Sur le site de l'Echo.be, Thomas Peeters (dont on perçoit sans peine les partis pris) interviewe l'archevêque de Malines-Bruxelles, Jozef De Kesel. Chacun appréciera les réponses parfois louvoyantes du prélat et ses "confidences" plus ou moins opportunes...
"Une société sans religion pousse à la radicalisation"
Ouvert à l’ordination d’hommes mariés, l’archevêque Jozef De Kesel, qui succède à André Léonard, compte apporter sa pierre pour consolider une Eglise catholique en phase avec la société.
En 2010, d’après plusieurs observateurs, Jozef De Kesel était le candidat le mieux placé pour succéder au cardinal Danneels. Mais le pape Benoît lui a préféré André Léonard, plus conservateur et plus proche de ses convictions théologiques. Même si De Kesel nie l’existence de problèmes entre lui-même et Léonard, les deux personnalités et les deux idéologies semblent très éloignées les unes des autres. De Kesel est connu comme un intellectuel mesuré, qui milite pour une Eglise plus moderne que celle de Léonard, profondément conservateur et provocateur.
L’archevêque est ouvert au sacerdoce marié. En d’autres termes: il est en faveur de l’ordination d’hommes mariés. C’est un ancien principe dans l’Église, d’être ordonné prêtre dans l’état dans lequel on se trouve. Ceux qui sont célibataires le restent, et ceux qui sont mariés et souhaitent devenir prêtres ne doivent pas se séparer de leur épouse. C’est cependant un point de vue relativement progressiste pour un dirigeant de l’Église catholique occidentale – dans l’Église orthodoxe et l’Église catholique de liturgie orientale, c’est autorisé.
Vu que le palais épiscopal à Malines se trouve sous des échafaudages, Jozef De Kesel (69 ans) nous reçoit dans son bureau improvisé, dans une aile du bâtiment historique. Originaire d’Adegem, le leader de l’Église belge sourit gentiment, lorsque nous lui faisons remarquer que nous aurions déjà pu nous retrouver ici, il y a six ans.
D’après les rumeurs, le choix porté, il y a six ans, sur André Léonard vous aurait beaucoup déçu.
C’est faux. Je n’étais pas du tout déçu.
Vous ne pouvez pas mentir, monseigneur.
(Il rit.) Non, c’est vrai. À l’époque, j’étais apparemment sur la liste du nonce, mais je ne tenais pas absolument à devenir archevêque. Cette fois-ci encore moins. Ca ne m’aurait pas posé le moindre problème qu’on choisisse quelqu’un d’autre. On dit souvent des personnes qui occupent des postes de direction: "Enfin, il est arrivé là où il voulait." Je vois les choses autrement. En fait, un moment donné, vous êtes assis sur une chaise et vous devez inévitablement changer de siège. Vous savez, je suis un homme heureux. Même si c’est un mot que j’utilise peu. Le bonheur est un sentiment trop fort. Vous ne pouvez pas être heureux du matin au soir.
Il paraît que vous ne vous entendiez pas très bien avec votre prédécesseur. Pourquoi ne voulez-vous plus collaborer avec la fraternité sacerdotale conservatrice que Léonard a installée sous les ailes de l’archevêché? Pour rompre avec le passé?
Cela n’a absolument rien à voir avec une opposition entre progressistes et conservateurs. Il ne s’agit pas non plus d’un quelconque règlement de comptes avec mon prédécesseur. André Léonard et moi-même sommes différents. Cela existe aussi au sein de l’Église, cela s’appelle la diversité. Je souhaite mettre fin à la collaboration avec la Fraternité des Saint Apôtres par solidarité avec les évêques français. La majorité des séminaristes sont originaires de France, où de nombreuses régions souffrent d’un manque cruel de prêtres. Dans ces circonstances, il ne me semble pas confraternel, vis-à-vis des évêques français, que leurs séminaristes deviennent prêtres de l’archidiocèse Malines-Bruxelles.