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Catholicité, synodalité et… crustacé

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Une chronique d'Eric De Beukelaer dans "La Libre" de ce jour:

Jadis au synode, les évêques osaient de timides nuances. Aujourd’hui, ils expriment ouvertement des désaccords. Cette nouvelle culture du débat, nuit-elle à "la catholicité" de l’Eglise - c’est-à-dire à son universalité ? Nullement. L’Eglise renoue ce faisant, avec la séculaire tradition de la disputatio - la controverse théologique - qui fleurit en son sein jusqu’à la Révolution française. La catholicité n’est pas monolithique. Il s’agit de l’universalité d’une famille, où coexistent des approches divergentes autour d’un unique credo. D’où la synodalité. Ce 17 octobre dernier, le pape François enseigna qu’ "une Eglise synodale est une Eglise de l’écoute. Peuple fidèle, collège épiscopal, évêque de Rome : l’un à l’écoute des autres et tous à l’écoute de l’Esprit Saint" .

Cela insécurise ? J’aime rappeler que le défi spirituel du baptisé est de devenir un vertébré plutôt qu’un crustacé. Si le homard est doté d’une carapace, c’est parce qu’il est mou à l’intérieur. De même, le chrétien-crustacé se protège du réel, en se forgeant une cuirasse de principes amidonnés. A ses yeux, toute évolution est signe de dégradation et de relativisme. Le chrétien-vertébré - lui - est souple et doux, car il construit sa foi autour d’une colonne vertébrale. Animé de fortes convictions, il les applique avec résilience, en rebondissant sur les imprévus de la vie. En termes philosophiques, le vertébré chrétien concilie la sophia - mot grec qui désigne la sagesse de contemplation - et la phronesis - ou sagesse d’action. La sophia l’invite à vivre selon la radicalité de l’Evangile. La phronesis mobilise son sens pratique, sans jamais renier l’idéal. Face à la complexité du réel, l’ingénieur, le juge, le médecin, le politicien, le parent, l’éducateur social, l’enseignant, etc. ne prend jamais de décision parfaite. Il recherche la moins mauvaise solution, compte tenu des circonstances (exemple : le patron chrétien de PME doit chercher à laborieusement concilier les idéaux de la doctrine sociale de l’Eglise avec la rigueur d’un bilan comptable).

Au cours du synode, les évêques germanophones ont donné à l’Eglise une leçon de synodalité. Réunis en groupe de discussion linguistique, ils avaient de sérieuses divergences sur la question des divorcés-remariés, mais ont rejeté la tentation du crustacé. Plutôt que de chacun se réfugier dans sa coquille, ils se sont mis à l’école de l’authentique catholicité. Excellents théologiens, ils savaient que - au cours de l’histoire de l’Eglise - la rencontre entre sacrements et humanité fut tout sauf un fleuve tranquille. Ainsi - pour préserver la sainteté du baptême - les premiers chrétiens ne baptisaient-ils les moins assidus que sur leur lit de mort (à l’instar de ces Eglises africaines, qui ne marient aujourd’hui sacramentellement que des couples âgés). Quand le baptême des enfants s’est généralisé, est apparue au Haut Moyen-Age, la forme individuelle (c.-à-d. non publique) du sacrement de la pénitence, permettant aux pécheurs, l’accès à l’Eucharistie. Si la confession accueillait le voleur, le violeur et l’assassin, elle ne pouvait cependant rien pour le divorcé-remarié. Durablement en situation irrégulière, ce dernier n’avait accès - ni à l’eucharistie ni même à l’absolution (ce que je "confesse" n’avoir jamais eu le cœur d’appliquer en confessionnal). A l’instar des orthodoxes qui pratiquent l’oikonomia - discipline jamais condamnée par Rome - les évêques germanophones ont donc suggéré au synode une voie de réconciliation pour certains divorcés-remariés, via un cheminement au for interne. Et cette piste fut accueillie en assemblée plénière. Chapeau bas. Ces prélats teutons se sont comportés en "vrais défenseurs de la doctrine qui défendent non les idées mais l’homme, non les formules mais la gratuité de l’amour" (pape François, clôture du Synode - 24 octobre).

