, du moins à court terme, on trouve désormais au sein d’enclaves extraterritoriales, et même dans certains quartiers bourgeois, des hommes qui détestent le pays où ils vivent et dont parfois ils possèdent le passeport. Et qui se victimisent et revendiquent.

    Les exemples de revendications ayant divisé et affaibli ces pays ne manquent pas : les Palestiniens du Liban affirmant que la route de Jérusalem passait par Jounieh ; les grands partis « islamo-progressistes » qui, en 1958 puis en 1975, refusèrent, voire combattirent la souveraineté libanaise au profit d’une solidarité arabe ; les mouvements « Woke » et « Black lives matter » qui pratiquent l’anachronisme, déboulonnent les statues, censurent les films et réécrivent les livres aux États-Unis d’Amérique ; les viols de Noël 2015 commis contre des femmes allemandes après l’arrivée de deux millions d’immigrés moyen-orientaux et africains ; les violentes émeutes à répétition en France, en 1993, 2005 puis 2023 ; les attaques au couteau dans plusieurs pays européens.

    Qu’en conclure simplement, pour être audible ? On retrouve désormais sur un même territoire, un peuple qui n’est plus une nation, divisé entre des habitants anciens qui n’admirent plus leur civilisation et des habitants nouveaux qui la rejettent. Ces lézardes fissurent les pays démocratiques, jamais les dictatures.

    Aussi, lorsque les grands États-nation brandissent la nécessité de valeurs partagées sans en mentionner l’origine, louent la tolérance, bégaient sur le vivre en commun et promeuvent le métissage et le multiculturalisme, sans rappeler les fondamentaux qui les ont enfantés, ils reconnaissent implicitement que s’il reste un État, il n’y a plus de nation. Et certainement pas de « civilisation judéo-chrétienne », le mot qui fâche.

    Alors comment qualifier les pays d’Europe ? 

    Les Arméniens que j’ai rencontrés redoutent un nouvel affrontement armé avec leurs deux voisins surarmés, Azerbaïdjan et Turquie, dont la population cumulée dépasse trente fois la leur. Et ces deux voisins peuvent compter, par surcroît, sur la bienveillance d’Israël et des États-Unis – un allié régional et un allié mondial –, et sur la disqualification de facto de l’arbitre russe, durablement affaibli par le conflit ukrainien. Alors, ils m’ont interpellé, en tant que citoyen français : nous comptons sur le support de l’Europe, car ce sont des pays chrétiens comme nous. N’est-ce pas, ajoutent-ils pour se rassurer ?

    Cette assertion, sous sa forme interrogative, m’a été répétée entre les pierres basaltiques du monastère de Tatev, sous la coupole en croix de l’église Sainte-Hripsimé, au fond de la fosse de Saint-Grégoire à Khor Virap, dans la chapelle troglodyte du couvent de Geghardt, face à la majestueuse crinière blanche d’Ararat contemplée depuis les ruines de Zvartnots ou la forteresse d’Amberd, devant les cartes anciennes du plateau arménien exposées au musée Matenadaran, et au son des musiques des compositeurs européens faisant chanter et virevolter les fontaines de la place de la République. Oui, elle m’a été demandée avec insistance devant ces joyaux du patrimoine de l’humanité. Pourquoi ne nous aide-t-on pas ? Nous voulons la paix avec nos voisins, et nous voulons vivre avec tous nos frères arméniens demeurés fidèles dans les villages du plateau. Nous voulons préserver notre civilisation. Elle est tellement proche de la vôtre. Vous êtes chrétiens comme nous : aidez-nous ! Vous le devez puisque vous le pouvez !

    Mais ils sont fous ces Arméniens : nous chrétiens ? La constitution européenne non seulement ne le proclame pas, mais elle ne consent même pas à reconnaître – que dis-je ? nommer – les racines de l’Europe. Par honte, dégoût, peur ? Les Turcs ont beau jeu de fustiger ce qu’ils appellent un « club chrétien », car les membres du club protestent vertueusement : « Non, nous ne sommes pas chrétiens ; peut-être quelques rares nostalgiques nationalistes rances. » Et lorsque la France, attaquée par des hordes d’émeutiers, se rebiffe en parlant de valeurs communes, elle les qualifie de « valeurs républicaines », jamais de « valeurs françaises ». De quoi cet abandon est-il le nom ?

