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Livres - Publications - Page 9

  • Euthanasie : comment le "modèle belge" est devenu en vingt ans un système de mort programmée

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    De Pierre Jova  sur Aleteia.org :

    Euthanasie : la loi belge ignore que l’homme est « un tissu de relations »

     

    28/10/23

    Dans "Peut-on programmer la mort ?" (Seuil), le journaliste Pierre Jova publie les résultats de son enquête sur la pratique de l'euthanasie en Belgique. Alors qu'un projet de loi sera présenté en décembre 2023 en France, l'auteur révèle l’envers du "modèle belge", devenu en vingt ans un système de mort programmée.

    « La mort n’est pas qu’une affaire individuelle, mais bien collective », telle est bien la conviction de Pierre Jova qui a vérifié combien le recours à l’euthanasie laisse des traces indélébiles dans les familles. Il montre aussi que l’expérience de la légalisation est une course sans fin : après les malades incurables, les mineurs, les déments, les cas sociaux… « Une société a besoin de multiplier et étendre l’euthanasie pour se persuader qu’elle est normale » observe-t-il, comme dans d’autres pays comme la Suisse ou le Canada. Au nom d’une liberté absolue et de la toute puissance de la technique, mais aussi de la logique marchande, c’est un monde insatiable et sans limite qui se prépare. Et pourtant, soutient Pierre Jova, on ne peut « étouffer éternellement la casse humaine créée par l’euthanasie ».

    Lire l'interview sur Aleteia.org

  • Le pape François sur les femmes diacres : "Les ordres sacrés sont réservés aux hommes".

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    D'Hannah Brockhaus sur CNA :

    Le pape François sur les femmes diacres : "Les ordres sacrés sont réservés aux hommes".

    25 oct. 2023

    Le pape François a réaffirmé l'impossibilité pour les femmes de devenir prêtres, ou même diacres de l'Église moderne, dans une interview pour un livre publié mardi en Italie.

    La question de savoir si certaines femmes de l'Église primitive étaient des "diaconesses" ou un autre type de collaboratrices des évêques n'est pas "hors de propos, parce que les ordres sacrés sont réservés aux hommes", a déclaré le pape.

    Les réponses du pape aux questions sur le rôle des femmes dans l'Église ont été incluses dans un livre publié en juin en espagnol sous le titre "El Pastor : Desafíos, razones y reflexiones sobre su pontificado".

    Le livre, dont le titre signifie en anglais "The Shepherd : Luttes, raisons et réflexions sur sa papauté", a été publié en italien le 24 octobre. L'édition italienne est intitulée "Non Sei Solo : Sfide, Risposte, Speranze" ou "Vous n'êtes pas seul : Défis, réponses, espoirs".

    En ce qui concerne la possibilité de nommer des femmes diacres, François a rappelé que le diaconat "est le premier degré des ordres sacrés dans l'Église catholique, suivi du sacerdoce et enfin de l'épiscopat".

    Il a déclaré avoir formé des commissions en 2016 et 2020 pour étudier la question plus en profondeur, après qu'une étude réalisée dans les années 1980 par la Commission théologique internationale ait établi que le rôle des diaconesses dans l'Église primitive "était comparable aux bénédictions des abbesses".

    En réponse à une question sur les raisons de son opposition au sacerdoce féminin, François a déclaré au journaliste argentin Sergio Rubin et à la journaliste italienne Francesca Ambrogetti, auteurs du livre, qu'il s'agissait d'un "problème théologique".

    "Je pense que nous porterions atteinte à l'essence de l'Église si nous ne considérions que le ministère sacerdotal, c'est-à-dire la voie ministérielle", a-t-il déclaré, soulignant que les femmes sont le reflet de l'épouse de Jésus, l'Église.

    "Le fait que la femme n'accède pas à la vie ministérielle n'est pas une privation, car sa place est bien plus importante. "Je pense que nous nous trompons dans notre catéchèse en expliquant ces choses, et finalement nous nous rabattons sur un critère administratif qui ne fonctionne pas à long terme".

    D'autre part, en ce qui concerne le charisme des femmes, je veux dire très clairement que, d'après mon expérience personnelle, elles ont une grande intuition ecclésiale", a-t-il déclaré.

    Interrogé sur le fait que l'ordination des femmes rapproche "davantage de personnes de l'Église" et que le célibat facultatif des prêtres permet de faire face à la pénurie de prêtres, le pape François a déclaré qu'il ne partageait pas ces points de vue.

    "Les luthériens ordonnent des femmes, mais peu de gens vont à l'église", a-t-il déclaré. "Leurs prêtres peuvent se marier, mais malgré cela, ils ne parviennent pas à augmenter le nombre de ministres. Le problème est culturel. Nous ne devrions pas être naïfs et penser que des changements programmatiques nous apporteront la solution.

    "Les simples réformes ecclésiastiques ne permettent pas de résoudre les problèmes sous-jacents. Ce sont plutôt des changements paradigmatiques qui sont nécessaires", a-t-il ajouté, renvoyant à sa lettre de 2019 aux catholiques allemands pour de plus amples considérations sur la question.

    Hannah Brockhaus est la correspondante principale de la Catholic News Agency à Rome. Elle a grandi à Omaha, dans le Nebraska, et est titulaire d'un diplôme d'anglais de la Truman State University, dans le Missouri.

  • Ce livre vaut plus à lui seul que le Synode. Il est d’un évêque, et traite de la chasteté.

