De Louis-Marie Bonneau sur le site de l'ECLJ :
L’EPF de Neil Datta : le lobby de l’avortement au Parlement européen
Neil Datta a fondé le Forum parlementaire européen pour la Population et le Développement (EPF) en 2000 avec le soutien de la Fédération Internationale du Planning familial (IPPF). Il travaillait alors pour le réseau européen de cette organisation (IPPF European Network) pour coordonner leur programme de lobbying parlementaire. En 2004, Datta est devenu directeur de l’EPF. L’objectif affiché de ce lobby est de coordonner des parlementaires européens pour promouvoir ce qu’ils appellent « les droits sexuels et reproductifs ». Ainsi, plusieurs parlementaires nationaux et européens siègent au Comité exécutif de cette organisation. Seize parlementaires européens font aussi partie du groupe des « députés européens pour les droits sexuels et reproductifs » en son sein. Ces derniers sont les plus actifs dans le soutien aux textes favorables à l’avortement au Parlement européen.
Article paru dans Valeurs Actuelles le 27 avril 2024.
La stratégie inavouée du contrôle démographique dans les pays pauvres
Parmi ces seize députés, il est possible de citer Predrag Matić, Sophie in’t Veld, la française Irène Tolleret ou encore Robert Biedroń, le président de la Commission pour les droits des femmes au Parlement européen. Neil Datta les fédère et organise pour eux, et d’autres députés nationaux, des « voyages d’études » dans les pays en développement. Est-il étonnant que des membres d’un forum sur la population et le développement, soient connus comme faisant partie des députés les plus engagés dans la promotion de l’avortement ? À vrai dire, le fait que ce forum ait été créé par le Planning familial mondial (IPPF) n’est pas étranger à cet apparent paradoxe. En effet, pour ces groupes, l’avortement, la stérilisation et la contraception ont d’abord été promus comme une méthode de réduction démographique.
Ainsi, depuis sa création dans les années 1950, l’IPPF s’est particulièrement engagé sur ces questions considérant qu’une démographie importante, dans les pays en développement, était source de problèmes économiques et de santé publique. Il est ainsi notamment devenu membre permanent du Comité de coordination du Programme de reproduction humaine (HRP) de l’OMS en 1977. Ce Programme est à l’origine des principaux travaux scientifiques ayant permis de concevoir les contraceptifs et les abortifs les plus utilisés aujourd’hui. C’est donc sans surprise que Neil Datta a décidé de s’allier avec le HRP le 25 août 2023. Il n’est pas non plus surprenant de constater que les deux organisations sont financées de manière importante par le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), très engagé sur ces thématiques. Le FNUAP est ainsi un des premiers financeurs de l’EPF avec plus de 250 000 euros versés en 2021.
Pourtant aujourd’hui, dans les institutions, « avortement » et « contraception » ne sont pas synonymes de « démographie », mais plutôt de « santé des femmes » et de « droits sexuels et reproductifs ». Ce glissement de vocabulaire témoigne d’une stratégie marketing de dissimulation de l’objectif démographique, commencée en 1994 lors de la Conférence mondiale sur la population du Caire. Le discours y était devenu plus consensuel en raison du rapport de force engagé par le Saint-Siège face au Planning familial mondial. Dans cette même logique, en 2022, l’EPF pour la Population et le Développement a officiellement changé de nom pour adopter celui d’EPF pour les Droits Sexuels et Reproductifs.