Ref. Catholicité, synodalité et...crustacé

Mouais ! Sous leur carapace de crustacés, les évêques africains seraient donc des invertébrés, tandis que leurs confrères germaniques devraient leur souplesse légendaire à une puissante colonne vertébrale prévue de sorte qu’ils crussent assez. Pardon pour le vilain jeu de mot. Sur le fond de la question, je vous renvoie ici : concubinage et remariage

JPSC

Commentaires

  • Mouais! Merci de publier ma chronique. Quant au commentaire... cher Jean-Paul.: Je saurais gré à Belgicatho de ne pas me faire dire ce que je ne dis pas. Ai-je parlé des évêques d'Afrique? Ai-je même sous-entendu qu'ils étaient invertébrés? A vrai dire, je n'ai même pas pensé à eux. Sinon, je les aurais cités. J'ai souligné que les cardinaux Müller, préfet pour la congrégation de la doctrine de la foi, Schönborn, auteur du catéchisme de l'Eglise catholique et Kasper - qui étaient entré dans le synode avec des positions fort divergentes - avaient fait preuve d'écoute et de sens de l'Eglise. Bien fraternellement, EdB

  • Ce texte m'apprend beaucoup sur l'histoire de l' Eglise , avec un grand E, l'histoire des Sacrements , le prêtre dans son confessionnal . Il fallait aussi que quelqu'un défende les cardinaux germanophones , fort décriés et qui ont le droit d'être défendus comme tout le monde .
    Par contre, ce qui me gène , c'est qu'on n ' a pas la liste des modernistes qui se sont retrouvés EN SECRET , chaque année à Saint Gallen pendant une bonne dizaine d'années . .Entre vertébrés ??? Ca n'est pas joli joli : quand on a des arguments sincères , qui viennent du fond du coeur ( comme les évêques africains, qui , tout en étant de brillants théologiens, savent parles la langue du coeur ) , on n' a pas besoin de comploter ,pour faire bloc, pour impressionner . Il y avait quelqque chose de pourri dans ce synode qui s'était accumulé pendant es années .
    Je préfère alors la simplicité du Père Antoine Bodar ( NL ) qui dit qu'un prêtre peut montrer dans un confessionnal , toute la miéricorde qu'il désire, du moment qu ' en chaire il transmet ce que le Saint Père demande de transmettre .

  • Opposer "la cuirasse de principes amidonnés" aux "fortes convictions", c'est jouer sur des mots connotés négativement pour disqualifier les idées des uns au bénéfice des autres. Vieux procédé de propagande journalistique ordinaire. Passons.

    Par contre, je rejoins l'abbé de Beukelaer sur l'idée d'oikonomia (la bonne gestion pratique de la maison) et les pères du synode sur le recours au for interne.

    Par exemple, a-t-on assez creusé les implications de cette fameuse phrase de l'évangile selon laquelle l'adultère commence dans la pensée, dans l'intention? Ne pourrait-on dire, à l'inverse, que sortir de l'adultère peut aussi commencer dans l'intention, dans la pensée ? Dieu sonde les reins et les coeurs...

    Peut-on comprendre que vivre dans une situation objective d'adultère peut aussi être une source de souffrance profonde pour certains croyants, et dès lors aussi un chemin de purification? Je pense ici aux croyants sincères qui se sont trouvés projetés dans cette situation d'interdit de sacrement par faiblesse, par fatalité ou par mauvais choix.