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso. (traduction de Diakonos.be)

    Ce livre vaut plus à lui seul que le synode. Il est d’un évêque, et traite de la chasteté

    Au Vatican, le Synode approche de sa phase finale, qui ne sera en fait pas vraiment finale puisqu’il sera reconvoqué dans un an et que ce n’est qu’ensuite que le Pape décidera tout seul quelles conclusions en tirer, sur base de débats dont on ne sait rien ou presque étant donné qu’ils se déroulent à huis clos.

    Mais dans le même temps, on assiste également à un « synode hors les murs », dont le livre ci-dessus est une voix, sur un thème, la chasteté, qui est presque devenu un tabou pour ceux qui appellent dans l’Église à un « changement de paradigme » dans la doctrine catholique sur la sexualité, avec comme chef de file le cardinal Jean-Claude Hollerich que François a parachuté à la manœuvre du synode.

    L’auteur de « Chastity. Reconciliation of the Senses », paru le 12 octobre aux éditions Bloomsbury et qui sortira bientôt en librairie notamment en espagnol chez Encuentro, sous le titre « Castitad. La reconciliación de los sentidos », c’est Erik Varden, 49 ans, Norvégien, moine cistercien de la stricte observance, trappiste, ancien abbé en Angleterre de l’abbaye de Mount Sain Bernard dans le Leicestershire, et depuis 2020 évêque de Trondheim.

    Mgr Varden, qui n’est pas au synode, figurait parmi les signataires, avec tous les évêques de Scandinavie dont le cardinal de Stockholm, Ander Arborelius, de cette « Lettre pastorale sur la sexualité humaine », diffusée au Carême dernier, et que Settimo Cielo avait à l’époque publiée dans son intégralité. Par son extraordinaire originalité de langage et de contenu, cette lettre parvenait à dire à l’homme moderne toute la richesse de la vision chrétienne de la sexualité avec une fidélité intacte au magistère millénaire de l’Église tout en s’opposant de façon limpide à l’idéologie du gender.

    Cette lettre pastorale et le livre de Varden partagent donc un style commun. Mais il y a quand même une différence importante. « Chastity » ne se mêle pas des disputes et des « dubia » sur la bénédiction des coupes homosexuels ni sur la communion des divorcés remariés. Sur ces questions, l’auteur prend d’emblée le parti de ne pas s’écarter d’un iota de ce qu’enseigne le Catéchisme de l’Église de l’Église catholique de 1992, auquel il renvoie comme à un « grand trésor ».

    Parce qu’en tant qu’évêque, Mgr Varden poursuit un but très différent avec ce livre. Il veut « construire des ponts », combler ce vide qui s’est creusé entre la pensée de la société actuelle sécularisée et l’immense richesse de la tradition chrétienne, aujourd’hui dissoute dans une amnésie généralisée.

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  • "Le totalitarisme revient sous une forme paradoxale"

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    Du blog "Pour une école libre..." :

    Le Totalitarisme sans le goulag, le nouveau livre de Mathieu Bock-Côté


    Les Occidentaux ont voulu se faire croire après la chute du communisme que l’histoire du totalitarisme était derrière eux, qu’elle ne les concernait plus. Au pire redoutaient-ils l’apparition d’un totalitarisme doux, à visage humain, mais ils ne le croyaient pas vraiment, ne le prenaient pas au sérieux. Et pourtant, le totalitarisme revient. Dans l’incrédulité générale, puisqu’il revient sans goulag, car il n’en a plus besoin. Et il revient sous une forme paradoxale.

    Nos sociétés veulent croire que ce qu’elles appellent « l’extrême-droite » les menace existentiellement, comme si elle sortait des enfers pour les y ramener avec elle.

    Cette catégorie politique fantomatique, indéfinissable, manipulée et instrumentalisée, sert essentiellement à étiqueter tous ceux qui s’opposent au régime diversitaire. Mais pas seulement : toute personnalité de gauche n’adhérant pas à la doxa ambiante est désormais frappée de cette marque de l’infamie.

    La lutte contre la prétendue « extrême-droite » justifie aujourd’hui une suspension progressive des libertés, le retour de mécanismes d’ostracisme et un contrôle social croissant, prétendant éradiquer le mal du cœur de l’homme. En d’autres mots, ce n’est pas « l’extrême-droite » qui nous menace, mais la lutte contre « l’extrême-droite » qui nous conduit au totalitarisme. Je sais cette thèse contre-intuitive. Je me donne la mission ici de la démontrer.

    Mathieu Bock-Côté
    Le retour de la question totalitaire
     
    Introduction :

    Je crains la réalisation généralisée de l’utopie.

    Eugène Ionesco


    Il y a quelques années à peine, ceux qui annonçaient un retour de la tentation totalitaire au cœur du monde occidental passaient pour d’inquiétants illuminés, ou pour des soldats perdus de la guerre froide, ignorant que le communisme s’était effondré, qu’il était mort et enterré, ou ne parvenant pas à en faire leur deuil, car ayant toujours besoin d’un grand Satan à combattre. Certes, l’islamisme était un totalitarisme, mais il venait de loin, et ne surgissait pas à la manière d’une pathologie propre à notre civilisation. Dans sa forme violente, il relevait moins du combat des idées que de la lutte antiterroriste. Dans sa forme pacifique, il exigeait un redressement existentiel des sociétés occidentales, invitées à renouer avec leurs idéaux, pour tenir tête à sa dynamique conquérante. Ils furent pourtant nombreux dès les années 1990 à s’inquiéter d’une forme nouvelle d’asservissement idéologique : ils ne furent pas vraiment pris au sérieux. Les conservateurs inquiets qui croyaient reconnaître la renaissance du totalitarisme dans ce qu’on a commencé à appeler le politiquement correct étaient accusés de s’épouvanter devant des faits divers marginaux, sans ancrage dans la réalité. Ils verseraient dans des « paniques morales », cherchant désespérément dans les aléas de la vie universitaire de quoi alimenter leur vision épouvantée de la modernité. Ceux qui insistèrent un peu trop s’attirèrent une réputation de radicaux, d’extrémistes nauséabonds et sulfureux : la mouvance national-conservatrice, grande maudite des années 1990, annonçait aussi l’avènement d’un nouveau totalitarisme, dont elle serait la première victime. Enfermée dans son ghetto, extrême-droitisée, prisonnière de l’étiquette diabolisante qu’on lui collait, elle ne parvenait qu’à convaincre les siens. Le totalitarisme, pathologie politique propre à la modernité, ne nous concernerait plus. De l’URSS, il ne resterait plus que de vieux restes, babioles et colifichets pour antiquaires. On aurait jugé biscornue l’idée voulant que les sociétés occidentales poursuivent à leur manière l’histoire du communisme par d’autres moyens.