    D’une désagrégation de la nation. Il n’y a plus d’État-nation, cette organisation redoutablement efficace qui avait fondé la prospérité de l’Europe et ses convictions civilisatrices – d’ailleurs, cet adjectif est honni, dans le « gloubi-boulga » des opinions qui se valent toutes et de l’égalitarisme des civilisations. On peut classer les sportifs par leurs victoires, les scientifiques par leurs prix Nobel, les peintres par leur cote chez Sotheby’s, les musiciens par leurs disques d’or, les écrivains par le nombre de lecteurs, les hommes par leur taille, les femmes dans les concours de beauté, les universités par le classement de Shangaï, les entreprises par leur valorisation boursière, les pays par le PIB. Mais pas les civilisations ! On aurait pourtant pu comparer leur apport à l’humanité en matière de systèmes de valeurs, d’aspirations eschatologiques, de découvertes scientifiques, d’innovations technologiques, de patrimoine architectural et artistique. Pourquoi en ce nouveau siècle une telle honte de ce que nous sommes ?

    Question sans réponse. Alors venir en aide à trois millions d’Arméniens qui nous empêchent de bien dormir ? On a déjà milité pour la reconnaissance de leur génocide par les Turcs – dont le nom n’est pas explicitement mentionné. Nous ne sommes d’ailleurs que trente pays à l’avoir reconnu – sur 193 au total, représentés à l’ONU. Même Israël, issu d’un autre génocide, ne le reconnaît pas. On a bien fait notre devoir.

    Alors non, foutez-nous la paix, les Arméniens. Laissez-nous jouir sans entrave, face à notre écran et nos réseaux sociaux, entre un Big Mac bien dodu et une canette de Coca-cola sans sucre. Nous revendiquons le droit à l’abrutissement total et à l’amnésie collective. Khalas ba’a. Vous nous rappelez trop nos racines que nous avons oubliées et notre christianisme que nous avons bradé pour une goutte de pétrole.

    Rideau. »

    (*) Farid Élie Aractingi

    Farid Elie Aractingi, ancien cadre dirigeant dans l’industrie informatique et automobile, est engagé dans des œuvres bénévoles au service de la relation franco-libanaise.

    © LA NEF n°363 Novembre 2023

  • Abus sexuels dans l'Eglise espagnole : des estimations loufoques

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    De José García sur le Tagespost :

    Peu de faits et beaucoup de spéculations

    Dans le rapport sur les abus sexuels commandé par le Parlement espagnol, les plateformes espagnoles ont découvert de graves erreurs.

    6 novembre 2023

    Le rapport sur les abus sexuels dans le secteur ecclésiastique en Espagne, préparé par le Médiateur au nom du Parlement espagnol et présenté la semaine dernière, a suscité de nombreuses réactions. Le président de la Conférence épiscopale espagnole, le cardinal Juan José Omella, a demandé pardon aux victimes et a promis de "travailler à leur guérison", tout en critiquant les "extrapolations" faites par certains médias à partir des chiffres présentés dans le rapport. Sur son compte X, le cardinal Omella a écrit : « Les chiffres extrapolés par certains médias sont faux et destinés à induire en erreur. »

    Des positions similaires ont été exprimées par d’autres évêques, dont l’archevêque Celso Morga de Mérida-Badajoz, qui a souligné dans un article publié sur la plateforme en ligne « Omnes » que l’Église s’efforce de trouver la vérité. Il a souligné que la vérité est basée sur des faits et non sur des « estimations démographiques » qui peuvent semer la confusion dans un sujet aussi sensible. Dans le même temps, Morga a souligné la disponibilité de l'Église à écouter les victimes, à soutenir leur guérison et à coopérer avec les autorités judiciaires. Il a souligné que l'Église est consciente de la nécessité de soutenir les victimes et de faire éclater la vérité.