    Au moment le plus solennel et le plus dramatique de sa vie terrestre, Jésus a dit que son sang est versé "pour la multitude" (pas seulement les chrétiens baptisés) "en rémission des péchés".
    Est-il dès lors concevable qu'un baptisé soit exclu à vie (!) du sacrement de la réconciliation? Ceci va à l'encontre - frontalement - de toute la Rédemption ! Imagine-ton le "fils prodigue" revenir du pays des pourceaux et se faire rejeter par son père parce qu'il sent encore mauvais ?
    Chaque situation est unique et seul un dialogue profond avec le confesseur dans le cadre mystique (eh oui) du sacrement de la confession peut permettre d'envisager la sortie - la volonté de sortie - du pays des péchés. Les grâces qui accompagnent ce sacrement font des merveilles !
    Le plus scandaleux, pour moi, n'est pas le refus de communion, mais le refus du pardon. Parce que le pécheur est dans une situation permanente de péché. A la Samaritaine qui avait eu 5 maris (magnifique exemple d'adultère !), Jésus dit les plus belles paroles : il lui avoue sa divinité et aussi cette phrase qui ouvre les portes béantes sur les merveilles divines : "Si tu savais le don de Dieu...".

  • Cher Eric , c'est bien ça le problème : " Vous n'avez pas pensé à eux " . comme à Saint Gallen, on n'a par pensé à les inviter les Africains . Alors que leurs problèmes avec la polygamie sont compararables à nos problèmes de divorce suivi d'un remariage . ( vécue comme une polygamie successive par les enfants et l'époux (se) répudié (e)..)
    Ceci dit , je suis touchée par des notions comme " le cas pour cas ".
    De même , il y a des tas de " péchés qui durent " dont on ne parle jamais : l'orgueil spirituel, , les péchés écologiques, le " malhonnête argent . etc .........
    Enfin, îl faut reconnaître que les évêques africains nous changent du ronron intellectuel habituel ....

  • PRM : " Chaque situation est unique et seul un dialogue profond avec le confesseur dans le cadre mystique ........."
    exprime bien ce que j'entends par le "cas pour cas ..... Merci

  • Cher Eric,

    Si je ne m’abuse, il est tout de même question, dans cet article sur le rapport entre sacramentalité et miséricorde, d’Eglises qui, pour préserver la sainteté d’un sacrement, ne l’administrent qu’ « in articulo mortis » ou à des couples âgés et les Eglises africaines sont nommément citées à cet égard : si ces citations ne visent pas une « pratique de crustacés » cela y ressemble fort, non ? Mais bon, j’ai sans doute l’esprit mal tourné.

    Ceci dit, à propos de l'Afrique, le problème est, plus que celui d’une polygamie « sérielle » de type européen, celui de la polygamie concomitante, admise dans le mariage coutumier. C’est un vrai problème parce que combattre le mariage coutumier traditionnel aboutit souvent à déstabiliser l’institution matrimoniale elle-même et à multiplier le concubinage instable : car, par ailleurs et à juste titre, l’accès au mariage chrétien reste quelque chose d’exigeant. Ce sont des souvenirs que j’ai gardés d'une vie antérieure.

    Parlant de l’Afrique lors du synode, le cardinal-archevêque de Durban, Mgr Napier, a dit que la polygamie ou plutôt les polygames devraient bénéficier de plus de tolérance de la part de l’Église, en donnant à ceux-ci la possibilité de s’intégrer à la communauté chrétienne au lieu de les exclure mais, a-t-il ajouté, « sans avoir accès aux sacrements » : à moins que la polygamie des uns n’ait pas la même valeur que celle des autres, je suppose que, d'un point de vue germanophile, la réserve du cardinal est crustacée…

    Amitiés

  • PRM

    Il me semble qu’un baptisé n’est jamais exclu du sacrement de pénitence…à condition de faire pénitence : ce qui suppose, en bonne logique, le renoncement au péché.
    Mais le problème posé ici au dépositaire du pouvoir de lier et de délier est autre, à mon sens : comme dans le domaine pénal pour les infractions, le péché ne serait pas imputable à son auteur lorsque certaines circonstances bien définies suppriment la responsabilité de celui-ci : la transgression de la loi (divine en l’occurrence) existe objectivement mais subjectivement il n’y a pas de coupable.
    Sinon, je ne vois pas comment on peut en sortir : faire pénitence pour un concubinage tout en continuant à l’entretenir est un contresens et la porte ouverte vers toutes les dérives.