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  • Laudate Deum : il est problématique que le pape commente la question climatique de cette manière

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    De Benjamin Leven sur le Tagespost :

    "Laudate Deum" : loin d'être une compétence de base

    Avec « Laudate Deum », le pape François s’aventure loin dans le domaine politique. Mais les questions en jeu ne peuvent pas recevoir de réponse en passant. Une contribution au débat

    19 octobre 2023

    La papauté est une force politique mondiale. Le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques avec 183 États. Un réseau de diocèses catholiques, tous redevables au Pape, s'étend sur toute la planète. Les innombrables communautés religieuses actives au niveau international relèvent également de lui. À cela s’ajoute le soft power avec lequel le pape, en tant que personnalité médiatique, est capable d’influencer bien au-delà des frontières de l’Église catholique. Il utilise désormais son capital symbolique pour intervenir dans un débat mondial en soulignant la grande plausibilité d'une hypothèse scientifique.

    Le problème est urgent et revêt une grande importance politique. Et pourtant, il est problématique que le Pape commente cela de cette manière. Car l’autorité de la papauté est essentiellement une autorité religieuse. Mais le changement climatique n’est pas une question religieuse. La tâche du magistère ecclésial est de proclamer la foi catholique et de prendre position sur les questions de foi et de morale. Mais le Magistère n’a pas besoin de clarifier la question de savoir si le changement climatique est dû à l’homme, tout comme il n’a pas besoin de clarifier la question de savoir si les planètes tournent autour du soleil ou si la création de l’univers peut être attribuée à un Big Bang. Le physicien et prêtre catholique Georges Lemaître, fondateur de la théorie du Big Bang, aurait été attristé par le pape Pie XII. dans un discours à l'Académie pontificale des sciences en 1951, il adopta la théorie et suggéra qu'il s'agissait d'une confirmation de la doctrine chrétienne de la création. Quelques années plus tard, en 1965, le Concile Vatican II soulignait la « légitime autonomie de la science » dans sa constitution pastorale « Gaudium et Spes ».

    Les autorités ecclésiastiques ont tout intérêt à s’exprimer sur les questions pour lesquelles elles sont responsables et compétentes selon l’image que les catholiques ont d’elles-mêmes. Cela ne veut pas dire qu’ils n’ont rien à dire sur la question climatique. Bien entendu, les membres de l’Église peuvent et doivent parler du fait que la nature est la création de Dieu et que les humains ont la responsabilité de la préserver. Ils peuvent également prendre position sur les questions morales et socio-éthiques urgentes liées au changement climatique, en s’appuyant sur l’enseignement de l’Église.

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  • Relire Henri Pirenne

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    Du site "Pour une école libre..." :

    Histoire — Relisons Pirenne !

    Un imposant volume de la collection « Quarto » réunit les écrits de l’historien médiéviste belge rendu célèbre par son livre « Mahomet et Charlemagne ».

    L’historien Henri Pirenne, dans son bureau, à Gand (Belgique), en 1930. La loi du 5 avril 1930 éliminera le français comme langue d’enseignement et imposera le néerlandais. Pirenne, ne parlant pas le néerlandais, dut céder son poste de professeur d’histoire à la fin de l’année universitaire. L’Université de Louvain en terre flamande sera la dernière université à être « flamandisée » en 1968

    Il fut un temps où son nom n’était plus cité qu’avec embarras. À l’époque où Samuel Huntington faisait frémir avec sa thèse sur le « choc des civilisations », il n’était pas bien vu de mentionner Henri Pirenne. Son crime ? Il avait osé affirmer, dans Mahomet et Charlemagne, publié en 1937, que les invasions arabes avaient marqué la fin de l’Europe antique, semblant donner du crédit par avance aux thèses du néoconservateur américain. 

    Avant Mahomet, écrivait Pirenne, l’orient et l’occident n’étaient pas franchement divisés. L’Empire romain, qui, de la Syrie à l’Espagne, de la Baltique au Sahara, formait une magnifique unité, n’avait pas été bouleversé fondamentalement par les « invasions » barbares, car les nouveaux conquérants germaniques avaient institué, sur les ruines de l’empire, des monarchies qui, comme celles de Clovis ou des Wisigoths et des Vandales, avaient manifesté une grande révérence à l’égard de la civilisation vaincue. Clovis se fait baptiser et pousse même le zèle jusqu’à demander à être reconnu comme consul et patrice romain par l’empereur romain d’Orient Anastase.

    Tout allait changer avec l’arrivée des défenseurs d’Allah au VIIe siècle. Eux n’ont aucun respect pour la romanité, car ils défendent une autre civilisation et un autre dieu. Pirenne résumait : « Tandis que les Germains n’ont rien à opposer au christianisme de l’empire, les Arabes sont exaltés par une foi nouvelle. »

    À Pirenne revient l’indéniable mérite d’avoir le premier exploré l’étendue de l’influence islamique dans les premiers siècles du Moyen Âge.

