Parmi les mystères relatifs au pape François, il y a celui de l’idée qu’il se fait de l’économie mondiale. En ces matières, comme dans d’autres, la pensée du pontife est fluide, difficile à saisir. Lu à ce propos sur le site « chiesa » de Sandro Magister (extraits) :
« Après avoir lu l'exhortation apostolique "Evangelii gaudium", le document qui constitue le programme de son pontificat, certains l’ont classé parmi les marxistes impénitents. D’autres ont tiré de ce même document une conclusion opposée et ils dépeignent Jorge Mario Bergoglio comme un grand ami de l’économie de marché.
Vis-à-vis de la première de ces deux définitions, celle qui fait de lui un communiste, le pape a pris ses distances à de nombreuses reprises, au point d’en faire un sujet de plaisanterie. Vis-à-vis de la seconde, qui le présente comme un ami du capitalisme, il ne l’a pas fait. Mais il n’est pas du tout certain qu’elle corresponde à sa pensée.[…]
Le 4 décembre dernier, l'Acton Institute a décerné la plus haute de ses récompenses annuelles, le Novak Award 2014, à un jeune et brillant économiste finlandais, Oskari Juurikkala, qui a consacré son discours de réception précisément au thème : "Une reconnaissance de l’économie de marché par le pape François".
Le prix lui a été remis à Rome, à quelques pas du Vatican, dans les locaux de l’Université Pontificale de la Sainte-Croix, qui est gérée par l'Opus Dei […]
Lors de cette cérémonie, le discours de Juurikkala a été contrebalancé par Carlo Lottieri, philosophe du droit et membre de l'Institut Bruno Leoni, un "think tank" qui est lui aussi très nettement de tendances libérales.
Lottieri, qui enseigne à l'université de Sienne et, en Suisse, à la faculté de théologie de Lugano, continue à voir en François non pas un ami mais un adversaire des libertés économiques, en raison notamment de l'expérience "péroniste" qu’il a assimilée en Argentine, une expérience "jamais vraiment terminée et dans l’ensemble désastreuse".