    Par ailleurs, de l’histoire de la Samaritaine, je ne vois pas non plus ce qu’on peut déduire concernant la polygamie sérielle ou concomitante. Jésus n’approuve nullement le fait qu’elle ait eu cinq maris et que celui avec lequel elle vit ne soit pas le sien. Ces mariages n’en sont pas aux yeux du Christ. En fait Il l’appelle à plus de radicalité et à le suivre parce qu’il est le Messie. On est sur un autre registre.

  • Ce qui est gënant avec cette epithète de crustacé , c'est que les modernistes laissent sous entendre qu'eux seuls sont miséricordieux . Le Père Bodar dont je parle plus haut est considéré depuis toujours comme ultra tradi par les medias. Pourtant , depuis toujours il donne la communion aux homosexuels dont il connait personnellement la situation soit par confession , soit par guidance spirituelle. Il la refuse quand elle est demandée par provocation..

  • suite,
    Il y a , en effet, une mystique du confessionnal comme le suggère PRM .....

  • De tout ce débat, je pense que la solution sortira de la redécouverte profonde de la "res" (la réalité) à laquelle se réfèrent les sacrements : La communion spirituelle.

    De même, pour le sacrement de pénitence, quand on ne peut le recevoir à cause d'une situation familiale complexe et nouée, il faudrait se rappeler de la "res" de ce sacrement : la pénitence spirituelle. Tout cela est trop oublié or ce sont elles qui donnent valeur et qui justifient la réception des sacrements.

    Ainsi, comme le montre saint Jean-Paul II dans FAMILIARIS CONSORTIO, les divorcés remariés (qui n'ont pas volontairement détruit leur mariage précédant en le trahissant), s'ils n'ont pas accès aux sacrements, ont accès à la messe, à toute la vie de l'Eglise et à la communion spirituelle.
    Car Dieu vient par sa grâce dans tout coeur qui se montre vrai, humble et aimant.

  • Ce qui me trouble, c'est la notion de péché permanent, d'état de péché (le concubinage) qui exclut ipso facto le pécheur de l'absolution. De plus, j'ai l'impression que le péché par excellence, le péché irrémissible est toujours (comme dans les siècles terribles) celui de LA CHAIR ! Or, le seul péché irrémissible, selon les mots du Christ, est celui contre L'ESPRIT. Certes, le renoncement au péché fait partie des conditions de l'absolution, mais que dire de ceux qui persistent dans les conditions du péché et reçoivent quand même l'absolution ?
    Au risque de passer pour laxiste, je crois qu'il y a un chemin de conversion à l'intérieur même des situations de péché, sans quoi nous serons tous damnés. Il est inconcevable qu'un violeur, un assassin, un débauché, un sataniste puisse recevoir illico le pardon de ses péchés, mais pas un concubin. - Je ne parle pas ici de débauche ni de libertinage, mais de ces couples qui ont recréé une union "illicite" mais durable.

    Quant à la Samaritaine, je n'ai pas dit que Jésus approuve ses différentes unions, il constate simplement sa situation, sans l'enfoncer dans sa faute. Bien plus, MALGRÉ son état de péché permanent, il lui livre ce qu'il a caché à bien des justes : "Je le suis [le Messie], moi qui te parle". Plus étrange, et plus beau encore, Jésus s'avoue comme rassasié par sa conversation avec la pécheresse. Comme si le dialogue avec cette concubine invétérée l'avait nourrit : "Pour moi, j'ai de quoi manger, c'est une nourriture que vous ne connaissez pas" (Jn 4, 32).

    Le Christ se nourrit du salut des pécheurs. Ainsi, pour poursuivre la comparaison, il y a des sucres rapides (les justes en ordre) et des sucres lents (les pécheurs qui pédalent pour s'en sortir).

  • C'est vrai PRM et que dire de tous ces autres péchés quasi permanents : orgueil spirituel ( les autre formes d'orgueil tombent d'elles mêmes par les coups du sort mais l'orgueil spirituel est tenace ), egocentrisme, serments d'ivrogne, argent par exploitation d'autrui , negationnisme et négligence écologiques etc.......se confesser n'est pas facile enfin je parle pour moi .....je n'accuse personne , j'ai assez de travail avec moi même .....