    Geneviève Warland et Philippe Sénac
    Provenant de la péninsule arabique, ils colonisent au nom d’Allah la rive sud de la Méditerranée, s’installant durablement en Palestine, en Égypte ou en Maurétanie césarienne et tingitane, puis ils franchissent le détroit de Gibraltar et remontent jusqu’au Nord, près de Poitiers, en passant par l’Espagne. 

    Loin d’être restée un lac intérieur (le fameux Mare nostrum des Romains), la Méditerranée allait dès lors devenir un obstacle, une « barrière ». Pirenne parle de « cataclysme cosmique ». Le royaume wisigoth s’effondre, le royaume franc résiste de justesse. D’où la phrase célèbre et contestable : « Sans Mahomet, Charlemagne est inconcevable. »

    Ce que les Anglo-saxons ont appelé, au regard de sa popularité, « the Pirenne’s thesis », n’est plus aujourd’hui reconnu par la très large majorité de la communauté historique. Elle avait déjà été nuancée dès la publication de ce livre. Un grand historien du Moyen Âge comme Marc Bloch, tout en saluant l’érudition et le style de l’auteur, ne se disait pas tout à fait convaincu par la thèse de Pirenne dans la mesure où, selon lui, Mahomet avait probablement « précipité » l’effondrement de la civilisation antique, mais il ne l’avait pas « créée », constatant avec d’autres que le commerce s’était déjà effondré à l’époque mérovingienne. D’autres historiens affirmeront ensuite que le commerce méditerranéen, qui était déjà en recul depuis la chute de Rome, ne s’effondra pas totalement avec l’arrivée des Arabes puisque certains ports de l’Italie du Sud continuèrent leurs relations avec l’orient. 

    Bref, les controverses érudites feront rage, mais l’idée essentielle demeure, et, comme l’écrivent Geneviève Warland et Philippe Sénac, qui codirigent la publication de l’œuvre de Pirenne dans cette édition « Quarto », « à Pirenne revient l’indéniable mérite d’avoir le premier exploré l’étendue de l’influence islamique dans les premiers siècles du Moyen Âge ».

    Insistant sur la force de sa reconstruction historique, sur son « don d’évocation hors pair », les auteurs de ce gros volume nous permettent de redécouvrir l’œuvre de Pirenne, ne se limite nullement à cette thèse sur Mahomet et Charlemagne, dont l’auteur avait eu l’intuition dès 1893 et qu’il avait commencé à défendre dans un article savant en 1922 avant d’en rédiger le texte fameux. Pirenne offre aussi à ses lecteurs une formidable histoire de l’Europe qui possède un souffle et un « art de voir », comme dira Marc Bloch, qui fait bien défaut à beaucoup d’historiens d’aujourd’hui. Pirenne [germanophone et familier de l’Allemagne] s’oppose notamment à la vision des historiens allemands et défend une ligne de démarcation entre une Europe de l’Ouest marquée par l’esprit de liberté dès le Moyen Âge, reposant sur un idéal national, et une Europe orientale, germanique, impériale, plus autoritaire et arriérée. Cette tonalité antiallemande paraîtra un peu démodée, mais elle n’est pas si erronée et elle a du souffle. Alors, ne serait-ce que pour le plaisir littéraire, il faut relire Pirenne.

    Source : Le Figaro

    Histoires de l’Europe 
    par Henri Pirenne,
    paru le 28 septembre 2023,
    chez Gallimard,
    à Paris,
    dans la collection Quarto,
    1504 pp,
    ISBN-10 : 2 072 828 341
    ISBN-13 : 978-2072828348

    Ce volume illustré contient :

    • Histoire de l’Europe 
    • Les Villes du Moyen Âge
    •  Mahomet et Charlemagne Recueils d’articles, discours, essais et journaux sur la méthodologie de l’histoire, autour des « Annales », sur la nation (belge), et sur la Grande Guerre 
    •  « Pirenne, Mahomet, Charlemagne », préface de Philippe Sénac 
    •  Vie & Œuvre.
  • Quand l'Eglise parlait aux simples...

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    De KTO ("Au risque de l'histoire") :

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    cliquer sur l'image pour accéder à la video

    L'époque médiévale souffre, depuis le XVIIIe siècle, d'une réputation d'âge sombre, inculte et ignorant où la superstition le dispute à la violence. On lui oppose volontiers l'âge de la Renaissance, prélude de l'époque moderne où les ténèbres moyenâgeuses auraient été progressivement dissipées par les lumières de la rationalité humaine, redécouvertes à travers un âge d'or antique. Bien des travaux ont pourtant battu en brèche ces lieux communs et montrés toute la richesse de ces mille ans d'histoire. Michel Zink fait partie de ces historiens passionnés par l'éblouissante effervescence artistique, politique et sociale de cette époque. « On parle souvent à tort de « La » Renaissance, alors même que ce que nous désignons par ce mot peut être daté du XIVe siècle en Italie et du XVIe siècle chez nous. La vérité, c'est que les sociétés médiévales ont vécu une succession de renaissances », lance-t-il avec entrain. Un entretien passionné qui permet de revenir sur une valeur chère à l'époque médiévale : la simplicité. « Lorsqu'on parle des simples gens, dans la littérature du Moyen-âge, l'expression est toujours positive, car elle recouvre un sens religieux : la simplicité est une vertu biblique qui s'oppose à la duplicité du coeur diabolique. » Une occasion de jeter un regard éclairé sur cette période fascinante de l'histoire européenne.