    99 pour cent des auteurs sont ignorés

    Plusieurs plateformes critiquent la méthodologie du rapport. « Forumlibertas.com » recense 20 thèses ou points de critique et qualifie la création du rapport de « discriminatoire ». Elle déplore que le rapport concentre l'ampleur de la criminalité généralisée sur une petite minorité d'auteurs, tout en ignorant 99 pour cent des auteurs. La plateforme affirme que le Parlement n'a pas non plus la compétence juridique pour mener une telle enquête, puisque le rôle du Médiateur se limite à enquêter sur le comportement des administrations publiques. Par exemple, le rapport laisse de côté les délits pédophiles commis dans les institutions publiques, qui relèvent de sa compétence. 

    « Forum Libertas » critique également le mélange des cas enregistrés avec les résultats d'une enquête, également reprise dans d'autres médias. La plateforme souligne que l’enquête « sert à exagérer l’ampleur des crimes présumés, qui ne se reflète pas dans la réalité ». Seul un petit nombre de victimes présumées ont été directement interrogées. 

    La plateforme « e-cristians.cat » souligne également le faible nombre de cas mentionnés dans le rapport : « Le rapport ne décrit que 14 cas, dont un semble concerner le Sénégal, et sur les 405 entretiens avec des victimes présumées, il n'y en a que 360. de vraies victimes. Les 45 autres concernent des victimes présumées désignées par des tiers.

    Le résultat n'a en fait aucun sens

    La plateforme critique la méthode d'enquête et souligne qu'il existe une marge d'erreur d'un pour cent sur une population de 38,9 millions de personnes âgées de 18 à 90 ans, sur la base de 8 000 entretiens. Cela signifie que chaque résultat d'enquête peut différer d'un pour cent. Si l’enquête elle-même montre que 0,6 pour cent des victimes ont déclaré que des membres du clergé et 0,53 pour cent des victimes ont déclaré que des laïcs liés aux institutions catholiques étaient les auteurs des crimes, le résultat n’a en réalité aucun sens car la marge d’erreur est plus grande que le résultat.

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  • 498 martyrs des persécutions religieuses lors de la guerre civile espagnole (6 novembre)

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    D'Evangile au Quotidien :

    BBx 498 martyrs espagnols

    Le 28 octobre 2007, le card. José Saraiva Martins, Préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, représentant le pape Benoît XVI, a présidé, à Rome, la Messe de béatification de 498 martyrs des “persécutions religieuses” de la guerre civile espagnole. Ces catholiques ont été tués dans diverses circonstances en 1934, 1936 ou 1937 ; parmi eux il y avait deux évêques, vingt-quatre prêtres, quatre cent soixante-deux religieux, trois diacres ou séminaristes et sept laïcs qui « versèrent leur sang pour rendre témoignage de l'Evangile de Jésus Christ…soient dorénavant appelés du nom de bienheureux et que leur fête soit célébrée chaque année le 6 novembre dans les lieux et selon les modalités établies par le droit. » (>>> Lettre du pape Benoît XVI).

    Lettre apostolique par laquelle le pape
    Benoît XVI
     a inscrit dans l'Album des Bienheureux
    498 Serviteurs de Dieu martyrs en Espagne

    Nous, accueillant le désir de nos frères, Lluís Martínez Sistach, Archevêque de Barcelone; Francisco Gil Hellín, Archevêque de Burgos; Antonio Card. Cañizares Llovera, Archevêque de Tolède; José María Yanguas Sanz, Evêque de Cuenca; Antonio Ángel Algora Hernando, Evêque de Ciudad Real; Santiago García Aracil, Archevêque de Mérida-Badajoz; Antonio María Card. Rouco Varela, Archevêque de Madrid; Carlos Osoro Sierra, Archevêque d'Oviedo; Carlos Amigo Card. Vallejo, o.f.m., Archevêque de Séville; Ramón del Hoyo López, Evêque de Jaén; Vicente Jiménez Zamora, Evêque de Santander; Juan Antonio Reig Pla, Evêque Cartagena en Espagne; Carles Soler Perdigó, Evêque de Gérone; Antonio Dorado Soto, Evêque de Malaga; et Ciriaco Benavente Mateos, Evêque d'Albacete; ainsi que de nombreux autres frères dans l'épiscopat et de très nombreux fidèles, après avoir pris l'avis de la Congrégation pour les Causes des Saints, en vertu de Notre autorité apostolique, accordons la faculté que les vénérables serviteurs de Dieu: 

