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Les chemins de Saint-Jacques de Compostelle : une foule comme au moyen âge

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Dans « La Libre », sous la plume de Christophe Lamfalussy (extraits) :

compostelle-pelerins602.jpg(…) Tous les observateurs et familiers du "Camino" le constatent : la part des jeunes augmente dans ces pèlerins qui convergent toute l’année vers Saint-Jacques-de-Compostelle. "Cet été", nous dit Francine Gaffard, une ancienne pèlerine qui tient un gîte d’étapes à Figeac, "j’ai vu passer plus de jeunes que de gens âgés. De nombreux pèlerins ne disent pas pourquoi ils sont partis mais on sent une prise de conscience personnelle qui n’existait pas auparavant" (…).

Le "Chemin", comme on dit simplement, en voit passer, de ces jeunes venus de tous les coins de l’Europe, à la recherche d’une plus grande profondeur. Sophie, une jeune Parisienne BCBG, s’est lancée cet été après avoir terminé un boulot d’intérimaire. Régine a passé une semaine sur le chemin après avoir perdu son emploi de caissière. Matthijs, un Hollandais multilingue, avait aussi perdu son travail. Stéphane est lui aussi parti après avoir été jeté dehors de son travail. "Je voulais me vider la tête, trouver un sens à la vie et amortir le choc", dit-il. "Mes deux filles suivent mon itinéraire avec des épingles sur une carte."

Adeline Rucquoi, historienne et présidente de l’Association française des amis de Saint-Jacques, estime que 30 à 40 % des jeunes entreprennent le chemin avec un but religieux mais que la majorité ne sait pas pourquoi ils partent. Cette randonnée parfois épuisante serait en quelque sorte un révélateur plus que l’aboutissement de convictions. "Quand ils partent, ils ne savent pas", dit-elle. "Et puis, le chemin fait son travail. Petit à petit, ils se rendent compte qu’ils cherchaient autre chose."

Pour l’historienne, les jeunes sont en train de revenir à la tradition des premiers pèlerins du XIIe siècle. "Ils redécouvrent la nature, marchent face au vent, font 20 km à pied plutôt que 800 km en voiture. Pas mal de ces jeunes ont grandi dans des villes."

ll n’y a pas de statistiques absolument fiables sur le nombre de pèlerins qui sillonnent les différentes voies menant à Compostelle. Mais manifestement, entre les randonneurs à la semaine, sac au dos convoyés par taxis, jusqu’aux pèlerins sans le sou, qui font la route d’une traite, le Chemin suscite un intérêt croissant, attire de plus en plus d’Américains et de Canadiens et brasse des classes sociales qui, autrement, ne se rencontreraient plus. (…)

A Compostelle même, le bureau des pèlerins a enregistré en 2011 l’arrivée de 183 500 randonneurs, dont 1 685 Belges. Hormis les années jacquaires (2004 et 2010), où il y a plus de pèlerins, la fréquentation est en hausse régulière de 7 à 10 % par an. En juillet dernier, 32 820 pèlerins se sont manifestés à leur arrivée au bureau de Compostelle : 42,5 % avaient moins de 30 ans, 49,6 % étaient âgés de 30 à 60 ans et 7,8 % avaient plus de 60 ans.

Environ 60 % étaient de nationalité espagnole (beaucoup font les derniers 100 km), suivis dans l’ordre par les Italiens, Allemands, Portugais, Américains et Français.(…)

L’Eglise catholique a pris conscience de l’engouement et dépêche discrètement ses religieux. Certains, comme ce prêtre suisse mandaté par son évêque, font le chemin à contre-courant pour rencontrer les marcheurs aux haltes. D’autres font eux-mêmes le chemin dans la tradition de Saint-Jacques, sans le sou, comptant sur la générosité. "On arrive à Compostelle parfois plus riche qu’au départ", plaisante un père franciscain. »

Un jésuite belge tient toutefois à se dédouaner :

Le père Paul Dehove, jésuite belge de la paroisse de l’Annonciation à Ixelles, vient de passer un mois à Compostelle avec pour mission de rencontrer les pèlerins au bout de leur aventure. "Pas la pratique médiévale de la confession", s’exclame-t-il, "mais en allant dans les cafés, boire une bière, les écouter. Comme le dit si bien Matteo Ricci, mieux vaut une conversation qu’un sermon, et il ne s’agit en aucune manière de chercher à récupérer une jeunesse courageuse, studieuse, engagée".

Ah bon, c’est cela la nouvelle évangélisation ? Vite, qu’on envoie cet expert au synode.

Commentaires

  • A conseiller : la Via Francegina (de Cantorbéry à Rome) : moins fréquenté, accueils meilleurs et moins onéreux, ... et pas de punaises.

  • Excusez les références à des expériences personnelles.

    Entre autres pèlerinages, plus ou moins ambitieux (quant à l’itinéraire), j’ai été jacquet deux fois. Solitaire (au départ). En 2002 et en 2004.

    Si vous permettez.
    Il faut partir de son patelin. Premier cachet ? Sa paroisse : c’est élémentaire.
    On peut partir en vélo, c’est un moyen modeste, mais efficace. Sans exploit, il faut 30 jours pour arriver à Compostelle.

    Il faut partir sans fétichisme : à la grâce de Dieu. Par exemple. Les (pseudo) chemins séculaires, il ne faut ni les éviter ni les suivre. Mais, partir pour se faire embrigader, c’est contradictoire.
    « La sainte liberté des enfants de Dieu » n’est pas faite que pour les chiens errants.

    Ce qui compte, c’est la forme physique du moment et la géographie. La géographie physique et la géographie religieuse.
    Evitez les grandes villes. (Passez à l’est ou à l’ouest de Paris, les deux solutions se valent.) Passez par la région d’Oviedo, visitez quelques chapelles (ou églises) préromanes. Allez. Vous verrez.

    Quant au clergé sur le chemin ? Ils sont les mêmes que ceux d’ici.
    Si vous avez plus de chance que moi, il vous faudra les doigts d’une main pour compter ceux qui vous édifient.
    Ne comptez pas trop sur les fonctionnaires ecclésiastiques : vous serez mieux reçus par le populo.


    PS
    La (zo gezegd) via francigena, j'ai aussi été à Rome, en vélo.
    Mêmes remarques que pour Compostelle.
    Sauf que la population italienne comprend mal votre démarche.
    Les campings et les hôtels sont très chers pour un service...
    Quant aux hôtels des congrégations, j'en ai vu un qui affichait trois étoiles... Et j'ai repris ma route en méditant... Sur l'ouverture au monde.

  • Il est assez étrange que les services des pélérinages de nos diocèses ne proposent pas Compostelle dans leur liste de destinations...

  • Pour compléter d'autres pèlerinages que la Via Francigena, il y a le Chemin historique des Commanderies templières et hospitalières entre Tournai (Belgique) et Saint-Quentin (Aisne). Venant d'être inauguré, via Saint-Amand-les-Eaux, Valenciennes, le Pays solesmois, le Caudrésis et le Vermandois, ce chemin relie les commanderies tenues dès le XIIe siècle par les moines-soldats de l'ordre du temple, et de l'ordre des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.

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