  • L'évangéliste saint Luc (18 octobre)

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    San_Luca_I.jpgD'"Evangile au Quotidien" :

    Saint Luc

    Évangéliste et martyr (Ier siècle)

    Luc, né à Antioche, est une des principales gloires de cette ville. On sait peu de chose de ses premières années ; on ignore même si, avant sa conversion, il était païen ou observait la religion juive ; cette dernière opinion est la plus généralement adoptée.

    Luc selon le témoignage de saint Paul, à la fin de sa Lettre aux Colossiens « Vous avez la salutation de Luc, le médecin bien-aimé, et de Démas. » (4, 14), était médecin. Personne n'a autant mérité que lui le titre de « porteur de la Bonne Nouvelle de Jésus Sauveur » !

    Son œuvre comporte deux parties reliées par Jérusalem : son Évangile en est comme l'ascension depuis Bethléem et Nazareth (l'évangile de l'Enfance), et le témoignage des Actes des Apôtres nous conduit de Jérusalem à Rome. Saint Luc nous a ainsi laissé, avec saint Paul, la plus importante contribution personnelle au Nouveau Testament : il est l'historien de l'Église naissante.

    Ami et compagnon de saint Paul, avec Timothée il sera l'un des amis les plus intimes de l'Apôtre des Nations, spécialement au cours des 2e et 3e missions, à travers l'Asie mineure, la Grèce, la Méditerranée et enfin Rome.

    Saint Luc, en communion étroite avec le témoignage des Apôtres et de l'Église de Jérusalem, se fera, selon l'expression de Dante, « le chantre de la mansuétude du Christ » ! Dans la personne et le visage de Jésus le Sauveur, Luc met d'abord en relief, avec une très vive sensibilité, l'amour qui est tendresse et miséricorde.

    C'est dans son évangile qu'on trouve les récits les plus forts : de l'Agonie de Jésus au Jardin des oliviers, de l'accueil sans limites à tous les pécheurs, à tous les malades d'où qu'ils viennent. On y trouve les paraboles du publicain et du bon Samaritain et le témoignage du bandit qui meurt dans la paix, en croix près de Jésus. Les femmes, dans l'œuvre de saint Luc, ont une place considérable qui correspond parfaitement aux attitudes du Seigneur : l'accueil de la pécheresse, l'hospitalité de Marthe et l'écoute de Marie à Béthanie, les veuves de Naïm et du Temple…et surtout la place faite à Marie, Mère de Jésus. Luc nous en a laissé la plus belle Icône en témoignant : « Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur. » (Luc 2,19)

    Qui n'a entendu parler des Vierges peintes par saint Luc ? D'après une tradition, il aurait obtenu de Marie la grâce de faire son portrait, et la divine Mère aurait consenti à poser devant lui ; le travail terminé, la Sainte Vierge l'aurait béni en disant : « Ma grâce sera toujours avec cette image. » Les Madones de saint Luc sont vénérées en plusieurs lieux.

    Les Actes s'achevant brutalement, sans que l'on sache ce qu'il advint de saint Paul toujours détenu à Rome, le lecteur en conclut que saint Luc mourut avant lui. Cependant, Selon Épiphane (Haer. 51), à la mort de Paul, Luc serait revenu évangéliser en Macédoine. Vivant une vie de moine, il serait mort à l'âge de 84 ans.

    Selon d'autres sources, il aurait connu le martyre (crucifiement). Au IVe siècle, sa dépouille aurait été transférée de Patras à l'église des Apôtres de Constantinople, ce qui donna lieu à la dispersion et la vénération de nombreuses reliques du saint (comme celle de sa tête emportée par saint Grégoire jusqu'à Rome) ; en outre, plusieurs icônes de la Vierge étaient considérées comme ayant été peintes par saint Luc, car à sa pratique des langues, du droit et de la médecine il aurait ajouté celle de la peinture.

    Les peintres et les médecins le regardent comme leur patron.

    Luc est symbolisé par le taureau, animal de sacrifice, parce que son évangile commence par l'évocation d'un prêtre sacrificateur desservant le Temple de Jérusalem : Zacharie, le père de Jean-Baptiste.

    Pour un approfondissement :
    >>> Livre des Actes des Apôtres
    >>> Évangile selon saint Luc

    Sources principales : lejourduseigneur.com ; wikipédia.org (« Rév. x gpm »).

  • "C'est la confiance" : la nouvelle exhortation apostolique du pape François à l'occasion du 150e anniversaire de la naissance de sainte Thérèse de Lisieux

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    EXHORTATION APOSTOLIQUE

    "C’EST LA CONFIANCE"

    DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS SUR LA CONFIANCE EN L’AMOUR MISÉRICORDIEUX DE DIEU

    À L’OCCASION DU 150e ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE SAINTE THÉRÈSE DE L’ENFANT JÉSUS ET DE LA SAINTE FACE

    source

    1 « C’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour ». [1]

    2. Ces paroles très fortes de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face disent tout. Elles résument le génie de sa spiritualité et suffiraient à justifier qu’on l’ait déclarée Docteur de l’Église. Seule la confiance, et “rien d’autre”, il n’y a pas d’autre chemin pour nous conduire à l’Amour qui donne tout. Par la confiance, la source de la grâce déborde dans nos vies, l’Évangile se fait chair en nous et nous transforme en canaux de miséricorde pour nos frères.