  • comme péché permanent j' en oubliais un , parfois difficile à cerner : le péché contre l'espérance , si bien décrit par Bernanos dans " le journal d' un curé de campagne "...

  • Je suis moi-même tiraillé entre les exigences de la loi et celles de la miséricorde. Je balance vers la miséricorde, car "l'homme n'est pas fait pour le sabbat" (cette obligation du sabbat est pourtant l'un des dix commandements donné à Moïse).
    L'homme n'est pas fait pour la Loi, mais la Loi est faite pour l'homme, pour son salut. La rigueur de la Loi peut - doit - être suspendue quand le salut est en jeu. Les exemples abondent de guérisons le jour du sabbat. Jésus viole consciemment la Loi du Père au bénéfice des pécheurs, des possédés, des malades.

    Monsieur dort dans le même lit que madame et ils ne sont pas mariés à l'église. Est-il impossible de concevoir un chemin de salut ? Je connais des couples ainsi formés qui communient suite à une promesse faite à l'évêque de vivre "en frères et soeurs". Qui vérifie ce qui se passe sous les draps ? Ces gens sont peut-être plus saints que bien des justes apparents... Peut-être ont-ils des "faiblesses", de temps à autre, malgré la promesse... Dans ce cas, j'imaginent qu'ils se confessent et reçoivent l'absolution...

  • Cher JPSC, merci d'avoir pris mon "trouble" en considération.
    Je suis sensible à ce paradoxe apparent : plus le pécheur s'approche de la Lumière (ou plus la Lumière s'approche de lui), plus sa faute lui devient évidente. Et en conséquence, avec l'aide de la grâce, il peut adapter sa conduite à cette prise de conscience. Il y a là, sans doute, un chemin de perfectionnement, une voie de salut par la pénitence volontairement acceptée. Mais ceci réclame une grande force intérieure, peut-être même une forme d'héroïsme... Y aurait-il une "héroïcité des vertus" qui se déploierait dans ce domaine ?...

    Au demeurant, il restera difficile pour ces "empêchés" du repas eucharistique de ne pas se sentir encore moindre que les petits chiens de l'évangile, qui, eux, peuvent manger les miettes qui tombent sous la table des maîtres... Les "empêchés", quant à eux, devront toujours regarder la table de loin...
    Que penser de cette quarantaine ? Ces empêchés, feront-ils partie finalement de l'arrivage d'estropiés, aveugles et boiteux au grand dîner de Dieu (Lc 14, 15-24) ou bien seront-ils de ceux qu'il fera-t-il entrer de force ?
    Je termine sur cette parole de Jérémie qui m'a toujours touché : "Si nos fautes parlent contre nous, agis, Seigneur, à cause de ton nom" (Jr 14, 7).

  • Cher Jean-Paul,
    Quand je lis le commentaire: "Si je ne m’abuse, il est tout de même question, dans cet article sur le rapport entre sacramentalité et miséricorde, d’Eglises qui, pour préserver la sainteté d’un sacrement, ne l’administrent qu’ « in articulo mortis » ou à des couples âgés et les Eglises africaines sont nommément citées à cet égard : si ces citations ne visent pas une « pratique de crustacés » cela y ressemble fort, non ? Mais bon, j’ai sans doute l’esprit mal tourné."
    Je réponds: Ce n'est pas un esprit mal tourné, mais une mentalité de controverse. Le sens de l'article est clair: J'ai cité la pratique des Eglises africaines, non pour la condamner, ou l'accuser d'être une pratique "crustacée". Je l'ai fait pour montrer que l'administration des sacrements au cours de l'histoire n'est pas un long fleuve tranquille, ni aux origines de l'Eglise, pas plus que maintenant.
    Fraternellement,
    EdB.