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  • Le sort des chrétiens chinois reste inquiétant

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    De la chaîne AMEN sur youtube :

    La Chine est un des pays les plus peuplés mais surtout les plus puissants du monde. Son influence sur le monde est considérable et son emprise sur le commerce international est immense. Malgré son occidentalisation, le rapport de la Chine à la religion reste particulièrement tendu. Aujourd'hui, on vous parle de la situation des chrétiens dans ce pays. 

  • Des terroristes enlèvent au moins 30 chrétiens au Nigeria

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    Du Morning Star News  :

    Des terroristes enlèvent au moins 30 chrétiens au Nigeria

    10 octobre 2023

    ABUJA, Nigeria (Morning Star News) - Samedi 7 octobre, des terroristes ont enlevé plus de 30 chrétiens dans le sud de l'État de Kaduna, au Nigeria, selon des habitants.

    Les assaillants ont tendu une embuscade et ont emmené les chrétiens sous la menace d'une arme à feu vers 11 heures du matin alors qu'ils travaillaient dans une ferme communale à Chikuri, dans le comté de Chikun, a déclaré Victor Dabo, un habitant de la région, dans un message.

    "Plus de 30 agriculteurs chrétiens qui cultivaient une ferme ont été enlevés d'un seul coup", a déclaré Dabo à Morning Star News. "Merci de prier pour la communauté chrétienne de Chikuri.

    Un autre habitant, Dogara Peter, a déclaré que sa mère et sa sœur faisaient partie des personnes enlevées alors qu'elles travaillaient dans la ferme.

    "Les terroristes ont enlevé 30 villageois chrétiens qui travaillaient dans une ferme appartenant à M. Maikudi, un membre âgé de notre communauté", a déclaré M. Peter à Morning Star News. "Ma mère et ma sœur font partie des personnes enlevées par les terroristes. Cet incident a plongé notre communauté dans la confusion. Les terroristes n'ont toujours pas pris contact avec nous plus de 24 heures après l'enlèvement des membres de notre famille.

    C'est la troisième fois que les terroristes envahissent cette communauté traumatisée. Affirmant que le dernier espoir de la communauté réside dans la police, les autres agences de sécurité et le gouvernement nigérian, il a lancé un appel pour qu'ils sauvent les personnes retenues en captivité.

    "Nous lançons cet appel parce que nous n'avons nulle part où trouver de l'argent pour payer une rançon si ces terroristes finissent par nous le demander, comme cela a été le cas lors des deux autres attaques contre notre communauté", a déclaré M. Peter.

    En 2022, le Nigeria était en tête du classement mondial des chrétiens tués pour leur foi, avec 5 014 personnes, selon le rapport 2023 de la World Watch List (WWL) de Portes Ouvertes. Il est également en tête pour les chrétiens enlevés (4 726), agressés ou harcelés sexuellement, mariés de force ou maltraités physiquement ou mentalement, et il compte le plus grand nombre de maisons et d'entreprises attaquées pour des raisons liées à la foi. Comme l'année précédente, le Nigéria arrive en deuxième position pour le nombre d'attaques d'églises et de personnes déplacées à l'intérieur du pays.

    Dans la liste mondiale de surveillance 2023 des pays où il est le plus difficile d'être chrétien, le Nigeria a bondi à la sixième place, son plus haut classement jamais vu, alors qu'il occupait la septième place l'année précédente.