    3. C’est la confiance qui nous soutient chaque jour et qui nous fera tenir debout sous le regard du Seigneur lorsqu’il nous appellera à Lui : « Au soir de cette vie, je paraîtrai devant vous les mains vides, car je ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux. Je veux donc me revêtir de votre propre Justice et recevoir de votre Amour la possession éternelle de Vous-même ». [2]

    4. Thérèse est l’une des saintes les plus connues et les plus aimées dans le monde entier. Comme saint François d’Assise, elle est aimée même par les non-chrétiens et les non-croyants. Elle a également été reconnue par l’UNESCO comme l’une des figures les plus significatives de l’humanité contemporaine. [3] Il nous sera bon d’approfondir son message à l’occasion du 150 anniversaire de sa naissance, à Alençon le 2 janvier 1873, et du centenaire de sa béatification. [4] Mais je n’ai pas voulu rendre publique cette exhortation à l’une de ces dates, ni le jour de sa mémoire, pour que ce message aille au-delà de cette célébration et soit compris comme faisant partie du trésor spirituel de l’Église. La date de cette publication, mémoire de sainte Thérèse d’Avila, a pour but de présenter sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face comme un fruit mûr de la réforme du Carmel et de la spiritualité de la grande Sainte espagnole.

    5. Sa vie terrestre fut brève, vingt-quatre ans, simple comme n’importe quelle autre, d’abord dans sa famille, puis au Carmel de Lisieux. La lumière et l’amour extraordinaires qui rayonnaient de sa personne se sont manifestés immédiatement après sa mort par la publication de ses écrits et par les innombrables grâces obtenues par les fidèles qui l’ont invoquée.

    6. L’Église a vite reconnu la valeur extraordinaire de son témoignage et l’originalité de sa spiritualité évangélique. Thérèse rencontra Léon XIII lors d’un pèlerinage à Rome en 1887 et lui demanda la permission d’entrer au Carmel à l’âge de quinze ans. Peu après sa mort, saint Pie X se rendit compte de son immense stature spirituelle, au point d’affirmer qu’elle deviendrait la plus grande sainte des temps modernes. Déclarée vénérable en 1921 par Benoît XV, qui fit l’éloge de ses vertus en les centrant sur la “petite voie” de l’enfance spirituelle, [5] elle fut béatifiée il y a cent ans, puis canonisée le 17 mai 1925 par Pie XI qui remercia le Seigneur d’avoir permis que Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face soit la première bienheureuse qu’il ait élevée aux honneurs des autels, et la première sainte qu’il ait canonisée. [6] Le même Pape la déclara Patronne des Missions en 1927. [7] Elle fut proclamée l’une des saintes Patronnes de la France en 1944 par le vénérable Pie XII [8] qui approfondit à plusieurs reprises le thème de l’enfance spirituelle. [9] Saint Paul VI aimait rappeler son baptême reçu le 30 septembre 1897, jour de la mort de sainte Thérèse, et, à l’occasion du centenaire de sa naissance, il écrivit à l’évêque de Bayeux et Lisieux sur sa doctrine. [10] Lors de son premier voyage apostolique en France, saint Jean-Paul II se rendit à la basilique qui lui est dédiée, le 2 juin 1980 et, en 1997, il la déclara Docteur de l’Église [11] en tant qu’ « experte en scientia amoris ». [12] Benoît XVI reprit le thème de sa “science de l’amour” en la proposant comme « un guide pour tous, en particulier pour ceux qui, au sein du peuple de Dieu, exercent le ministère de théologiens ». [13] Enfin, j’ai eu la joie de canoniser ses parents, Louis et Zélie, en 2015 lors du Synode sur la famille et je lui ai récemment consacré une catéchèse du cycle sur le thème du zèle apostolique. [14]

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  • Pie XII et les Juifs : la conférence de Rome a marqué un tournant

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    De Michael Hesemann sur kath.net/news :

    Pie XII - Un changement de paradigme se profile à l'horizon.

    13 octobre 2023

    A Rome, des historiens et théologiens juifs et catholiques ont discuté des documents récemment découverts sur le pape de la Seconde Guerre mondiale et l'Holocauste.

    En mars 2020, le pape François a ouvert les archives du Vatican sur le pontificat de Pie XII (1939-1958) dans l'espoir de mettre fin à un débat qui dure depuis 60 ans : le pape de la Seconde Guerre mondiale a-t-il réellement gardé le silence sur le crime millénaire de l'Holocauste, comme l'affirmait en 1963 le dramaturge allemand Rolf Hochhuth dans sa pièce "Le Vicaire", et si oui, pour quelle raison ?

    Trois ans et demi plus tard, du 9 au 11 octobre 2023, l'Université pontificale grégorienne a invité des historiens et des théologiens juifs et catholiques à faire part de leurs dernières découvertes et à ouvrir en même temps un nouveau chapitre du dialogue entre juifs et catholiques. Le moment ne pouvait pas être plus symbolique : à l'occasion de la fête juive des Tabernacles, du 65e anniversaire de la mort de Pie XII et juste avant le 80e anniversaire du "sabbat du sang", le 16 octobre 1943, lorsque les SS devaient arrêter les juifs de Rome et les déporter à Auschwitz. C'est ce qui était prévu. Ce que les organisateurs ne pouvaient pas prévoir : La conférence internationale "Nouveaux documents du pontificat du pape Pie XII et leur importance pour les relations judéo-chrétiennes" se tenait au moment même où l'État d'Israël devait repousser l'attaque terroriste la plus brutale de son histoire et déplorer 1200 morts. Seul l'Holocauste en avait tué plus en un jour.