  • ... pour faire "simple", si je peux, je dirais que c'est pour nous que le synode sur la famille a été organisé. Nous les baptisés de notre Eglise catholique, adultes responsables, qui sommes sensés connaître le catéchisme ...
    Sinon, , il y a une lacune de la part de nos missionnaires sur qui le Christ comptait pour faire passer la Bonne Nouvelle avec une discipline voulue et démontrée par Lui jusqu'à en mourir, immolé sur une Croix...
    Donc, si des baptisés ont enfreint les règles et devoirs répertoriés dans notre catéchisme, c'est en conscience des suites possibles ... à savoir être empêchés de participer à la Communion Eucharistique. Oui, ils savaient ...
    Sinon, si c'est par ignorance des règles, alors ce sont les chargés de la mission qui ont fauté ...
    Le St Père a, selon moi, raison ... nous avons besoin au moins d'une "année sainte de la miséricorde," car nous avons gravement péché ...

  • "mentalité de controverse" ou plutôt le fait d'un esprit rigoureux faisant preuve d'un vif sens critique et excellant dans l'art de la "disputatio" ?

  • Je suis tout petit dans la foi, revenu assez récemment vers l'Eglise. Alors j'avoue être peut-être un petit crustacé qui a besoin d'un repère de doctrine pour ne pas retomber. La Parole est comme une bouée de sauvetage. Il y a beaucoup de petits, je pense, et le Seigneur nous prévient de ne pas les faire tomber. Ceux qui sont sûrs dans leur foi, les vertébrés, n'oubliez pas les petits qui ont besoin d'un peu de doctrine pour les guider, les fortifier. La miséricorde, c'est le coeur même du mystère, et elle est pour tous bien entendu, mais attention de ne pas tomber dans l'orgueil de la miséricorde, d'une miséricorde qui s'affiche, une miséricorde autosatisfaite, qui ne se préoccupe que d'elle-même, au mépris des petits et des divisions.
    (Je me retrouve assez bien dans ce qu'écrivent PRM et Thérèse)

  • Peut on dire que certains prêtres sont perfectionnistes et d'autres moins ? ( ET ça n' aurait rien à voir avec le fait d'être moderne ou tradi . )Je pense parfois à ce prêtre ( le P. Carré raconte le fait, était ce lui ? , je cite de mémoire), ce prêtre donc qui confessait souvent la même prostituée et qui un jour lui dit qu' il était las de lui donner l'absolution alors que dans les dix minutes qui suivaient elle recommencerait à " produire du péché ". A quoi la pauvre dame répondit : " Mais donnez moi quand même ces cinq minutes de pureté " et il les lui donna..
    Quelle belle histoire ....
    ( J'emploie l' expression : " produire du péché " n' arrivant pas à exprimer autrement " les péchés qui durent ".)
    Personnellement je cherche ( et quand je l'ai trouvé, je le garde ) un confesseur qui me rend l'espérance . Même un très bon confesseur ne réussit pas toujours mais alors, on reçoit autre chose . La confession reste un mystère ....

  • Le " modernisme chrétien " peut être très moralisateur et culpabilisant pour ceux qui qui sont plutôt tradi . EX : " mourir dans la dignité " .La dignité n'étant pas une vertu chrétienne, je m'en fous un peu . Mais ça me met quand même mal à l'aise ( par respect pour l'entourage ) . Le Surmoi, probablement..
    De même, personnellement , celà m'indiffère de ressembler à un crustacé plutôt qu' à un vertébré . Quand Jesus nous demande d'être parfaits comme notre Père Céleste est parfait, je ne pense pas spécialement à Darwin.

  • Très émouvante anecdote que celle de cette prostituée pénitente, et cette réplique digne d'un extrait d"évangile : "Donnez-moi quand même ces cinq minutes de pureté".
    Aspirer de tout son coeur à la pureté, c'est déjà être tourné vers la Lumière, la Lumière qui sauve. "Dans sa lumière, nous voyons la lumière", dit un Père de l'Eglise. Ces "cinq minutes de pureté" sont comme le sel qui peut purifier toute la vie...

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