    « Des militants peuls, Boko Haram, de la province de l’État islamique d’Afrique de l’Ouest (ISWAP) et d’autres mènent des raids contre les communautés chrétiennes, tuant, mutilant, violant et enlevant contre rançon ou comme esclaves sexuels », note le rapport de WWL. « Cette année, ces violences ont également touché le sud du pays, à majorité chrétienne… Le gouvernement nigérian continue de nier qu’il s’agit d’une persécution religieuse, de sorte que les violations des droits des chrétiens sont perpétrées en toute impunité. »

    Au nombre de millions à travers le Nigeria et le Sahel, les Peuls à majorité musulmane comprennent des centaines de clans de nombreuses lignées différentes qui n'ont pas d'opinions extrémistes, mais certains Peuls adhèrent à l'idéologie islamiste radicale, selon le Groupe parlementaire multipartite du Royaume-Uni pour la liberté internationale ou Croyance (APPG) notée dans un rapport de 2020.

    « Ils adoptent une stratégie comparable à celle de Boko Haram et de l’ISWAP et démontrent une intention claire de cibler les chrétiens et les symboles puissants de l’identité chrétienne », indique le rapport de l’APPG.

    Les dirigeants chrétiens du Nigeria ont déclaré qu’ils pensaient que les attaques des bergers contre les communautés chrétiennes de la ceinture centrale du Nigeria étaient inspirées par leur désir de s’emparer par la force des terres des chrétiens et d’imposer l’islam, car la désertification rendait difficile pour eux le maintien de leurs troupeaux.

  • Nicaragua : la chasse aux chrétiens continue

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    De Jean-Baptiste Noé sur aleteia.org :

    La chasse aux chrétiens se poursuit au Nicaragua

    5/10/23

    L’arrestation et la condamnation en février 2023 de l’évêque Rolando Alvarez témoignent de la lutte antireligieuse du régime de Daniel Ortega. Bien décidé à éradiquer le christianisme, le dictateur sandiniste accroît la répression contre les catholiques.

    Pays de 6,8 millions d’habitants, le Nicaragua est l’un de ces pays d’Amérique centrale qui ne cesse d’osciller entre différents régimes autoritaires. Menant la lutte contre le dictateur Somoza, Daniel Ortega et les sandinistes sont parvenus à la direction du pays en 1979. Daniel Ortega est resté président jusqu’en 1990, avant de perdre les élections présidentielles. N’ayant jamais abandonné la politique, il revient au pouvoir en 2007 puis fait modifier la Constitution pour abroger la limite des mandats.

    Homme fort du Nicaragua depuis plus de 15 ans, il a fait élire son épouse à la vice-présidence et installé des membres de sa famille aux postes clefs du pays. Organisant une répression sans faille des opposants politiques, il a notamment fait arrêter l’évêque de Matagalpa, Mgr Rolando Alvarez, qui a été condamné en février 2023 à 26 ans de prison, ayant été déclaré « traître à la patrie » lors d’un procès truqué. Ce dernier a refusé de s’exiler aux États-Unis, préférant rester dans son pays, quitte à passer de longues années en prison. 

    Un régime solidement ancré

    Rien n’a pu renverser le régime du président Ortega, dont la pensée et la pratique ont été forgées dans les luttes sandinistes des années 1970. L’homme est l’une de ces survivances des révolutions marxistes qui, comme à Cuba, sont parvenues à prendre et à conserver le pouvoir, sans que les États-Unis ne puissent rien y faire. Si beaucoup de fantasmes sont accolés à la puissance tentaculaire de la CIA et de Washington, force est de constater l’impuissance du géant américain pour renverser un régime qui lui est hostile. 

    Emprisonné dans un lieu tenu secret, nul ne sait ce qui est arrivé à Mgr Alvarez, des rumeurs l’annonçant même comme mort. 

    S’appuyant sur les puissants cartels de la drogue, Daniel Ortega finance ses vassaux et ses affiliés pour tenir le pays, n’hésitant pas à réprimer lourdement les manifestations, comme celles de 2018 qui ont abouti à de nombreux morts et arrestations, sans parvenir à faire vaciller un régime solidement ancré. Emprisonné dans un lieu tenu secret, nul ne sait ce qui est arrivé à Mgr Alvarez, des rumeurs l’annonçant même comme mort. 