    Les événements tragiques en Israël ont plané comme une ombre sur le congrès de la Grégorienne. Ils ont empêché la délégation israélienne de Yad Vashem, invitée à y participer, de se rendre à Rome. Mais elles ont aussi relativisé la querelle entre les experts, car quel que soit le jugement porté sur le rôle du Vatican pendant la Shoah, on s'est accordé sur la solidarité avec Israël et on a d'autant plus reconnu que la réconciliation entre juifs et chrétiens était un impératif. Un respect mutuel bienfaisant a ainsi dominé l'ambiance de cette conférence, tandis que Rome, sous un beau soleil de fin d'été, apparaissait comme le centre lumineux d'un monde qui s'assombrit. Mais cela a peut-être aussi permis d'éviter le pire - car une sélection assez unilatérale des intervenants, en premier lieu par le musée américain de l'Holocauste à Washington, aurait très vite transformé la conférence en un tribunal avec le pape sur le banc des accusés - et Pie XII ne méritait vraiment pas cela.

    Mais c'est ainsi que l'organisateur du côté "grégorien", l'évêque Etienne Veto, et sa co-hôte américaine, Suzanne Brown-Fleming du United States Holocaust Memorial Museum, se sont présentés côte à côte, délibérément unis, comme un duo intéressant de contradictions et de points communs. On a atteint "un niveau de confiance mutuelle" et on ne jure que par le mot à la mode "diversité". Mais le pluralisme des opinions a souvent fait défaut, une grande partie des intervenants ont présenté une image plutôt unilatérale, tandis que l'on ignorait trop volontiers le travail d'autres experts. Au lieu de cela, on a allègrement relativisé et moralisé : "Nous ne voulons pas juger", a-t-on souvent entendu, "nous voulons plutôt apprendre comment faire mieux". Tous n'étaient d'accord que sur une chose : "Ce n'est que dans dix à quinze ans qu'on aura une image plus complète". Cela garantit au moins des fonds de recherche pour la prochaine décennie et demie, jusqu'à ce que, bien sûr, on ne soit toujours pas d'accord, tant que l'on ignore systématiquement les faits gênants.

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  • Un nouveau livre rend hommage au cardinal Pell en tant que champion de l'orthodoxie

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    Du Catholic World Report :

    Un nouveau livre rend hommage au cardinal Pell en tant que champion de l'orthodoxie

    Pell Contra Mundum, édité par le Père Robert A. Sirico, contient des discours prononcés par Pell dans les derniers mois de sa vie, ainsi que des essais sur sa vie et son héritage.

    10 octobre 2023

    Bien que le cardinal Pell n'ait eu que 81 ans, sa mort en janvier 2023 a été une surprise. Il est déjà très regretté. Cet ancien joueur de rugby australien, robuste (1,80 m), était un cardinal au franc-parler courageux, un confesseur et un défenseur de la tradition catholique.

    Pell Contra Mundum est un mémorial de son héritage en tant que champion de l'orthodoxie en ces temps de confusion morale et théologique.

    La publication comprend trois discours du cardinal Pell, prononcés au cours de ses six derniers mois, et quatre essais d'une sélection de ses collègues dans la foi : Oswald Cardinal Gracias, Danny Casey, le Révérend Robert Sirico et George Weigel. Ces réflexions mettent en lumière un cardinal-archevêque qui n'a pas eu peur de défier ceux qui tentaient de refaire l'Église à l'image de "l'esprit du temps". (Tous les textes sont en anglais, italien, espagnol et français).

    Le titre, Pell Contra Mundum ("contre le monde"), fait référence à saint Athanase (293-373 apr. J.-C.), le grand héros de l'orthodoxie chrétienne du quatrième siècle, qui a été exilé et emprisonné à de nombreuses reprises. Athanase a refusé de capituler devant la majorité des évêques, des dirigeants et des théologiens de son époque, qui avaient été dupés par l'hérésie arienne, qui rejetait la divinité du Christ.

    Pell a toujours été clair sur le fait que la question théologique de notre époque est également christologique : Jésus est Dieu et ses enseignements (sur le mariage, par exemple) sont vrais et inaltérables. Athanase et Pell ont confirmé de manière impopulaire l'enseignement catholique constant, ce qui est leur prérogative : Le Christ a établi son Église et l'a confiée à ses apôtres et à leurs successeurs (les évêques), dont la mission est de sauvegarder les enseignements du Christ sans déviation.

    Dans le premier essai, Oswald Cardinal Garcias résume brièvement la vie de George Cardinal Pell, lui attribuant le titre de "martyr blanc" pour son témoignage en tant que confesseur de la foi. Le cardinal Garcias rappelle les fausses accusations portées contre Pell et son emprisonnement injuste à l'isolement pendant 404 jours, au cours desquels Pell a rédigé son Journal de prison, que George Weigel qualifie de "classique spirituel" contemporain.

    Danny Casey travaillait avec le cardinal depuis 2003 à Sydney et a suivi Pell à Rome lorsque le pape François l'a nommé préfet du Secrétariat à l'économie du Vatican. M. Casey a aidé M. Pell à effectuer des réformes importantes à la Banque du Vatican et décrit les scandales financiers auxquels Mgr Pell a dû faire face (et qui persistent) au Vatican au cours des 14 dernières années.

    Sirico et Weigel complètent le récit et relient l'histoire du travail de Pell et ses centres d'intérêt.

    Le joyau de ce livre se trouve dans les propres mots de Pell. Dans un discours prononcé au Campion College, en Australie, il a encouragé les étudiants catholiques des arts libéraux à ignorer les railleries et les moqueries de la société "réveillée" et à ne pas avoir peur d'apprendre et de préserver la tradition occidentale : "inculquer l'amour et la fierté de notre tradition, tout comme nous aimons nos familles tout en reconnaissant leurs échecs". Dans un dernier discours, trois jours avant sa mort, il a honoré la mémoire des papes Jean-Paul II et Benoît XVI, en tant que "vrais chrétiens" qui "étaient optimistes", qui "comprenaient l'importance des sacrements [en particulier l'Eucharistie]" et qui "comprenaient le rôle du successeur de Pierre dans la vie de l'Église catholique".

