Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

L'Eglise serait-elle faite pour être minoritaire ?

IMPRIMER

C'est l'avis de Joël Rochette, président du Séminaire de Namur, interviewé aujourd'hui (4 septembre) par le Soir (version papier). Le quotidien consacre généreusement deux pleines pages au séminaristes, "ces jeunes qui ont choisi Dieu", et en fait une présentation assez objective, avec de sympathiques témoignages des intéressés. Ouf! Mais revenons à l'interview de l'abbé Rochette dont les propos satisferont les âmes bienveillantes :

Combien de séminaristes avez-vous accueillis cette année ?

Nous avons accueilli huit nouveaux séminaristes pour la Belgique francophone.

Peut-on dire que l'on assiste à une crise des vocations ?

Oui, mais ce n'est pas nouveau. Cette crise est là depuis les années soixante et septante. On a diminué par cinq ou par six les chiffres d'entrées.

Pour quelles raisons les jeunes se détournent du séminaire selon vous?

C'est assez complexe. Il y avait plus d'entrées par le passé mais il y avait aussi plus de sorties. Dans les années septante, seuls un ou deux séminaristes étaient ordonnés chaque année, comme aujourd'hui. La crise est donc profonde depuis longtemps. Mais je pense surtout que la société a changé. Nous ne sommes plus dans une société chrétienne avec des chemins tout tracés. Avant, beaucoup de jeunes considéraient comme posiible de devenir prêtre. Nous ne sommes plus dans cette possibilité-là. Ajoutez à cela une société qui promeut l'érotisation, une individualité forte, ... des valeurs qui ne sont pas liées au sacerdoce. (...)

La prêtrise est également un engagément au célibat...

Le futur prêtre doit accepter le célibat. Pas simplement du bout des lèvres. Il faut qu'il l'intègre, que ce soit un choix volontaire  et pas imposé de l'extérieur.

Que répondez-vous aux personnes qui pensent que la position de l'Eglise ne sera plus tenable à terme si l'on ne réforme pas le célibat des prêtres ?

Je crois qu'ils se trompent. Je pense que le célibat convient bien dans la société d'aujourd'hui. C'est un signe clair, le signe de quelqu'un qui s'engage totalement. Je pense que ce signe-là est plus utile aujourd'hui, dans une société qui est tellement sécularisée, dominée par une pensée unique, où tout le monde doit avoir un conjoint, une belle voiture, une maison... Il est possible qu'un jour, on ordonne des gens mariés comme c'est le cas en Orient. Mais je ne suis pas sûr que l'on aura plus de prêtres pour autant... Est-ce qu'un jeune de 18 ans accepterait d'être prêtre même s'il était marié? (...)

Selon une enquête* (réalisée l'année dernière), on remarque qu'il n'y a plus que 4% de catholiques engagés. Un constat qui vous inquiète pour l'avenir?

Je pense que l'Eglise est faite pour être minoritaire. La foi chrétienne est exigeante. Elle nécessite un choix, un discernement, qui n'est pas facile. Si tout le monde acceptait l'Eglise et l'Evangile, c'est que l'Evangile n'a rien à dire finalement. Je ne suis pas inquiet car c'est le propre de l'Evangile d'annoncer à l'autre la bonne nouvelle. Cela veut simplement dire que l'on aura plus de travail.

* L'enquête : "En 2011, il n'y a plus que 50% de la population belge qui se définit comme catholique. Ils étaient encore 72% en 1982. Les catholiques actifs (qui vont à l'église au moins une fois par mois et sont membres d'un groupement catholique) ne représentent plus que 4% de la population. (...) Selon les checheurs qui ont réalisé cette enquête, l'explication principale est à trouver du côté de la transmission religieuse qui se tarit peu à peu. Les jeunes générations sont éduquées en dehors de la religion et ont peu de chance d'en retrouver le chemin." (Enquête "Autres temlps, autres moeurs", Liliane Voyé, Karel Dobbelaere et Koen Abts, FRB et Racine Campus)

Commentaires

  • Je trouve que M. l'abbé Rochette se console avec peu ou peut-être est-il un optimiste invétéré.

    Il y a bel et bien un grave problème de transmission de la Foi et l'un des plus grands responsables est l'enseignement dit catholique. Vous rencontrez sûrement comme moi de ces jeunes de 18 ans qui ont passé 2 X 6 ans sur les bancs de l'enseignement libre et qui en sortent pratiquement ignares sur le christianisme. On parle de tout au cours de religion sauf de... Dieu. Et encore moins du Christ, mot tabou irrespectueux des élèves musulmans, il faut dire à la rigueur Jésus, mais pas trop tout de même. Et on passe toute l'année à parler de problèmes de société dans une optique pluraliste et relativiste. Certains professeurs de religion sont ouvertement agnostiques.

    Les responsables, nos évêques en première ligne ont laissé faire, il faut avant tout avoir le maximum d'élèves et les subsides en rapport.

    En France, certains parents ont réagi en créant de petites écoles réellement catholiques mais non subsidiées. Il y a là évidemment un problème financier pour certains parents et ce n'est pas l'idéal non plus.

    De toute manière, pour un jeune il faut déjà avoir une forte personnalité et une résistance en béton aux sarcasmes des copains, par exemple s'ils veulent se faire confirmer. Et ne croyez surtout pas qu'ils seront soutenus par leurs professeurs, sauf rares exceptions.

  • Je me souviens avoir vu une vidéo de confirmations où l'on voit un jeune, futur confirmé, arriver avec son vélo devant l'autel... C'était ce prêtre, cité ci-dessus, qui confirmait... Bien sûr, me direz-vous, il n'était pas à l'origine de cette mascarade, mais a-t-il eu l'audace d'intervenir? de remettre les choses en place? d'envoyer une circulaire aux prêtres(l'abbé Rochette est responsable de la Liturgie pour le diocèse Namur/ Luxembourg n'est-ce pas?) demandant de veiller à ce que les messes soient célébrées de façon digne? Il n'est pas difficile de voir autour de nous (youtube foisonne d'exemples!) des messes massacrées où Dieu n'est plus devenu qu'un prétexte ou une idée. Regardez les funérailles, mariages où l'on permet de mettre n'importe quel musique, les messes "adaptées" où, au final, les enfants sont comme pris en otage. Des messes mascarades, personne n'en veut! Quel jeune homme désirerait être prêtre si cela rime à "bouffonnerie"?
    Oui, je suis en colère. La responsabilité des prêtres (et des évêques muets) est grande dans cette décadence.

  • Il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus. Etre Chrétien aujourd'hui, c'est avoir le courage d'aller à contre-courant de la "pensée unique" et du relativisme imposé par la société qui nous entoure et qui semble dire : "La foi est une affaire privée. Ne nous embêtez pas avec cela." Enseignons à nos enfants que les Chrétiens sont des gens "spéciaux" aux yeux de Dieu car ils mettent Sa parole en pratique, contrairement aux autres. Nous ne devons jamais avoir honte de nous déclarer Chrétien, même au milieu des sarcasmes de la majorité des païens qui nous entourent.

Les commentaires sont fermés.