    Répression contre les catholiques 

    La répression ne se limite pas à l’arrestation de l’évêque de Matagalpa. En mai 2023, plusieurs prêtres du pays ont vu leur compte bancaire gelé. Une mesure identique fut appliquée à des écoles catholiques et des paroisses. Un rapport, orchestré par le régime, a présenté l’Église comme menant des actions de blanchiment d’argent et se livrant à des actes de terrorisme. Des accusations qui sont lancées à l’égard de tous ceux qui s’opposent au régime.

    En août, plusieurs prêtres qui s’étaient rendus à Lisbonne pour les JMJ se sont vus refusés le retour sur le sol du Nicaragua. Le même mois, le gouvernement a saisi l’université gérée par les jésuites, les biens de l’ordre et a prononcé sa dissolution. Là aussi, sous le motif de « terrorisme ». Un motif bien commode pour museler les oppositions. Le gouvernement a également expulsé le nonce apostolique, privant le Saint-Siège de relais et d’informations sur le pays. 

    L’argent de la drogue 

    Une répression qui n’est toutefois pas nouvelle. Lors de sa visite en 1983, Jean Paul II avait affronté l’un des déplacements les plus difficiles de son pontificat. Micros coupés pour que sa voix ne porte pas, soldats sandinistes placés au pied de l’estrade pour crier et l’insulter, le pape polonais ne s’était pas démonté et avait tenu son voyage jusqu’au bout. Un voyage marqué notamment par l’admonestation contre le père Ernesto Cardenal, alors ministre de la Culture du gouvernement de Daniel Ortega. 

    Aucune voie de sortie n’est pour l’instant visible. Le président Ortega est solidement ancré, il tient les rouages clefs de l’armée et de la police, arrose ses soutiens avec l’argent de la drogue. Le Nicaragua désespère les États-Unis, qui n’ont jamais réussi à déloger les sandinistes. Comme au Venezuela, comme à Cuba, ces dictatures enracinées dans une histoire profonde sont solidement amarrées à leur pays. 

  • L'Inde, la Chine et l'avenir

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    De George Weigel sur First Things :

    27 septembre 2023

    L'INDE, LA CHINE ET L'AVENIR

    Le numéro du 2 septembre de The Spectator présentait une caricature du Premier ministre indien Narendra Modi et du Premier ministre britannique Rishi Sunak à bord d'une fusée ascendante. L'article principal - un aperçu du sommet du G-20 à New Delhi - était intitulé "Le siècle de l'Inde". La plupart des commentateurs du monde entier ont ensuite qualifié le G-20 de "siècle de l'Inde" : Il s'agissait de l'entrée en scène de l'Inde en tant que superpuissance du XXIe siècle, susceptible de défier la Chine en tant que colosse asiatique de l'avenir.  

    Depuis des années, je dis à mes amis que, pour les paris à long terme, il vaut mieux miser sur l'Inde que sur la Chine. J'ai pris conscience du dynamisme économique du sous-continent pour la première fois il y a une vingtaine d'années, lorsque, en essayant de résoudre toutes sortes de problèmes, des erreurs dans les formulaires fiscaux que je recevais aux erreurs sur ma facture de carte de crédit, en passant par les pépins informatiques, je me suis retrouvé à parler à des gens en Inde, un pays qui semblait avoir compris que le monde, à des fins économiques, était devenu un seul et même fuseau horaire. Il y avait aussi l'héritage positif de la domination britannique en Inde : une armée qui ne se mêlait pas de politique, une fonction publique professionnelle, des institutions démocratiques et, surtout, l'État de droit, qui est essentiel à la croissance économique et à l'ordre social, en particulier dans une société aussi complexe, qui est aujourd'hui la plus peuplée du monde.