    En ce qui concerne le projet de synodalité, qui a fait l'objet d'un essai publié post-mortem, Pell a jeté le gant aux pieds de ses frères évêques : "Les synodes doivent choisir s'ils sont les serviteurs et les défenseurs de la tradition apostolique sur la foi et la morale, ou si leur discernement les oblige à affirmer leur souveraineté sur l'enseignement catholique... Jusqu'à présent, la voie synodale a négligé, voire dévalorisé le Transcendant, couvert la centralité du Christ par des appels à l'Esprit Saint, et encouragé le ressentiment, en particulier parmi les participants".

    Mgr Pell s'est montré étonnamment optimiste, voire humoristique, dans sa défiance à l'égard de ceux qui veulent réinventer l'Église. Il a reconnu que de nombreux catholiques fidèles travaillaient pour le bien et les a encouragés à rester fidèles à la tradition. "Les guerres culturelles se poursuivent", a-t-il fait remarquer aux étudiants du Campion College, "et si nos pertes sont considérables, le terrain n'a pas été perdu. Les nombreuses victimes du chaos seront de plus en plus ouvertes à notre message et apprécieront votre aide."

    Pell est décédé, mais l'hommage qui lui est rendu est une proclamation stimulante : Qui va maintenant défendre les vérités de notre foi que Pell a défendues avec tant d'audace ? Que la vie de Pell soit une source d'inspiration pour tous les évêques et cardinaux qui travaillent dans la fidélité au Magistère. Que le martyr blanc, George Pell, vous donne du courage et de l'espoir !

    Pell Contra Mundum
    Édité par Robert A. Sirico
    Connor Court Publishing, septembre 2023
    Broché, 240 pages

  • Quand le pape François apparaît sans masque en imposant ses idées et sa vision de l'Eglise

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    D'Andrea Gagliarducci sur le Monday Vatican

    Le pape François et le changement de paradigme du pontificat

    9 octobre 2023

    Le début du Synode des évêques, la semaine dernière, a coïncidé avec un changement de paradigme définitif dans le pontificat du pape François. Après dix ans, ayant presque achevé la transition générationnelle au sein du Collège des cardinaux et de la Curie romaine, le pape François est apparu sans masque, projetant ses idées et sa mentalité. Il n'a plus besoin de faire des compromis ou de trouver un équilibre. Il dit et fait ce qu'il pense être juste sans se soucier des conséquences.

    Les signes de ce changement de paradigme étaient déjà devenus évidents avec les Traditiones Custodes, puis les réponses aux dubia sur Amoris Laetitia. Dans ce cas, le pape François n'a pas eu peur de rompre radicalement avec ce qui avait été fait précédemment et avec le passé, imposant presque sa vision de l'Église même à des réalités qui portaient peut-être beaucoup de fruits. Ensuite, il y a eu la décision de réformer l'Opus Dei, qui a effectivement aboli l'institution des prélatures personnelles telles que Jean-Paul II les avait envisagées et qui a radicalement changé la structure de l'Opus Dei. Et même avant cela, il convient de rappeler que le Praedicate Evangelium, la constitution réformant la Curie, avait été publié soudainement, sans avertissement, sans traductions, et avec une conférence de presse qui n'en a expliqué la portée que plus tard.

    La semaine dernière, cependant, le changement de paradigme est devenu complet, comme le démontrent trois développements qui semblent distincts mais qui sont au contraire intimement liés :

    • La réponse aux dubia de cinq cardinaux, représentant les cinq continents, sur certaines questions doctrinales récemment soulevées ;
    • La réponse au dubia soulevé par le cardinal Dominik Duka, archevêque émérite de Prague, sur l'application de l'exhortation Amoris Laetitia ;
    • La publication de l'exhortation Laudate Deum, qui est une mise à jour de Laudato Si.

    Les réponses aux dubia ont été rédigées par le cardinal Victor Manuel Fernandez, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, et soumises au pape. Le Laudate Deum est un texte entièrement rédigé par le pape François, à tel point que l'original est en espagnol et qu'il n'existe même pas, du moins pour l'instant, d'édition typique en latin.

    Ces trois développements montrent que le pape n'a plus peur de se montrer au grand jour et qu'il a l'intention de dire précisément ce qu'il pense. En fin de compte, la décision d'appeler son ami Fernandez à Rome est également née du besoin d'aide pour faire avancer son programme de renouveau de l'Église.

    Le pape François n'avait jamais voulu répondre aux questions qui lui étaient posées sur des sujets doctrinaux, évitant de susciter la polémique.

    Les dubia de quatre cardinaux présentés en 2016, qui se plaignaient d'une application générique, vague et non unitaire d'Amoris Laetitia, étaient restés sans réponse, suspendus alors que les interprétations de l'exhortation se multipliaient. Mais le pape lui-même a dit comment interpréter l'exhortation, répondant aux directives des prêtres de la région de Buenos Aires en disant que c'était "la seule interprétation possible" et en demandant d'insérer la lettre du pape et les directives qui lui ont été envoyées dans les Acta Apostolicae Sedis, les documents officiels du Saint-Siège.

    Le pape François n'évite plus astucieusement de répondre directement en envoyant des signaux. Contrairement aux textes (parfois très vagues, voire idéologiques) du nouveau préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, le pape François affirme une position claire, montre sa conception de l'évolution de la doctrine, écarte toute interprétation différente de la sienne et réaffirme effectivement l'indépendance des évêques dans la gestion de certaines situations.

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