    En revanche, je pensais que le totalitarisme léniniste profondément ancré dans l'ADN du Parti communiste chinois (PCC) finirait par s'avérer trop fragile pour résoudre des problèmes sérieux (comme cela a été le cas avec l'épidémie de Covid, l'économie chinoise en perte de vitesse et le déclin démographique du pays, lui-même résultat direct de la politique draconienne de l'enfant unique que le PCC a brutalement appliquée pendant des décennies). L'état de sécurité nationale paranoïaque que le PCC est en train de construire, qui a conduit à tout, du génocide des Ouïghours musulmans à l'abrogation des libertés civiles à Hong Kong, en passant par des pressions toujours plus fortes sur l'Église catholique et d'autres communautés chrétiennes, m'a également semblé être l'indicateur d'un régime en déclin.

    C'est pourquoi je n'ai cessé de répéter : "Misez sur l'Inde plutôt que sur la Chine". Aujourd'hui, d'autres ont rejoint le mouvement. Mais à quelques exceptions près, mes collègues partisans du "pari sur l'Inde" semblent ignorer une réalité inquiétante de l'Inde du XXIe siècle, qui pourrait éventuellement affaiblir, voire menacer, la renaissance indienne. Il s'agit du fait que l'Inde devient de plus en plus intolérante, voire violemment intolérante, à l'égard des différences religieuses.

    Le Bharatiya Janata Party (BJP) du Premier ministre Modi promeut l'"Hindutva", une idéologie du nationalisme hindou qui, pour certains Indiens radicalisés, signifie la persécution des personnes d'autres confessions. Des centaines d'églises chrétiennes ont été incendiées ces derniers mois par des fanatiques qui votent vraisemblablement pour le BJP. Le parti ne promeut pas activement ces outrages, mais il semble les tolérer et ne fait certainement pas assez pour s'en distancier. Cela soulève de graves questions quant à la détermination de Modi à promouvoir un "modèle indien" de société du XXIe siècle.

    Dans un avenir prévisible, l'Inde restera un pays où les hindous constituent l'écrasante majorité. Mais une Inde qui ne peut vivre la tolérance religieuse ne peut être un modèle universel de stabilité sociale et de progrès. Une Inde où les chrétiens risquent leur vie et leurs biens n'est pas non plus un modèle pour les pays - y compris les États-Unis - dont l'Inde a besoin pour contrer l'agressivité de la Chine. Ceux qui projettent (et célèbrent) une Inde devançant la Chine dans la compétition pour le leadership asiatique devraient insister sur ces points auprès de Modi et du BJP, plutôt que de se contenter de célébrer ses réalisations et celles de son parti.

    Il serait utile que le Saint-Siège s'affirme plus publiquement dans sa défense des communautés catholiques en difficulté en Inde, bien que la courbette continue du Vatican devant la Chine n'incite pas à espérer une ligne plus ferme à l'égard de l'Inde. La récente exhortation du pape aux catholiques chinois à être "de bons chrétiens et de bons citoyens" était, dans l'absolu, tout à fait acceptable. Le problème est que, dans la réalité actuelle, être un "bon citoyen" en Chine signifie prêter serment d'allégeance à la pensée de Xi Jinping (y compris la "sinisation" de toute religion), ce qui est incompatible avec la fidélité à l'Évangile de Jésus-Christ.

    Puisque nous parlons de la Chine, permettez-moi de faire une pause et de rendre hommage à mon ami Jimmy Lai, le prisonnier de conscience catholique le plus connu au monde. À l'heure où vous lisez ces réflexions, Jimmy fête son millième jour d'isolement dans la prison Stanley de Hong Kong. Sa femme est autorisée à lui rendre visite deux fois par mois. Ses enfants ne l'ont pas vu depuis trois ans. Tous attendent une parole publique pour défendre ce martyr blanc de Rome.

    Et comme les réfugiés au début du grand film Casablanca, ils attendent. Et attendent. Et attendent. ...

    La chronique de George Weigel "The Catholic Difference" est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la William E. Simon Chair in Catholic Studies.

  • Le patriarche des Chaldéens dénonce le silence de Rome face à la situation de l'Eglise en Irak

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    D'Asia News via Riposte catholique :

    Irak : le patriarche Sako dénonce le silence du Pape et du Vatican